L’avion transportant le militant libanais pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah a atterri vendredi après-midi à l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth. Au-dessus de la foule qui l’attendait, un drone israélien ne perdait pas une miette de cet accueil populaire.
Ces derniers jours, Georges Ibrahim Abdallah avait vidé sa cellule, décorée d’un drapeau rouge de Che Guevara et débordant de piles de journaux et de livres. Une documentation qu’il a confiés à son petit comité de soutien. Il a aussi donné la majorité de ses vêtements à des codétenus, n’emportant qu' »une petite valise », a relaté son avocat à l’AFP.
Georges Ibrahim Abdallah est une des dernières icônes de la gauche des années 1970. Il a été condamné en France pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates américain et israélien dans les années 1980, le lieutenant-colonel américain Charles Ray, puis l’Israélien Yacov Barsimantov, considéré comme le responsable du Mossad en France, abattu par une femme devant son épouse et ses deux enfants, ajoute la même source.
Abdallah a passé près de 41 ans derrière les barreaux avant sa libération. À son arrivée, des dizaines de personnes étaient rassemblées devant le terminal pour l’accueillir.
L’ancien chef des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), âgé aujourd’hui de 74 ans, a quitté vendredi matin la prison de Lannemezan, dans le sud-ouest de la France, pour être conduit à l’aéroport de Tarbes avant de rejoindre Beyrouth.
Son avocat, Jean-Louis Chalanset, a qualifié cette libération de « source de joie, de choc émotionnel et de victoire politique après une si longue période ». Il a également regretté que cette sortie ait été longtemps retardée.
La cour d’appel de Paris a ordonné sa libération sous condition de quitter la France et de ne pas y revenir. Malgré un recours déposé par le parquet, la décision s’applique immédiatement. Georges Abdallah était libérable depuis 1999, mais sa dizaine de demandes de libération ont échoué, faisant de lui l’un des plus anciens détenus de France.
Georges Ibrahim Abdallah, qui a toujours revendiqué son innocence et qualifié les assassinats dont il est accusé d’actes de « résistance » contre l’oppression israélienne et américaine, a déclaré lors d’une visite récente en prison que « quarante ans, c’est long, mais on ne les sent pas quand il y a une dynamique de lutte ».
Après son arrivée à Beyrouth, Abdallah devrait se rendre dans son village natal de Qoubaiyat, au nord du Liban, où une réception officielle et populaire est prévue.
L’histoire de Georges Ibrahim Abdallah est profondément liée aux conflits du Moyen-Orient des années 1980. Ancien combattant blessé lors de l’invasion israélienne du Sud-Liban en 1978, il a cofondé les Factions armées révolutionnaires libanaises, un groupe marxiste et anti-impérialiste pro-palestinien.
Ce groupe a revendiqué plusieurs attaques en Europe, dont l’assassinat des diplomates en 1982, qui lui a valu une condamnation à perpétuité en 1987.
Malgré une série de demandes de libération conditionnelle rejetées pendant des décennies, Abdallah est devenu un symbole pour certains militants de la cause palestinienne et pour ses partisans au Liban. Son dossier reste toutefois controversé et il demeure considéré comme un terroriste par plusieurs gouvernements occidentaux. Et de sérieuse craintes subsistent qu’Israël veuille l’éliminer.
Djamal Guettala