La situation sanitaire est catastrophique à Gaza et particulièrement dans le nord de l’enclave palestinienne, alerte l’ONU. L’armée israélienne a confirmé avoir arrêté le directeur de l’hôpital Kamal Adwan, qu’elle suspecte d’être un militant du Hamas. Il serait retenu dans un centre de détention surnommé le « Guantanamo israélien ».
On est toujours sans nouvelles du docteur Hossam Abou Safiya, le directeur de l’hôpital Kamal Adwan dans le nord de la bande de Gaza, appréhendé vendredi dernier par l’armée israélienne lors d’un raid. Un porte-parole militaire s’est contenté de confirmer son arrestation. Selon des sources israéliennes, il se trouverait à Sdei Teiman, un centre de détention surnommé le « Guantanamo israélien » en raison des violations des droits de l’homme qui y seraient pratiquées, rapporte le correspondant de Rfi à Jérusalem, Michel Paul.
L’Organisation mondiale de la santé demande la libération immédiate du médecin et lance, avec d’autres agences des Nations unies, un nouveau cri d’alarme sur la situation sanitaire à Gaza à la suite des opérations de l’armée israélienne. Et en particulier dans le nord de l’enclave palestinienne.
Le système de santé de Gaza est « au bord de l’effondrement total » à cause des attaques israéliennes incessantes depuis le début de la guerre en octobre 2023, estime le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme dans un rapport publié ce mardi.
« La série d’attaques meurtrières menées par Israël contre les hôpitaux de Gaza et à proximité, ainsi que les combats qui y sont associés, ont poussé le système de santé au bord de l’effondrement total, avec un effet catastrophique sur l’accès des Palestiniens à la santé et aux soins médicaux », indique-t-il dans un communiqué accompagnant le rapport.
Ce document de 23 pages, intitulé « Attaques contre des hôpitaux lors de l’escalade des hostilités à Gaza », s’intéresse à la période du 7 octobre 2023 au 30 juin 2024. Au cours de cette période, il y a eu au moins 136 frappes contre 27 hôpitaux et 12 autres établissements médicaux, faisant d’importantes victimes parmi les médecins, infirmières et autres civils et causant des dommages importants, voire la destruction complète, des infrastructures civiles. Certaines de ces attaques sont des crimes de guerre selon le porte-parole de l’organisation.
Les hôpitaux sont devenus des pièges
Les hôpitaux de Gaza sont devenus des « pièges mortels », a pour sa part souligné le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk. « Comme si les bombardements incessants et la situation humanitaire désastreuse à Gaza ne suffisaient pas, le seul sanctuaire où les Palestiniens auraient dû se sentir en sécurité est en fait devenu un piège mortel », a-t-il déclaré. « La protection des hôpitaux en temps de guerre est primordiale et doit être respectée par toutes les parties, à tout moment », a-t-il ajouté.
En fait, il ne reste plus qu’un seul hôpital partiellement opérationnel dans cette région. Il s’agit de l’hôpital indonésien, rapporte notre correspondant à Jérusalem. Mais une équipe de l’OMS et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies qui s’est rendue sur place a constaté que l’établissement n’avait ni électricité, ni eau courante et que son système d’évacuation des eaux usées était endommagé. Après le raid de l’armée israélienne, les 15 patients et 70 soignants de l’hôpital Kamal Adwan se sont réfugiés dans l’hôpital indonésien.
Mais la situation y est tout autant alarmante : « Ce n’est plus qu’un bâtiment avec quelques soignants et très peu de fournitures », explique à RFI une porte-parole de l’Organisation mondiale de la Santé dont une équipe a pu s’y rendre dimanche. Les patients les plus critiques ont d’ailleurs été transférés vers un hôpital du centre de Gaza.
RFI