31 janvier 2025
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AccueilChroniqueJe pense, donc je suis. Ah bon ?

Je pense, donc je suis. Ah bon ?

Cogito, ergo sum, le lecteur connait certainement cette célèbre citation de René Descartes. Que voulez-vous que ce malheureux lecteur réponde autrement que par l’affirmative au risque de paraître inculte. Voilà bien une vielle astuce pour prendre le dessus sur lui et qu’il vous écoute.

Une fois fait, revenons à l’un des sommets de la philosophie, Cogito, ergo sum. Sans aller aussi loin que les baragouinages des livres savants au sujet de cette phrase, Descartes nous précise que c’est la pensée qui confirme l’existence de l’homme.

Emmanuel Kant lui répond en opposition que nous allons traduire avec humour car si nous pouvions rapporter les débats sur la pensée des grands de monde, on serait obligé de dire des mots inconvenants. En réalité lorsqu’on parle de débat, c’est la manière élégante et intellectuelle de dire que les intervenants se détestent cordialement et n’ont pas une opinion très chaleureuse de l’autre. Et cela même s’ils ne sont  pas contemporains entre eux.

L’opposition de Kant consiste donc à lui répondre poliment, « J’existe, et alors ? », tout le monde le constate, cette parole est « une conscience très pauvre, à peine une connaissance ».

Oh là messieurs, rangez vos armes et laissez-moi penser par moi-même. Je vais descendre de dix étages et essayer de réfléchir à une autre question qui en découle directement, qui suis-je ?

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Tout commence le matin devant la glace. Je constate mon existence, je me dis que « je suis encore jeune, je suis beau, en bonne santé et la salle de sport a bien réussi à mon poids ». Puisqu’il faut trouver des exemples de ma pensée, vous ne voulez tout de même pas que je dise qu’elle constate le contraire, d’autant que cela n’est pas important pour la chronique.

C’est bien moi, c’est ma pensée qui me l’affirme, donc j’existe. Et voilà que nous tombons dans la première désillusion sur qui nous sommes. Car dès la première rencontre du matin, il y des chances que vous entendiez, «  Tu n’as pas bien dormi cette nuit, tu sembles fatigué ? ».

Voilà mes chers amis où je voulais en venir, votre pensée sur qui vous êtes n’est absolument pas l’image que vous renvoyez aux autres. Il ne suffit donc pas de penser pour exister aux yeux des autres car c’est une autre personne qui semble être en face d’eux. Vous n’existez pas semble vous dire la vie.

Et cela depuis votre enfance, vous êtes celui que les personnes ressentent de vous. La chose se complique si on prend l’hypothèse que chacun aura sa propre perception de vous. Kant marque un gros point d’avance car on comprend bien que l’existence d’une personne n’est pas seulement le résultat de sa faculté de penser.

Les êtres humains se différencient des animaux par le fait qu’ils sont des êtres pensants. Mais pour identifier la singularité de chaque être humain il faut bien plus que la simple pensée.

Si nous avons rejeté l’hypothèse de l’existence du corps par la pensée, il nous restait donc celle de l’esprit. Mais cet esprit, nous l’avons vu aussi, n’est pas celui qui est identifié à votre personne par les autres.

Vous pensiez être un travailleur acharné, on vous dit que vous êtes léthargique. Vous pensiez que vous avez rédigé un bon article, le lecteur pensera que c’est médiocre. Vous pensiez avoir  bien fait, on vous dit que c’est une catastrophe. Et ainsi de suite, cela marche aussi pour les avis positifs et encourageants alors que vous pensiez être au fond du trou.

Mais lorsque ces avis positifs deviennent constants et perpétuels, c’est que vous êtes sous le jugement de vos parents.

Mais le pire de tout c’est ce qu’on veut que vous soyez ou que vous pensiez. La pression sociale est si forte que vous finissez par vous convaincre que vous existez selon leur jugement.

Emmanuel Kant avait raison, toute votre vie vous aurez une existence qui est hors de votre réelle personnalité si on ne va pas plus loin que la pensée.

Mais aussi, bien entendu qu’ils ont tous les deux raison. Un être existe parce qu’il pense mais il n’existe réellement que si les deux personnalités sont en accord, celle issue de sa propre  pensée et celle issue de la pensée des autres.

Á la question qui suis-je ? On ne pourra donc jamais y répondre que par la certitude que vous avez combattu pour éliminer le second personnage, votre double, qui vous suit tout au long de votre vie et garder précieusement le vôtre.

Je vous assure que j’ai rajeuni de cinquante ans et que je viens de rédiger une dissertation de philosophie au lycée à Oran. Nous avions raison à cette époque, comme disent les jeunes, ça prend à la tête !

Boumediene Sid Lakhdar

3 Commentaires

  1. Bon , je vais kamim essayer de m’immiscer dans le débat bien que le fait qu’il soit descendu si bas pour les nuls par il professor n’ait pas atteint mon niveau.

    Iben, moua je suis plutôt tendance à penser que l’existence précède l’essence. Et que c’est l’être qui détermine la conscience. Par conséquent pour penser il faut d’abord exister. Car franchement si c’est Descartes qui a raison je ne serais pas fier de l’idée que je me fais de mouamim. Imaginer un seul instant que je suis comme je me pense me déprimerait encore plus que cette éminente contribution.
    Haaaa ! Là vous me forcez à rabaisser un peu plus bas le niveau pour que je puisse l’atteindre.
    Mais, au fait Descartes, ce n’est pas celui qui prenait ses désirs pour des réalités ? Il n’aurait pas dit aussi : l’idée d’un Dieu ne pouvait m’être mise dans la tête que par lui-même ?
    Je pense donc je suis : donc si je ne pense pas je ne suis pas, yek ? Ou alors je ne pense pas mais je suis kamim ? Dans ce cas l’assertion : je suis donc je pense est valable aussi, non ?
    Iwi , on ne vous a jamais dit : « je ne pense pas… » sans que vous soyez dit : « Putain ! j’ai des hallucinations ou quoi ? »
    Mais non ! Il vous suffisait de conjuguer Descartes et vous êtes sauvés : je le pense donc il est. Si je pense qu’il existe donc c’est vrai. Comme avec Boureb, oui !

    Ayavava ! Si Dieu n’existe pas khrat 3la Descartes !

  2. En voilà une idée.
    Je pense, donc j’existe.
    Lui, l’autre, ne pense pas, par conséquent il n’existe pas ou alors juste au stade d’un tube digestif.
    Et si maintenant un grand penseur, lui vient cette pensée, en plus de penser pour lui même, se met à penser à la place des autres, des ingénus et tous ceux qui refusent ou n’osent pas penser pas par eux mêmes ,…
    Lui, Il existe c’est sûr, meme certains et avec témoins, mais il existe combien de fois à la fois ?
    Autrement, aurait-il raison de dire: je pense pour plusieurs, donc j’ existe plusieurs fois?
    Doit-on le recenser plusieurs fois ? Et bien entendu avec tout ce qui en découle comme droits?
    Non, pas les devoirs, après tout ce qu’il a à penser, ce serait injuste de lui en rajouter!

  3. Je pense, donc je suis; ben oui, ça tombe sous le sens.
    Si on pouvait être sans penser, le chien piou piou aurait eu sa page dans le livret de famille des bipèdes sans plumes.

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