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ISTN : Rendez-vous avec la mort (13)

Passeport ISTN

Au centre-ville, à la rue Abane Ramdane, enfin une pharmacie ouverte. Omar se gare et s’y rend en quelques enjambées.

Pour éviter de quelconques désagréments avec les drogués qui traînent dans la capitale, à la nuit tombée, c’est rideau baissé, à travers une lucarne, juste assez large pour y introduire les ordonnances et récupérer les médicaments, que les pharmaciens communiquent avec leurs clients. Au bout de cinq minutes, il revient bredouille.

– Ils n’ont aucun médicament et, selon eux, on en trouvera dans aucune pharmacie de garde. Il faut attendre dimanche.

Quarante-huit heures de souffrance devant lui.

– On fait quoi tonton ? On rentre ?

ISTN : Rendez-vous avec la mort (12)

Ibrahim voudrait bien passer la nuit chez son ami Hamid pour essayer d’apprécier son humour décapant et oublier ses déboires. Mais aurait-il assez de place pour deux ? Pour en avoir le cœur net, il le contacte.

– Oui, il n’y a pas de problème Dda Ibrahim, on se débrouillera. Zaki n’est pas là, ce week-end. Mais je n’ai pas de bière. Tous les débits de boissons sont fermés.

– T’inquiète, je peux m’en passer.

Une semaine passe, puis un mois, puis deux, puis trois…Dire qu’Ibrahim est dans un monde cauchemardesque serait un euphémisme. Au fil des jours, la frayeur s’amplifie. Son cerveau, ou ce qu’il en reste, ne canalise plus que des idées noires. Il a peur, très peur. Il a l’impression que la faucheuse est là, prête à l’emporter au moindre pas de plus dans cet inconnu qui le broie sans pitié.

En principe, si la loi est respectée, dans ce pays où la Justice joue à pile ou face pour condamner des innocents et innocenter des voyous, on devrait le contacter incessamment. Les trois mois d’ISTN sont écoulés. Mais les journées passent encore, et toujours aucun signe, aucune lettre, aucune convocation. Rien, toujours rien. Il ne sait à quels saints se vouer. Il s’est bien déplacé au commissariat de Dar El-Beida, mais on se contente de lui dire, avec désinvolture, que l’enquête suivait son cours.

Le temps chemine avec une lenteur effroyable. Il en est convaincu maintenant, son ISTN est maintenue pour une autre tranche de trois mois.

Quatre mois passent. Sur Le Matin d’Algérie, la mobilisation ne s’essouffle pas pour dénoncer l’injustice dont il est l’objet… (à suivre).

Kacem Madani

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