Militant communiste libanais et combattant de la cause palestinienne, Georges Ibrahim Abdallah est incarcéré en France depuis 1984. Condamné en 1987 à la réclusion à perpétuité pour complicité dans l’exécution de deux agents des services secrets américain et israélien, il est pourtant libérable depuis 1999. Malgré de multiples demandes et décisions judiciaires en faveur de sa libération, il demeure derrière les barreaux, en grande partie à cause de pressions politiques, notamment des États-Unis et d’Israël.
Pour comprendre les enjeux de cette détention politique, les appels réitérés à sa libération et les mobilisations internationales en son nom, Le Matin d’Algérie a rencontré des membres de la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CUpLGIA), qui œuvrent inlassablement pour faire connaître ce combat.
Le Matin d’Algérie : Depuis quand existe la Campagne unitaire pour la libération de Georges Abdallah, et quels sont ses objectifs principaux ?
CUpLGIA : La Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CUpLGIA) existe depuis le début des années 2010. Elle rassemble des collectifs, syndicats, organisations politiques, associations, militant·es et individus engagés pour la libération de ce prisonnier politique. Son objectif est d’organiser la solidarité en France et à l’international, d’amplifier la pression politique et de rappeler que Georges Abdallah est un militant révolutionnaire emprisonné parce qu’il n’a jamais renié ses engagements, notamment envers la cause palestinienne et anticolonialiste.
Le Matin d’Algérie : Pourquoi Georges Abdallah reste-t-il emprisonné alors qu’il est libérable depuis plus de vingt ans ?
CUpLGIA : Cette incarcération relève d’un véritable acharnement politique. Georges Abdallah a été reconnu libérable depuis 1999, et une libération conditionnelle lui a même été accordée par la justice française en 2013, sous réserve d’un arrêté d’expulsion. Mais cet arrêté n’a jamais été signé par le ministre de l’Intérieur de l’époque. Les autorités françaises ont cédé aux pressions des États-Unis et d’Israël, qui ne veulent pas de sa libération. Il s’agit donc d’une détention politique, qui bafoue le droit et révèle l’indépendance toute relative de la justice dans ce dossier.

Le Matin d’Algérie : En quoi son engagement révolutionnaire et son refus de renier ses convictions dérangent-ils autant ?
CUpLGIA : Georges Abdallah n’a jamais exprimé de repentir ni renié ses engagements révolutionnaires. Cela fait de lui une figure de résistance qui dérange profondément l’ordre établi. Il incarne la solidarité internationaliste, la lutte contre l’impérialisme, contre le sionisme et pour la libération de la Palestine. Le système veut faire de lui un exemple dissuasif pour toute une génération militante. S’il était libéré, il redeviendrait un symbole vivant de ces luttes.
Le Matin d’Algérie : Que représente Georges Abdallah pour les luttes anticolonialistes et les causes palestinienne et libanaise ?
CUpLGIA : Il est une figure de la continuité de la lutte anticoloniale dans le monde arabe, mais aussi en lien avec les mouvements révolutionnaires internationaux. Pour les Palestinien·nes, il est un exemple de constance et de loyauté. Au Liban, une mobilisation existe également. À travers lui, c’est la cause de tous les prisonniers politiques qui est posée : ceux et celles emprisonné·es pour leur engagement politique ou syndical, souvent dans le silence des médias dominants.
Le Matin d’Algérie : Quelles sont les formes actuelles de mobilisation pour exiger sa libération ? Quelle place y tient la jeunesse militante ?
CUpLGIA : Chaque année, une manifestation a lieu à Lannemezan, devant la prison où il est détenu. Des rassemblements, conférences, projections et actions de rue sont aussi régulièrement organisés dans plusieurs villes de France et à l’international. La jeunesse militante est très présente, notamment dans les milieux antiracistes, féministes, écologistes ou anticapitalistes. Beaucoup découvrent Georges Abdallah comme une figure de résistance contemporaine, au croisement de plusieurs luttes.
Le Matin d’Algérie : Quel rôle jouent les médias et les institutions dans le silence ou la stigmatisation autour de cette affaire ? Et que peut faire l’opinion publique ?
CUpLGIA : Le silence médiatique est presque total, à part quelques rares exceptions. Les institutions politiques préfèrent ne pas évoquer cette affaire, ou bien la traiter sous l’angle sécuritaire. Ce blackout contribue à l’oubli. Pourtant, plus l’opinion publique est informée, plus la pression monte. C’est pour cela que le relais médiatique est crucial. Informer, expliquer, témoigner, c’est aussi lutter.
Le Matin d’Algérie : Quel message souhaitez-vous transmettre aux lecteurs algériens et à celles et ceux qui découvriraient Georges Abdallah aujourd’hui ?
CUpLGIA : Nous appelons les lectrices et lecteurs à découvrir qui est Georges Abdallah, à lire ses lettres, à regarder les documentaires sur lui, à relayer ses prises de position. Nous lançons un appel à la solidarité internationale : que partout, des voix s’élèvent pour exiger sa libération. L’Algérie, par son histoire, connaît la valeur de la résistance. Georges Abdallah appartient à cette mémoire-là. Sa liberté est notre responsabilité collective.
Entretien réalisé par Djamal Guettala
Infos Utiles Campagne Unitaire pour la Libération de Georges Abdallah
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