25 novembre 2024
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Gratuité des animations : A quand le respect de la circulaire ministérielle ?

JEUNESSE

Gratuité des animations : A quand le respect de la circulaire ministérielle ?

Début juin 2016, le directeur de la jeunesse et des sports de la wilaya d’Alger a annoncé sa décision d’appliquer la directive de M. Mohamed Hattab, ministre de la Jeunesse et du Sport qui dicte une gratuité absolue de toutes les activités au sein des structures de la jeunesse, et au passage évince les tentatives malsaines de ceux qui visent à déstabiliser la bonne application de cette décision.

Cette prise de risque est un acte qui s’adapte au contexte actuel qui répond à une saine gestion des maisons de jeunes. Le but de ces dernières en tant qu’espace de rencontre et de loisirs pour les jeunes, consiste à valoriser les jeunes à travers des activités, des projets créatifs et artistiques. En outre, l’équipe éducative dotée d’outils pédagogiques est dans l’obligation de mettre en œuvre une démarche pour répondre aux objectifs du secteur en créant des ateliers dont l’accès sera désormais gratuit.

Circulaire à la main, Algérie Network a fait le tour de quelques quartiers où sont implantées les maisons de jeunes afin de recueillir les impressions sur cette décision qui apparemment a fait le bonheur des uns et le malheur des autres. M. Boubaker, gérant d’une surface d’Alimentation rencontré à la proximité de la maison de jeune de Bouzaréah nous dit : «Je suis entré dans la maison de jeunes à l’âge de 15 ans. Amoureux du théâtre, c’était pour moi le lieu dans lequel je pouvais vivre ma passion. Happé par cette passion, je ne me doutais pas que j’étais en train en même temps de me former à bien d’autres choses et à dire bonjour au reste de ma vie. Je n’avais pas alors idée qu’on appellerait ça un jour « l’apprentissage de la citoyenneté. Adhérent, bénévole puis animateur vacataire, j’ai à chaque étape bénéficié de l’aide d’une formation qui disait que demain était une promesse et qui tenait sa promesse. Nous étions nombreux à avoir suivi ces parcours initiatiques. Nous venons de partout de Bouzaréah, de Beauséjour, de Chevalley et même d’El Biar et de Bab El Oued ! Pourquoi de tels parcours ont-ils disparu ? Qu’est-ce qui a changé dans l’époque ? Si la maison de jeunes se veut être un lieu d’éducation, il est impérativement nécessaire que l’accès soit gratuit, une initiative que je soutiens personnellement. Je trouve que l’éducation, un mot qui a perdu de son crédit, va ainsi reprendre son droit dans nos structures. Mille bravos au DJS de la wilaya d’Alger pour sa fermeté ».

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Malik, un jeune de 25 ans employé à la sûreté de daïra, mitoyenne à la maison de jeunes Hassane El Hassani nous donne son point de vue et nous dit qu’il trouve courageux cette initiative et salue par l’occasion la DJS qui n’a pas hésité à la mettre en exécution. « Pour moi dit-il, éduquer signifie transmettre des normes et des valeurs. Une société qui désire avoir une mission éducative en dehors de la cellule familiale est une société consciente des valeurs qu’elle porte et veut les transmettre. Quand on veut transmettre avec cœur on ne demande pas de l’argent. Je suis contre la marchandisation des structures de l’Etat. D’ailleurs, je suis pour qu’on prévoit désormais des sanctions pour ceux qui faillissent dans cette tâche ».

Rahma Slimani, enseignante dans l’école privé Aradja wa Tafaouk à Beauséjour nous explique que « ce geste nous prouve qu’il existe des responsables du secteur qui croient que les jeunes se transforment et, par extension, que la société peut se transformer elle aussi. C’est pour cela qu’ils doivent gérer cette transformation en menant des actions éducatives en masse. Ouvrir grandes les portes des maisons de jeunes est le seul moyen de mener une action éducative sincère. Une société qui n’éduque plus est une société qui ne répare plus et qui ne pardonne plus. J’en veux à tout ceux qui ont transformé ces lieux de loisirs et de détente éducative en centres de formation professionnelle ». nous affirme-t-elle.

Adossé au mur fraîchement peint de la Maison de jeunes de Beni Messous, un groupe de jeunes nous affirme n’avoir pas entendu parler de cette décision. «On devait afficher pour informer les jeunes du quartier, nous déclare un jeune en colère. Personnellement je ne le savais pas nous dit, Redouane licencié en sciences politiques, actuellement agent de saisie dans un cybercafé. Il faut savoir informer, les jeunes n’attendent que ça. On peut enfin pouvoir s’offrir le plaisir de pratiquer différentes activités sans être à chaque fois obligé de payer.

Ouvrir ces espaces gratuitement aux jeunes c’est abolir la distance entre la jeunesse et sa tutelle. Les maisons de jeunes ont été pensées et inventées pour ça non ? »

« Moi je veux faire du théâtre, de la musique chaâbi le soir créer avec mes copains de quartier une troupe de zorna et de danse classique algéroise pour garçons », déclare Aymen, un adolescent de 17 garçons. ykhi batal !

Warda, professeur d’art moderne à l’école Nationale des beaux-arts nous raconte son expérience. « Mon but était d’apprendre aux enfants la reconnaissance et la réalisation de soi à travers le dessein. J’ai donc décidé de réduire mon temps de travail pour me consacrer à des activités bénévoles. C’est un choix de vie, un luxe, avec ses concessions. Je trouve que c’est le minimum que chacun devrait donner aux autres, surtout aux enfants. Ce qui m’a amenée, en 2014, à faire le tour des maisons de jeunes dans la région ouest d’Alger pour donner des cours de dessins gratuits aux enfants. Croyez-moi, de toutes les maisons de jeunes que j’ai visitées aucune n’a accepté de ne pas faire payer les parents. Je leurs avais pourtant bien expliqué que je ne demandais aucune rémunération et que je ne voyais pas la nécessité de demander une cotisation. À cette époque, une association de quartier m’avait ouvert les portes de son local situé dans la banlieue d’Alger. Ce fût une très belle expérience. Les cours étaient gratuits, les inscriptions aussi. On pouvait même s’offrir du matériel de dessin sur la vente symbolique des petites œuvres d’enfants ! En appliquant cette nouvelle décision je pense que la DJS va redonner vie et sens à aux maisons de jeunes sous peine de les voir disparaitre. Je pense aussi que c’est une belle réussite ».

Pour avoir plus de précision sur le sujet, nous nous rapprochés de M. Tarek Krache, directeur de la jeunesse et du sports de la wilaya d’Alger. Celui-ci nous a affirmé que « les orientations stratégiques définies dans cette décision se traduisent notamment dans une programmation qui évolue et témoigne de la volonté de l’Etat de promouvoir tout ce qui touche à la jeunesse, d’où l’accessibilité gratuite au plus grand nombre de jeunes aux formations et aux activités dans toutes les structures de la jeunesse. Amener les activités au plus près des jeunes, créer des espaces de convivialité et favoriser les échanges sont les objectifs de notre nouvelle aventure. Tous les programmes des maisons de jeunes s’articulent autour de propositions qui offrent le temps de la détente, de la découverte et de la rencontre gratuitement au jeune ».

Auteur
Mayassa Hassane Khoudja

 




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