L’armée israélienne a détruit samedi 6 septembre une nouvelle tour d’habitation dans la ville de Gaza, dont elle a appelé la population à partir vers une zone qu’elle a déclarée « humanitaire », en prévision d’un assaut au sol à près de 23 mois de guerre. L’ONU estime à environ 1 million le nombre de personnes présentes dans la région et met en garde contre un « désastre » à venir en cas d’expansion de l’offensive israélienne dans la cité.
Israël poursuit son offensive à la ville de Gaza, au cours de laquelle l’armée israélienne a détruit samedi 6 septembre une nouvelle tour d’habitation dans la ville de Gaza. Des témoins ont indiqué à l’AFP qu’il s’agissait de la tour Soussi, située dans le même périmètre d’évacuation que la tour Rouya que l’armée israélienne avait annoncé plus tôt vouloir viser. « Nous continuons », a écrit sur les réseaux le ministre de la Défense Israël Katz, reprenant une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et montrant le bâtiment d’une quinzaine d’étages s’effondrer dans un grand nuage de poussière, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.
La veille, vendredi 5 septembre, l’armée israélienne avait prévenu qu’elle ciblerait les « infrastructures terroristes » dans la ville de Gaza, en particulier les tours d’habitation. Elle accuse le Hamas, qui a fustigé des « mensonges éhontés », d’utiliser ces bâtiments pour opérer. L’armée, qui dit contrôler environ 75 % de la bande de Gaza et 40 % de la ville de Gaza affirme vouloir s’en emparer pour venir à bout du Hamas et libérer les otages qu’il retient encore.
Le mouvement islamiste palestinien a accepté en août une proposition de trêve et libération des otages présentée par les médiateurs (Égypte, États-Unis et Qatar). Mais le gouvernement de Benyamin Netanyahu exige qu’il rende les armes et dit vouloir prendre le contrôle sécuritaire de la bande de Gaza.
Joint par RFI dans la bande de Gaza, Jacob Granger, coordinateur d’urgence de Médecins sans frontières (MSF) dans la ville de Gaza ces derniers jours, décrit une ambiance et un paysage d’apocalypse. « On entend des bruits de combat, des détonations. On entend beaucoup d’avions aussi, des F-16 qui font un bruit très particulier. C’était avant une ville très construite, avec des immeubles très hauts et quand on parcourt [la ville de Gaza] aujourd’hui, on se rend compte de à quel point c’était développé et à quel point ça a été détruit », explique-t-il.
Zone humanitaire
Auparavant, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne avait appelé les habitants de la ville à partir en direction d’une nouvelle zone humanitaire dans le sud de la Bande de Gaza, dans le secteur de Khan Younès. Une petite zone de quelques dizaines de kilomètres carrés situées dans le secteur d’Al Mawassi qui, selon les militaires israéliens, devrait être pourvue d’hôpitaux de campagne, de conduites d’eau, d’installations de dessalement et d’approvisionnement en nourriture et en médicaments.
Une annonce en contradiction avec la réalité sur le terrain. Des habitants de Gaza, comme le chercheur Mustafa Ibrahim interrogé par le quotidien Haaretz, affirment qu’il n’y a « pas un seul mètre carré de terrain libre » dans la zone. Les habitants décrivent une situation de promiscuité étouffante au milieu de la poursuite des hostilités.
Selon Jacob Granger, coordinateur d’urgence de MSF, la zone « n’est pas sécurisée, elle ne sera pas sécurisée. Aujourd’hui comme hier, comme le jour d’avant, il y a eu des frappes dans cette soi-disant zone humanitaire. »
RFI