Mardi 30 juillet 2019
Gaïd Salah répond sur les mesures d’apaisement du panel et des politiques
Dans son dernier discours, tenu au siège du MDN, ce mardi 30 juillet, Ahmed Gaïd Salah précise davantage sa pensée quant à l’issue de la crise majeure que traverse la société algérienne.
Encore une fois, il a déployé la feuille de route arrêtée par les décideurs depuis l’expression populaire pour un changement radical des règles de fonctionnement du système politique le 22 février dernier.
Pour lui, il ne s’agit ni plus ni moins que d’organiser, dans les plus brefs délais, des élections présidentielles dans le cadre de la présente constitution et avec les effectifs issus de l’ancien régime. C’est-à-dire ni plus ni moins que de continuer avec l’arsenal juridique et opérationnel de l’ancien régime.
Dans ce sens, Gaïd Salah continue de tracer sa voie, de dicter ses orientations et de fixer les lignes rouges au mouvement populaire et à ses revendications.
« Dans ce contexte précisément, nous valorisons, au sein de l’Armée Nationale Populaire, les étapes franchies sur la voie du dialogue national, notamment après l’audience accordée par Monsieur le Chef de l’Etat à un groupe de personnalités nationales, qui se chargera de la conduite de ce dialogue, s’engageant à mettre à disposition les moyens nécessaires pour l’accompagner dans cette noble démarche et réunir les conditions idoines pour la tenue des présidentielles dans les plus brefs délais. »
Pour lui, « il n’est plus question de perdre davantage de temps, car les élections constituent le point essentiel autour duquel doit s’axer le dialogue … loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu’aux diktats. De telles méthodes et thèses sont catégoriquement rejetées … ». Gaïd Salah rejette ici, d’emblée et d’avance, toutes les critiques et oppositions à ses préconisations de sortie de crise ! Se présentant en qualité de gardien et de protecteur de « l’avenir du peuple et du destin de la nation ».
Il tente, dans la foulée, de semer le doute et la confusion dans l’esprit de l’opinion publique nationale en confondant les positions de ceux qui s’élèvent contre la démarche du système telle que portée par lui et « certaines idées empoisonnées que véhicule la bande et qu’adoptent certains porte-voix qui orbitent autour d’elle, notamment l’appel à l’élargissement des détenus, qualifiés à tort comme des prisonniers d’opinion, l’atténuation des mesures sécuritaires entreprises au niveau des entrées de la capitale et des grandes villes et les tentatives de porter atteinte à la crédibilité et à la performance des institutions de l’Etat, à travers des rumeurs qui visent à tromper l’opinion publique et à compromettre les efforts des responsables intègres et dévoués ».
S’inscrivant en faux par rapport aux préalables à tout dialogue mis en avant par certains politiques et même par le panel des six reçus par le chef de l’Etat lors de sa réception à la présidence de la République. Gaïd continue, dans un langage énigmatique d’évoquer et de donner blanc-seing aux institutions de l’Etat et à l’appareil de la justice. Pour lui, c’est clair, les mesures sécuritaires prises au niveau des accès de la capitale et des grandes villes, l’encadrement des marches du hirak, etc., ne servent qu’à les « sécuriser » « pour l’intérêt du peuple » et concernant les marches « afin d’éviter qu’elles ne soient infiltrées ».
Par ailleurs, Gaïd Salah encense les « responsables intègres et dévoués » et les « responsables patriotiques » des « institutions de l’Etat » qui « ont pu réaliser durant cette courte période ce qui n’a pu être réalisé pendant des années ». Pour le chef d’état-major ces institutions « continueront à accomplir leurs missions, jusqu’à l’élection du nouveau président de la République, qui jouira de toutes les prérogatives pour entamer les réformes nécessaires ». Précisant ainsi son leitmotive : « l’attachement au cadre constitutionnel» contre ceux qui appellent à la mise en place d’une nouvelle Constitution qui constitue selon lui « une porte directe s’ouvrant sur l’anarchie et l’inconnu ».
Ainsi, Gaïd Salah continue de dicter ses conditions à la rue et continue de croire que, par la « responsabilité historique qui lui incombe dans cette conjoncture », il est tenu d’accompagner « le peuple et les institutions de l’Etat … pour la tenue des présidentielles… »
Ce discours appelle ainsi, par son contenu et les réponses données aux préalables posés par les prétendants au dialogue national et notamment par le « panel des six » à une réaction de ces derniers. Même si cela clarifie encore un peu plus les intentions réelles de Gaïd Salah !
Il pose, par ailleurs, la lancinante question du qui décide du chef de l’Etat ou du chef d’état-major ? Qui gouverne en Algérie dans cette phase critique de notre histoire ?
Comme toutes ses « sorties médiatiques et largement surmédiatisées », Gaïd Salah continue de mettre en œuvre le plan du système pour assurer une transition douce permettant de garder la main sur la chose politique. Et de continuer à manipuler, comme d’habitude, en feignant de répondre aux aspirations des Algériens. Mais, il semble que cette fois-ci le lien s’est vraiment rompu entre le peuple et le « pouvoir ». Le peuple et sa jeunesse demeurent vigilants …