Tout juste réélu président de la Fondation de l’Islam de France (FIF), Ghaleb Bencheikh a alerté jeudi sur la « survie » de cet organisme à vocation culturelle qui pourrait selon lui disparaître prochainement faute de financements.
Théologien réformateur et physicien franco-algérien, M. Bencheikh, 63 ans, a été réélu mardi lors d’un conseil d’administration de cette instance créée dans sillage des attentats de 2015 pour permettre au grand public de mieux connaître l’islam.
Ce mandat, le troisième pour M. Bencheikh qui préside la FIF depuis 2018, sera placé sous le signe de « la responsabilité » pour assurer « la survie même de l’institution dans un contexte financier extrêmement tendu », a affirmé à l’AFP le président de l’institution.
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Faute de dons, la Fondation n’a plus que 40.000 euros en caisse, ce qui correspond grosso modo à un mois de fonctionnement. De ce fait « il y a un risque » qu’elle mette la clé sous la porte « dans les prochains mois », a-t-il ajouté.
La FIF va quitter ses locaux du 7e arrondissement
Les choses se corsent. « Depuis deux ans nous fonctionnons sans le moindre euro de mécénat d’entreprise, et nous nous débrouillons cahin-caha avec le mécénat privé » individuel, a déploré M. Bencheikh, selon qui « ce n’est pas à la hauteur des enjeux » de l’islam de France.
Quant à l’enveloppe de 10 millions d’euros annoncée par Emmanuel Macron en octobre 2020 lors de son discours des Mureaux contre le « séparatisme », M. Benacheikh a assuré qu’elle n’avait toujours pas été débloquée et il a appelé à ce que « la promesse soit suivie d’effet ». Même si à terme « il nous incombe de nous débrouiller par nous-mêmes », a-t-il reconnu.
Dès cette semaine la FIF va envoyer son préavis pour quitter ses locaux du très chic 7e arrondissement.
« Il y aura un coût, et un coup, si on doit fermer la fondation », a ajouté M. Bencheikh, alors que les pouvoirs publics ont lancé lundi la deuxième session du Forum de l’islam de France (Forif), instance de dialogue entre l’Etat et la deuxième religion du pays.
La FIF n’est pas un organisme cultuel mais une fondation laïque reconnue d’utilité publique. Elle avait été mise sur pied à l’été 2016 par Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, et d’abord été confiée à Jean-Pierre Chevènement.
Elle a pour objectif de lever des financements pour des projets en matière profane (cultures islamiques, éducation, recherche, formation civique…).
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Elle distribue ainsi des allocations de recherche pour doctorants et masters en islamologie fondamentale, mais aussi des bourses à de futurs imams pour leur formation profane.
La FIF a également mis sur pied 40 « universités populaires » réunissant des experts, et un campus numérique, « Lumières d’Islam », qui est selon M. Bencheikh « en passe de devenir le site de référence pour ce qui touche à la chose islamique de façon rigoureuse et vérifiée ».
Avec AFP