Dimanche 29 septembre 2019
Gaïd Salah parle à la place du peuple algérien
Tout commence plutôt bien pour cette présidentielle ! Le vice-ministre de la Défense se permet tout désormais. Il ne prend même plus les précautions d’usage pour habiller ses discours.
Dans une conférence donnée à Alger, le sociologue Nacer Djabi a fait cette déclaration sur cette nouvelle génération d’Algériens qui manifeste mardi et vendredi avec constance dans la plupart des grandes villes du pays.
«Sans la démographie, nous ne pouvons pas comprendre la politique. Et si on procède à l’analyse démographique de l’Algérie, on comprendra que nous sommes face à une nouvelle société. Ces jeunes qui manifestent sont le produit de cette transformation que nous n’avons pas remarqué».
Il n’est un secret pour personne que cette analyse n’est pas celle de Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et détenteur du pouvoir de fait depuis avril dernier. Le vieux général a d’autres grilles de lecture. Le peuple c’est presque lui puisque si l’on comprend son dernier discours, il avance des certitudes à couper le souffle.
« Il nous appartient de rendre hommage à tous les citoyens, notamment les jeunes, qui ont pris conscience du défi que représente ce rendez-vous électoral et de son importance capitale pour l’Algérie et son peuple, en affluant massivement sur les bureaux d’inscription à travers les différentes communes de la République, pour s’inscrire sur les listes et se préparer à effectuer leur devoir national », a-t-il soutenu avec assurance. Qui peut présager de ce spectacle ? Comment le vieux général peut-il se permettre de tenir une telle déclaration devant un peuple averti ? L’invitation vaut un ordre pour ce militaire de carrière. Et quand un officier parle de politique et des élections il y a comme une mal donné. Mais sait-il seulement notre vénérable général qu’on n’est plus à l’ère de l’ENTV ? Ni d’El Moudjahid !! Il y a loin de la coupe aux lèvres entre la réalité et les discours du vieux général qui risque de se réveiller groggy le 13 décembre.
Sinon de qui tient notre puissant général une telle conviction ? Lui arrive-t-il seulement de regarder les marches de vendredis qui pourfendent son autoritarisme, sa volonté d’imposer une présidentielle et les arrestations arbitraires. Ces manifestations, réunissent à chaque fois au bas mot une dizaine de millions sur le territoire national. Que fait-il de ces Algériens qui affichent leur opposition à ses choix ? Va-t-il les ignorer ? Manifestement oui.
Comment organiser une campagne électorale alors que les ministres pourtant très entourés de services de sécurité, n’arrivent pas à faire des sorties publiques ? Quel est ce candidat à même d’organiser un meeting populaire ?
Pourtant, le vice-ministre de la Défense, pas avare de déclarations élogieuses du peuple, d’invocation de Dieu et de référence à la révolution, a promis d’aller dans le sens des demandes des Algériens qui manifestent.
Qu’observe-t-on ? Le contraire exact de ce que la rue demande depuis le début. Exemple : des arrestations massives, des violations des libertés, le retour de trois anciens premiers ministres de Bouteflika qui comptent se présenter à la présidentielle, le refus d’un autre agenda que le sien propre, un dialogue biaisé… L’inventaire est long pour croire malheureusement aux assurances de Gaïd Salah.
Mais qu’importe ! Il y a déjà près de 80 potentiels candidats à la présidentielle et Gaïd Salah assure les Algériens que l’armée ne soutient aucun candidat. Nous sommes priés de le croire…