Lundi 13 avril 2020
« Histoire secrète de la chute de Bouteflika » : Le Blitzkrieg des services secrets (Suite)
Nous vous proposons un chapitre du livre « Histoire secrète de la chute de Bouteflika » écrit par Nawfel Brahimi El Mili et publié chez les éditions de l’Archipel en France.
Le Blitzkrieg des services secrets (suite)
La deuxième opération cible, le général-major Athmane Tartag, dit Bachir, successeur de Tewfik. Localisé au domicile de sa fille, un autre commando sonne à la porte. En pyjama, Bachir ouvre la porte, il reconnait ses anciens collaborateurs et comprend de suite.
Peu formaliste, il demande de se changer. Tartag ressort avec un costume sombre sur une chemise bleue ciel et avec des mocassins, il doit savoir que les lacets posent problème pendant les garde-à-vue. Sans un mot, il prend le même trajet que son ex-patron, destination « Antar » qui n’a rien d’un centre de loisirs. La troisième et dernière opération est plus complexe. Le commando est beaucoup plus nombreux. Pas moins de 150 hommes bien entrainés, sont impliqués. Dans la ligne de mire Saïd, à Zéralda où se trouve aussi le président déchu.
Le site est l’un des plus sécurisé du pays mais par des officiers et soldats obéissant à l’état-major. Le but d’un tel déploiement est d’éviter une fuite intempestive de la cible. Un officier bien accompagné, pénètre sans difficulté dans le compound présidentiel, une fois arrivé devant la porte de la résidence principale, elle est ouverte par « Small brother », en personne. Il réalise instantanément la situation, dans un geste désespéré, il tente de refermer l’issue. La force n’étant pas évidement de son côté, l’escadron investit les lieux. Pris de malaise, Saïd s’évanouit.
Accourt sa sœur, Zhor, avec de l’eau et du parfum, traditionnel kit de secours de la Mama maghrébine. Saïd reprend ses esprits quelques grosses secondes plus tard, se voyant entouré et surestimant ses capacités physiques, il se débat comme un petit diable. Maitrisé et aussitôt menotté, il est embarqué dans une voiture. Sous bonne escorte, il est conduit au centre névralgique des investigations : « Antar ». Ce n’est que le lendemain que l’information fait le tour des salles de rédactions de la planète.
Le régent de Zéralda et les deux derniers patrons des services secrets qui avaient sur leurs épaules, les insignes des plus hauts grades de l’armée, sont dans la prison militaire de Blida. En Algérie, l’homme de la rue a du mal à y croire en l’absence de preuves par l’image. Intervient, le 5 mai, la chaine de télévision étatique qui diffuse les images de l’arrivée des inculpés au tribunal militaire de Blida. Une centaine de secondes filmées par les caméras de surveillance de l’enceinte militaire se veulent une confirmation probante. Les trois figures emblématiques des années Bouteflika sont accompagnées par des officiers aux visages floutés. Seul Saïd est menotté, poignées derrière le dos, le Vice-roi de l’ombre est mis à l’ombre.
Les accusations son gravissimes, « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’État. » Excuser du peu.