Macron

Le président de la République français, Emmanuel Macron, s’est exprimé pendant trois heures sur TF1 et a notamment annoncé qu’il envisageait de consulter les Français via la voie référendaire « dans les mois qui viennent ».

Guerres en Ukraine et à Gaza, réforme des retraites, finances publiques, mais aussi fin de vie… Emmanuel Macron, qui poursuit son entreprise de reconquête de l’opinion, s’est longuement exprimé, mardi 13 mai, dans une émission grand format diffusée sur TF1, au cours de laquelle il a donc annoncé son intention de recourir à l’instrument du référendum, sans préciser à quel sujet.

A la veille de l’audition de François Bayrou devant la commission d’enquête parlementaire sur le scandale de Bétharram, le président a réitéré son soutien à son Premier ministre. « Je sais qui il est et j’ai confiance en lui », a-t-il assuré. Quant à son avenir politique, Emmanuel Macron a botté en touche à propos d’une hypothétique candidature en 2032 : « Je pense à une seule chose, c’est notre pays. Quand j’aurai fini, je réfléchirai à la suite et à ce moment-là je pourrai vous répondre. »

Le chef de l’Etat a répondu pendant trois heures aux questions d’un panel d’intervieweurs au profil très varié : la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet sur la réforme des retraites, le youtubeur Tibo Inshape sur le sport à l’école, le journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot, sur la fin de vie, Cécile Duflot, directrice de l’ONG de lutte contre les inégalités Oxfam, sur une éventuelle taxe sur l’héritage…

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Sur les référendums, il souhaite « ne rien s’interdire »

« Je souhaite qu’on puisse organiser une consultation, plusieurs référendums dans les mois qui viennent », a annoncé le chef de l’Etat, assurant que « si une loi » était « bloquée au Parlement », il ne faudrait « rien s’interdire ». « A chaque fois qu’on sera trop lent ou bloqué, on peut aller au référendum, et je prends mes responsabilités », a plaidé Emmanuel Macron, sans donner plus de précisions sur un calendrier arrêté ou sur l’objet de ces référendums. Il a néanmoins évoqué des référendums sur « les grandes réformes économiques, sociales et éducatives » et écarté une nouvelle fois un référendum sur l’immigration.

Sur la fin de vie, il entend « aider à partir dans la dignité »

« Je souhaite que le texte qui est engagé aujourd’hui soit voté », a assuré Emmanuel Macron, alors que l’Assemblée nationale s’est emparée du débat sur la fin de vie. « On a un texte d’équilibre », a salué le président de la République. « Je souhaite que l’on puisse aider à partir dans la dignité. C’est une loi d’humanité et de fraternité », a-t-il poursuivi. « Il y a d’abord un temps parlementaire, mais si on voyait un enlisement, l’impossibilité d’aller au bout, le référendum peut être une voie pour débloquer et aux Français et aux Françaises de se prononcer », a assuré le chef de l’Etat. 

Sur l’Ukraine, il se dit prêt à « négocier » avec Vladimir Poutine

« On doit aider l’Ukraine à se défendre, mais on ne veut pas déclencher un troisième conflit mondial », a expliqué Emmanuel Macron à propos de la guerre en Ukraine. « Notre volonté, c’est de prendre à nouveau des sanctions, de les prendre dans les prochains jours en liaison étroite avec les Etats-Unis », a ajouté le président, alors que l’Ukraine et ses alliés européens ont appelé Vladimir Poutine à accepter un cessez-le-feu de trente jours, faute de quoi des « sanctions massives » seraient adoptées. Pour Emmanuel Macron, le cessez-le-feu permettrait de traiter « la situation humanitaire » mais également des « questions territoriales ».

Sur la question de l’utilisation des avoirs gelés russes, le chef de l’Etat a assuré qu’il n’y avait « pas le cadre légal » pour cela. Il s’est aussi de nouveau exprimé sur les forces militaires alliées qui pourraient être pré-positionnées en Ukraine en cas d’accord avec la Russie dans le futur. « Si la Russie violait la paix, elle attaquerait de facto des forces alliées », a-t-il noté. Le locataire de l’Elysée a également déclaré qu’il était prêt à discuter avec Vladimir Poutine le moment venu : « On doit négocier avec lui pour la suite. »

Concernant le partage de l’arme nucléaire, le chef de l’Etat a répété que « la décision finale reviendrait toujours au président de la République », mais que dans la période actuelle, il avait souhaité engager la discussion pour savoir « si on pouvait aller plus loin ». La France est « prête » à une « discussion » sur le déploiement d’avions armés de « bombes » nucléaires dans d’autres pays européens, a-t-il ainsi justifié. 

Sur la guerre à Gaza, il charge Benyamin Nétanyahou

« Ce n’est pas à un responsable politique d’employer ces termes, c’est aux historiens de le faire. Aujourd’hui, c’est un drame humanitaire et c’est inacceptable », a affirmé Emmanuel Macron, questionné sur le fait de savoir si les opérations militaires israéliennes à Gaza pouvaient être qualifiées de « génocide ».

« Ce que fait aujourd’hui le gouvernement de Benyamin Nétanyahou est inacceptable. (…) C’est une honte », déclare le président français.

« Notre combat depuis le 7 octobre 2023, c’est de libérer tous les otages (…) et de démilitariser le Hamas », a-t-il rappelé. « Celui qui a le levier, c’est le président Trump », a aussi reconnu Emmanuel Macron, alors que l’armée israélienne a repris ses bombardements sur la bande de Gaza et que l’aide humanitaire ne rentre plus depuis plusieurs mois. La question d’une révision des « accords de coopération » entre l’UE et Israël est « ouverte », a encore assuré le chef de l’Etat. 

Sur ArcelorMittal, il refuse de nationaliser

« La politique que je mène depuis 2017 a permis d’enrayer la baisse des emplois industriels, on a commencé à recréer des emplois industriels », a soutenu Emmanuel Macron face à la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Interrogé sur la nationalisation d’ArcelorMittal alors que la direction de l’entreprise veut supprimer plus de 600 postes, le président a écarté cette hypothèse catégoriquement. « Ça serait dépenser des milliards d’euros. (…) Ça n’a aucun sens », a-t-il assuré. Et de promettre :

« Nous allons sauver Dunkerque et Fos-sur-Mer, mais en ayant une politique européenne qui protège notre acier.de la République

Sur les retraites, il rejette toute abrogation

Interrogé sur l’organisation d’un référendum sur l’abrogation de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a été catégorique et écarté cette proposition. « Cette réforme, on ne l’a pas faite de gaîté de cœur, on l’a faite pour sauver notre système par répartition auquel je suis attaché. Elle permettra de dégager environ 17 milliards d’euros d’ici à 2028 et on réinvestit un tiers dans les dépenses sociales », a affirmé le président. 

« Un conclave a été lancé par le Premier ministre, il faut aller au bout de cette discussion », a affirmé le président, alors que le gouvernement de François Bayrou discute, en ce moment, avec certains partenaires sociaux, mais pas la CGT qui a claqué la porte des négociations.

« Je laisse le gouvernement et les syndicats travailler. S’ils peuvent améliorer la chose, très bien », explique-t-il.

Le président a aussi annoncé qu’il allait demander au gouvernement d’ouvrir « dans les prochaines semaines » un chantier concernant l’installation d’« une conférence sociale » « sur le mode de financement de notre système social », mais aussi « une réflexion sur les évolutions du travail ».

Sur la prison, il est prêt à louer des places à l’étranger « si besoin était »

Interrogé par le maire divers droite de Béziers (Hérault), Robert Ménard, le président de la République a annoncé qu’il souhaitait que « le gouvernement puisse prendre une loi qui donnera la possibilité aux maires qui le souhaitent » et « sous l’autorité du procureur », pour que les polices municipales puissent « faire les saisines, les flagrances, les amendes forfaitaires délictuelles », comme la police nationale.

Questionné sur la construction des 15 000 places de prisons promise lors de la campagne de 2017, et qui n’ont pas encore vu le jour, le chef de l’Etat a assuré que le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, allait accélérer l’édification des 5 000 places de prison qui sont « en cours ». Pour les « 5 000 places en projet », les règles seront simplifiées pour aller plus vite.

Emmanuel Macron s’est aussi dit favorable à louer des places de prison à l’étranger « si besoin était » et à la participation des détenus à leurs frais de détention, proposition faite par Gérald Darmanin. Sur la question de l’immigration, le président s’est dit favorable à l’organisation d’un débat au Parlement tous les ans.

Francetvinfos

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