La condamnation définitive de Tariq Ramadan en Suisse, fin août, marque un tournant dans une affaire qui secoue l’Europe depuis 2017. Trois ans de prison, dont un an ferme, ont été prononcés pour viol et contrainte sexuelle. Une décision accueillie comme une victoire par Henda Ayari, première plaignante en France, qui voit dans ce verdict un signal d’espoir pour toutes les victimes.
Le 28 août, le Tribunal fédéral suisse a rejeté le dernier recours de Tariq Ramadan, confirmant sa condamnation à trois ans de prison. L’islamologue, petit-fils du fondateur des Frères musulmans Hassan al-Banna, doit également verser plus de 100 000 francs suisses à la plaignante.
Pour Henda Ayari, militante féministe et ancienne salafiste, c’est l’aboutissement d’un long combat. La Franco-Tunisienne avait été la première à porter plainte en octobre 2017, brisant un silence entourant une figure adulée dans certains milieux et protégée par son influence médiatique. « Oui, la justice existe », écrit-elle dans un texte publié après l’annonce du verdict.
Elle rend hommage à « Mai », la plaignante suisse, saluant son courage face aux humiliations et aux pressions. « Sa victoire, c’est aussi ma victoire », affirme Ayari, qui se dit soulagée pour elle-même mais aussi pour toutes celles qui n’ont pas osé parler.
La justice suisse tranche ainsi une bataille judiciaire de huit années. Mais l’affaire Ramadan n’est pas close. En France, l’islamologue doit comparaître en mars 2026 devant la cour criminelle pour trois accusations de viol commis entre 2009 et 2016. Henda Ayari, entourée de ses avocats, se prépare à cette échéance qu’elle aborde avec détermination.
Au-delà de son cas personnel, son message prend une dimension universelle. « On ne lâche rien », martèle-t-elle, appelant les femmes victimes à dénoncer les violences et à se battre malgré la peur. Pour elle, cette décision de justice est une victoire symbolique : elle marque la chute d’un intellectuel qui se posait en modèle mais que la justice qualifie désormais de violeur.
« Quoi qu’il arrive durant le procès en mars 2026, je sais que j’ai déjà gagné », écrit encore Ayari. Huit années après sa plainte, elle incarne la ténacité d’une femme qui refuse le silence et fait de son combat un étendard pour toutes les autres.
Djamal Guettala