À travers Salah Goudjil, le nonagénaire président du Conseil de la nation, le pouvoir affirme que « l’Algérie nouvelle consacre l’amazighité en tant que composante authentique et constante de l’identité algérienne et de l’unité nationale ».
Telle position pourrait s’applaudir des pieds et des mains si cette amazighité, enfin « tolérée » après avoir été combattue (et emprisonné ceux qui s’en réclamaient) depuis Boumediene, occupait la place de première constante nationale qui lui revient de droit.
En effet, si l’on se conforme à l’agenda de l’Histoire d’Algérie, l’ordre de ces constantes nationales devrait être inversé, puisque l’amazighité du peuple remonte à la nuit des temps, et que l’arabité est venue après la conquête islamique.
L’ordre naturel des choses est donc « amazighité, islamité, arabité ». Quoique pour arabité, il s’agit bien plus de celle du terroir.
Par ailleurs, si l’amazighité est reconnue, pourquoi nos hommes politiques sont-ils si frileux à en utiliser les composantes dans des discours sensés s’adresser au citoyen lambda, ne serait-ce qu’en arabe du terroir ?
« Si la langue de tes gouvernants n’est pas celle de ta mère, sache que tu es colonisé », stipule, à juste titre, Karim Akkouche dans son livre «La religion de ma mère ».
Or, depuis 1962, qui peut prétendre que sa propre mère ai jamais compris un traitre mot de ces discours rébarbatifs débités en arabe nucléaire que personne ne saisit ?
À propos de matrice de transfert linguistique entre gouvernants et gouvernés, les maîtres d’Alger n’appliquent-ils pas depuis 1962, la même recette que les colons de 1830 ? Quoique, nos anciens colons utilisaient parfois des traducteurs quand il s’agissait de s’adresser aux « indigènes » pour des problèmes qui les concernaient directement.
En termes de communication, nos nouveaux colons ont donc fait un sacré bond en arrière ! Il est temps « d’avancer vers l’avant » !
La reconnaissance de l’amazighité en tant que constante première du pays constitue le jalon nécessaire, et certainement suffisant, qui présagerait d’une réconciliation, si minime soit-elle, entre gouvernants et gouvernés.
Avis aux tenants de « l’Algérie nouvelle » !
Kacem Madani