Le ministre de la justice a souhaité, dimanche, la remise en cause de cet accord de 2013 « qui permet à ceux qui ont un passeport diplomatique algérien » de « venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement ». Pourtant, il y a quelques jours le ministre des Affaires étrangères demandait à se conformer à ce même accord. C’est à ne rien comprendre !
Interrogé sur le contexte d’aggravation des tensions diplomatique entre Paris et Alger, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a annoncé, dimanche 12 janvier, vouloir « supprimer » l’accord intergouvernemental franco-algérien de 2013, qui permet à la nomenklatura algérienne de se rendre en France sans visa.
« Il y a un accord de 2013, qui est un accord gouvernemental, qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien – il y en a des milliers – », de « venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement », a-t-il dit sur LCI.
« Toucher les dirigeants ou la plupart des dirigeants algériens qui ont la position de décision d’humiliation, comme l’a évoqué le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, ça me paraît plus intelligent, plus efficace, et ça peut se faire très rapidement », a ensuite développé le garde des sceaux, estimant qu’« il faut supprimer cette facilité ». Cette « mesure de rétorsion » ne toucherait pas « les 10 % de nos compatriotes qui ont des liens de sang, de sol, de culture, y compris les pieds-noirs », a ajouté l’ancien ministre de l’intérieur.
Le gouvernement français a dénoncé « une posture d’escalade » après qu’un influenceur algérien expulsé vers l’Algérie jeudi a été renvoyé vers la France. Plusieurs mesures, sur les plans migratoire et économique, sont envisagées.
Jusqu’où la tension entre Paris et Alger va-t-elle monter ? Déjà dégradées, les relations entre la France et l’Algérie ont viré à la crise diplomatique ouverte depuis le début d’année. Après le refus par Alger, jeudi 9 janvier, d’accueillir sur son sol l’influenceur Doualemn, expulsé par Paris après la publication d’une vidéo dans laquelle il appelait à « frapper un homme semblant résider en Algérie », selon le parquet de Montpellier, le ton est encore monté. Samedi, le gouvernement algérien a dénoncé une « expulsion arbitraire » exécutée par une « extrême droite revancharde et haineuse ».
Avant cette dernière sortie, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a prévenu vendredi, sur LCI, que la France n’aurait pas « d’autre possibilité que de riposter » si « les Algériens continuent cette posture d’escalade ».
« Il y a tout un arsenal de riposte diplomatique, certaines choses que nous disons, d’autres que nous ne disons pas. Nous le ferons au rythme et à la manière que nous jugerons le plus efficace, en mobilisant tous les leviers à notre disposition », a expliqué le chef de la diplomatie française. Chaque ministre ou commentateur patenté des plateaux télé acquis à l’extrême droite française y va de sa proposition.
En premier lieu, la France pourrait, selon Francetvinfo, réduire le nombre de visas qu’elle accorde chaque année aux ressortissants algériens. « On leur donne des visas, mais eux ne donnent pas assez de laissez-passer consulaires », a déploré Bruno Retailleau, devant des journalistes, vendredi. Auprès du Parisien, le ministre de l’Intérieur avait affiché début janvier sa volonté d’« assumer un bras de fer » en la matière.
Gabriel Attal, ancien Premier ministre, veut, lui aussi, « réduire le nombre de visas accordés », comme il l’a déclaré au Figaro. En 2023, le nombre de titres de séjour accordés à des ressortissants algériens était de 646 462, selon un rapport de la direction nationale des étrangers en France, davantage que pour les Marocains (603 482).
Cette mesure serait-elle vraiment efficace ? En 2021, la France avait déjà baissé drastiquement l’obtention des visas pour le Maghreb, avec une réduction de 50% du nombre de visas accordés.
Avec AFP/Francetvinfo