Lors de son intervention, mercredi dernier, au Forum de la radio nationale à Alger, El Hachemi Assad, secrétaire générale du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA) a est revenu sur le dossier de l’enseignement de tamazight, qui, a en croire l’APS qui lui prête ces termes, connaît «une évolution remarquable grâce aux efforts consentis par l’Etat ».
Le Haut-Commissariat à l’amazighité est au milieu du gué avec le gouvernement en place. Rien ne se déroule comme prévu avec le courant arabo-islamiste qui a pris le volant de l’Algérie.
Hachemi Assad a eu des propos convenus pour aborder l’épineuse question de la généralisation de son enseignement. « Nous allons vers la généralisation de l’enseignement de tamazight, mais pas dans la précipitation », soutiendra-t-il, non sans avertir sur les risques inhérents à la persistance du statut facultatif dévolu à l’enseignement de cette langue. «L’enseignement facultatif de tamazight est une entrave importante à sa généralisation», a prévenu H. Assad qui est revenu sur la revendication plusieurs fois faite par l’instance qu’il préside, et qui a trait à la révision et de l’actualisation de la loi d’orientation sur l’éducation nationale. Une qui stipule clairement que l’enseignement de tamazight est facultatif.
Décidément Hachemi Assad marche sur un terrain de mines. Dans une dépêche de l’APS datant du 22 février 2022, il est rapporté que « le premier responsable du HCA a préconisé la mise sur pied d’un groupe de travail, qui doit plancher sur certains des articles de la loi 08/04 du 23 janvier 2008 d’orientation sur l’éducation nationale, qui stipule que l’enseignement de tamazight est facultatif. Nous y voilà. Avance vers l’arrière !!!
C’est suivant le préambule et l’article 4 de la Constitution qui consacre tamazight en tant que langue nationale et officielle, et considérant l’existence de déséquilibres fondamentaux dans la même loi d’orientation scolaire, que le HCA a saisi les autorités et responsables ayant des prérogatives de saisir la Cour constitutionnelle, à savoir les présidents du Conseil de la Nation et de l’APN et le Premier ministre.
Le HCA a signalé l’inconstitutionnalité de certains articles de cette loi, en application du paragraphe 2 de l’article 192 de la Constitution » .
Visiblement, la réponse à la demande du Haut-Commissariat à l’amazighité ne semble pas être la priorité du ministère de l’éducation nationale à qui incombe la responsabilité de saisir le législateurs pour apporter les amendements à la loi d’orientation sur l’éducation nationale réclamés par le HCA qui, rappellera H. Assad, lors du Forum de la radio nationale de mercredi dernier, « a proposé un mémorandum aux pouvoirs publics, mais aussi à tous ses partenaires (…) Mais la prise en charge de ce dossier relève directement du ministère de l’éducation nationale ».
Au sujet de la formation des enseignants, il rappellera que quatre promotions de professeurs de langue tamazight sont sorties de l’Ecole normale supérieure de Bouzaréah depuis 2019. 123 enseignants sont en poste dans 39 wilayas et 181 autres sont actuellement en formation à l’ENS.
La nouveauté, se plaît-il à dire, est la numérisation du manuel scolaire en langue tamazight. L’élaboration de 4 applications numériques, pour l’apprentissage de tamazight est une proposition du HCA qui annonce l’édition huit nouveaux ouvrages en partenariat avec la maison d’édition El Amel.
Outre l’ouverture d’une section de formation des enseignants du cycle moyen, à l’ENS de Bouzareah, il est fait part de l’ouverture d’un nouveau département de traduction de et vers tamazight, à l’université de Bejaia et celle de Tizi-Ouzou.
En projet, l’ouverture d’un département de langue et culture amazigh à l’université Hassiba Ben Bouali de Chlef qui se fera en partenariat avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Ce qui portera à cinq le nombre de structures pédagogiques qui sont déjà opérationnelles à Tizi-Ouzou, Bouira, Batna, Bejaia et Tamanrasset.
Samia Nait Iqbal