Un bilan non définitif parle de 150 morts et des dizaines de victimes suite aux inondations de Valence. Un deuil national de trois jours est en vigueur jusqu’au samedi 2 novembre dans le pays frappé dans la nuit de mardi à mercredi par les pires inondations depuis les années 1980.
Le dernier bilan fait état d’au moins 158 morts, dans la région de Valence principalement, la plus touchée, où s’est rendu Pedro Sanchez, le chef du gouvernement, jeudi 31 octobre. Il y a encore jeudi soir « des dizaines et des dizaines » de personnes portées disparues dans le sud-est du pays, a déclaré le ministre de la Politique territoriale, Angel Victor Torres, lors d’une conférence de presse.
C’est la première fois que les autorités espagnoles donnent une estimation du nombre de personnes portées disparues.
« Tout à coup, l’eau s’est mise à monter, se remémore, ému, Teofilo Enrique Serenio Moreira. Devant un centre d’hébergement d’urgence à Valence où il est notamment venu chercher des vêtements, il raconte sa nuit cauchemardesque à l’envoyée spéciale de RFI, « On a vu une dame arriver. Elle a fini par sortir de la voiture, car des personnes l’ont prévenue de ce qu’il se passait. Cette dame était enceinte. Je suis allé en short et en tee-shirt lui porter secours. Un jeune homme nous a indiqué une terrasse. Et on s’est retrouvé là, avec dix personnes, dans le froid, la nuit, jusqu’à 3 heures du matin environ. »
Ces images d’apocalypse, de rues transformées en torrent et des montages de voitures, ont fait le tour du monde. Ce que beaucoup appellent déjà « la pire goutte froide du siècle » commence à se déplacer vers la Castille-La Manche et surtout l’Andalousie.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé jeudi 31 octobre les habitants de la région de Valence, dévastée par des inondations meurtrières, à « rester chez eux » et à écouter « les appels des secours d’urgence », le risque étant encore présent. L’épisode de mauvais temps à l’origine de ces inondations « continue », a déclaré à la presse Pedro Sanchez au terme d’une visite à Valence, capitale de la région éponyme qui a enregistré le plus grand nombre de victimes.
Le roi Felipe VI s’est également exprimé, déclarant que l’épisode météorologique « n’est pas encore terminé ». Dans une allocution lors d’une cérémonie à Madrid, le souverain espagnol a souligné que « dans certains cas, il y a toujours des prévisions de risque », dans une référence apparente à l’annonce par l’Agence nationale de météorologie (Aemet) d’une « alerte rouge » (risque le plus élevé) pour la province de Castellón, située au nord de Valence.
C’est en tout cas d’ores et déjà officiellement une catastrophe nationale. Pedro Sanchez, le chef du gouvernement, a assuré que tous les moyens seront mis à disposition pour « nous remettre de cette tragédie », rapporte le correspondant de Rfi à Madrid.
Les habitants ont été surpris par la violence inouïe du phénomène : des immenses vagues d’eau boueuse ont, par exemple, dévalé les rues de Letur, petit village de montagne dans la province d’Albacete, emportant tout sur leur passage. Julian Gil est le directeur de l’école de Letur. Ses élèves et lui ont vécu l’inimaginable.
Dans la banlieue de Valence, la situation reste très difficile. Mercredi soir, l’envoyée spéciale de Rfi a assisté à un véritable exode de la population qui quittait Paiporta et Picanya, deux zones particulièrement touchées en banlieue de Valence, qui dénombrent le plus de victimes. Ces habitants partaient à pied rejoindre Valence avec leurs animaux de compagnie et quelques sacs ou valises pour aller loger chez des proches. Certains expliquaient à RFI qu’ils préféraient rester sur place malgré le manque d’eau et d’électricité, toujours pour garder leur maison, alors que quelques vols et pillages de supermarchés ont été recensés.
Daniel Losada est responsable des urgences à la Croix-Rouge espagnole. Il a été dépêché sur place, dans la région de Valence. « J’ai été envoyé sur d’autres missions dans d’autres pays dans ma carrière, mais une situation comme celle-là, je n’en ai jamais connu, souffle-t-il à Angelica Perez. Plus au sud de la ville de Valence, à Torrent ou Paiporta, il n’y a pas de grandes routes récentes ou refaites à neuf. Pour cette raison, l’accès y a été très compliqué. »
Des signaux d’alerte ignorés ?
Un millier de militaires de l’unité de secours continuent à quadriller la région à la recherche de disparus. Pendant ce temps, des milliers de personnes sont parties à la recherche de leur véhicule. On estime qu’au moins 5 000 ont été totalement détruits par cette tempête d’une violence inouïe, tout comme des édifices, des ponts, des routes. Les trains rapides entre Valence et Madrid ont été suspendus. Deux autoroutes sont toujours coupées, encore jonchées de camions renversés.
Cela n’empêche pas la polémique de s’accentuer entre le pouvoir socialiste à Madrid et le gouvernement régional de droite. Ce dernier n’aurait pas écouté les avertissements de l’Agence nationale de météorologie et aurait informé la population valencienne huit heures plus tard, lorsque les trombes d’eau s’abattaient déjà et faisaient déjà des victimes.
Avec Rfi