Il y a dix ans s’éteignait l’un des pionniers de la musique kabyle, l’auteur compositeur et interprète Cherif Kheddam, après une carrière de près de 60 ans et un répertoire considérable venu enrichir le patrimoine musical algérien de plusieurs dizaines de composition dédiées à la mère patrie, à l’amour et à l’exil.
Inimitable, Cherif Kheddam a marqué de son empreinte musicale plusieurs générations de mélomanes, mais aussi de chanteur d’expression kabyle. Né le 1er janvier 1927 dans le village d’Aït Boumessaoud à Tizi Ouzou, Cherif Kheddam est connu pour être un chanteur, parolier, compositeur et musicien pionnier de la chanson kabyle de l’exil qui a entamé sa carrière artistique au début des années 1950
L’artiste a tracé son chemin à force de travail et d’acharnement à l’apprentissage. Ouvrier en France où il s’est installé en 1947, il a suivi des cours du soir de solfège et de chant, auprès du Tunisien Mohamed Djamoussi, avant d’enregistrer son premier titre « Yellis ntmourthiw » (fille de mon pays) en 1955 édité à son compte.
Cherif Kheddam va enchaîner les succès et les disques en entrant dans le catalogue de la prestigieuse maison « Pathé Marconi » à partir de 1958 où il a sorti des titres comme « Nadia » et « Vgayeth Thelha » (La belle Béjaia) en plus d’avoir signé de nombreuses compositions pour l’orchestre de la radio française.
Puisant son génie dans la souffrance de l’exil, Cherif Kheddam va aussi orienter et inspirer de nombreux grands noms de la musique dont Idir, Lounis Aït Menguellat, Malika Doumrane, ou encore Nouara qui deviendra son épouse à son retour au pays en 1963.
De retour en Algérie, Cherif Kheddam va rejoindre la chaine 2 de la radio nationale, d’expression amazighe, où il va animer de nombreuses émissions pour les jeunes talents de la musique, dont « Les chanteurs de demain ».
Connu pour son amour de la patrie, il enregistre en 1996 « Ldzaier Nchallah Atsehlodh », une symphonie de l’espoir pendant une période difficile dont il est l’auteur, le compositeur et l’interprète, en plus d’avoir signé, la même année la bande originale du film « La colline oubliée », premier film en tamazight réalisée par Abderrahmane Bouguermouh sur une adaptation du roman éponyme de Mouloud Mammeri. Cherif Kheddam s’est éteint le 23 janvier 2012 à Paris. Des milliers de personnes l’ont accompagné à sa dernière demeure à Bou Messaoud.
L.M.