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Ignobles verdicts contre Naït Sid, Aït Chebib et Bouhafs

Le tribunal criminel de Dar El Beida a prononcé de très lourdes peines de prison contre Kamira Naït Sid, Bouaziz Aït Chebib et Slimane Bouhafs. L’ignoble s’est produit.

Acharnement

Une militante de l’identité amazighe, un homme politique et un chrétien ont été condamnés dans la nuit du 15 au 16 décembre à Alger. Tout un symbole.

Kamira Naït Sid est condamnée à 5 ans de prison ferme et à 100 000 dinars d’amende. Bouaziz Naït Chebib a écopé de 3 ans de prison ferme et 100 000 dinars d’amende. Et Slimane Bouhafs enlevé de Tunisie pour être ramené en Algérie est condamné à 3 ans de prison et 100 000 dinars d’amende.

Le point levé, Kamira demande aux siens de ne pas pleurer : « J’ai pris 5 ans, Mandela en a pris 27 ans ! ».

Les glaçantes révélations de Slimane Bouhafs au juge

Quelques dizaines de minutes auparavant, dans une belle plaidoirie, Me Hanoune déclare : « L’histoire a tendance à se répéter et a répéter ses bégaiements. Les dossiers se répètent et ce qui me chagrine car nous sommes en train d’acquérir de l’expérience que j’aurais aimé ne pas avoir car cela aurait signifié que nous avancions ».

L’avocat poursuit : « Sur les concepts d’autonomie, de régionalisation et de décentralisation, il rappellera que ce ne sont pas des synonymes d’indépendance. Il citera : « même l’Anp fonctionne selon des régions… Peut-on dire que l’Anp veuille diviser le pays ? » s’interroge-t-il. Bien sûr, tous les avocats qui se sont relayés ont montré la vacuité des dossiers de ces citoyens.

Qu’ont fait ces trois figures de la Kabylie ? Ont-ils tué pour passer devant un tribunal criminel ? Kamira Naït Sid est issu d’un village qui a sacrifié ses meilleurs enfants pour que l’Algérie soit indépendante. Coprésident du congrès mondial amazigh, elle n’a qu’une seule conviction : défendre son identité amazighe dont elle porte la fierté. L’ONU n’a-t-elle pas demandé sa libération immédiate ?

« Mme Nait Sid est détenue pour avoir exercé les droits consacrés aux articles 19 et 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et aux articles 19, 22 et 27 du Pacte international sur les droits civils et politiques et que sa privation de liberté est contraire aux dispositions de l’article 7 de la DUDH et de l’article 26 du Pacte. L’arrestation et la détention de Mme Nait Sid sont dénuées de fondement juridique et sont donc arbitraires », écrit le groupe de travail de l’ONU. Si vraiment cette militante était une terroriste aurait-elle bénéficié du soutien de l’ONU et de nombreuses ONG de défense des droits humains ?

Bouaziz Aït Chebib est un homme politique, connu pour ses convictions qu’il affiche. Aucun tribunal digne de ce nom ne lui trouvera un quelconque acte de violence. Mais on n’est pas dans une justice ordinaire. Le système judiciaire est caporalisé. Les juges obéissent aux verdicts du téléphone.

Il est manifeste qu’il y a en haut lieu des hommes qui en veulent à la Kabylie. Et partant, à l’Algérie. Sinon comment laisser faire l’injustice dans les palais de justice ?

Yacine K.

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