Que sera l’Algérie en 2030, en 2050 ? Que sera l’’Afrique du nord en 2100 et au-delà ? Aussi loin que je m’en rappelle, ce sont ces interrogations qui ont toujours hanté l’esprit du militant Hamou Boumedine.
Il a toujours rêvé de réunir les meilleurs d’entre nous pour élaborer une esquisse de programmes constructifs ayant pour objet la sauvegarde des peuples d’Algérie dans leur diversité. Aussi loin que je m’en souvienne, il a tenté de scanner le pays pour trouver ses fragilités et anticiper sur les effets néfastes qui peuvent en résulter pour y remédier.
Sa lutte a eu et a toujours pour objectif de maintenir la République debout, de sauvegarder son unité dans le respect des diversités linguistiques, culturelles et cultuelles. L’égalité des chances pour tout Algérien, pour toute Région du pays, la liberté de s’exprimer et d’entreprendre, la justice sociale et la justice tout court, ce sont-là les leitmotivs de sa vie intellectuelle et combative.
Hamou Boumedine a pensé, repensé, proposé des projets ambitieux pour son pays. De la refondation de l’État aux domaines économique, linguistique, éducatif, agricole, industriel et juridique, il a suggéré des réformes qui, si elles étaient appliquées, auraient sorti l’Algérie du marasme dans lequel elle se débat aujourd’hui.
Hamou Boumedine a proposé des pistes d’amélioration, suggéré un cap sans jamais prétendre prendre le pouvoir ou une parcelle du pouvoir. Il a agi en tant qu’homme intellectuel investi dans le débat politique du pays, celui amorcé en 1989. Le rétropédalage des autorités sur ces acquis nuit à l’Algérie.
Lui a cru, à juste titre, qu’il était de son devoir de tirer la sonnette d’alarme. Il l’a fait sans haine, son arrière-pensée et sans laxisme. Seuls les intérêts de son peuple comptent pour lui.
Hamou Boumedine m’a, de temps en temps, associé à ses réflexions mais il a accepté que je le fasse hors de toute appartenance organique, hors de son parti. Son but n’est pas d’embrigader les gens mais de partager avec eux une vision et d’élargir celle-ci du mieux qu’il pouvait. Les compétitions entre les personnes, ce n’est pas sa tasse de thé. Il n’aime pas les discours emphatiques des heures électorales. Ils sont plus porteurs de conflits que de solutions. Sa seule boussole était et reste toujours l’intérêt supérieur de son peuple, le destin collectif algérien, le sort des générations futures.
Avec lui et tout en restant loin de tout engagement partisan, je constate, nous constatons qu’une certaine réalité qui nous avait rattrapés est toujours là. Celle qu’il a décrite : l’Algérie a gâché toutes ses chances de sortir du sous-développement. Le déclin du pays, la spirale déceptive du peuple tout entier ne cessent de prendre de l’ampleur et positionnent très mal l’Algérie sur un échiquier mondial qui ne fait pas de cadeau.
Hamou Boumedine a fait son devoir de colibri. Il a apporté sa modeste pierre à l’édifice en proposant une réorientation indispensable au cours de l’histoire de son pays. Il est convaincu qu’il n’est jamais trop tard d’ajuster le tir et qu’on ne peut pas faire l’économie d’un changement radical de système.
Il m’est apparu nécessaire de dire cela à la veille de son procès qui semble proche. Je sais que cet exercice n’influera pas sur le destin qui l’attend. Je sais qu’il risque d’être victime des postures des hommes qui le jugeront plutôt que de ses actes. Mon propos se veut seulement un témoignage pour rappeler que Hamou Boumedine est un militant bienveillant, pacifique et lucide.
Comme d’autres prisonniers politiques ou d’opinion, il voulait et veut toujours éviter à son peuple tout risque de conflit généralisé, tout déclin irréversible, toute plongée dans l’inconnu. Un seul but compte pour lui : faire de l’Algérie un grand pays plein de promesses. Un pays d’où ne fuient pas les forces vives mais un pays qui les attire.
Quels que soient les termes de cet épisode judiciaire qui le menace, son analyse lucide de la situation du pays restera d’actualité. Merci Hamou !
Hacène Hirèche