AccueilCultureJean-Louis Murat, chanteur de l’intime, est mort

Jean-Louis Murat, chanteur de l’intime, est mort

Jean-Louis Murat

Auteur, chanteur, compositeur, Jean-Louis Murat laisse une discographie fascinante, riche d’une trentaine d’albums dont Cheyenne Autumn sorti en 1989 qui lui valut la reconnaissance du public et des critiques.

Sa voix caverneuse et lancinante, ses mélodies léchées, et ses textes parfois sombres, mais toujours empreints de poésie laissent un public fidèle orphelin.

Jean-Louis Murat ne s’est jamais senti faire partie de la chanson française, tout Auvergnat qu’il était. « Le problème de la chanson française, c’est son manque de groove », disait-il à l’occasion de la sortie d’un de ses albums en 2018. Fan de musique anglo-saxonne et plus précisément de folk, il admirait Bob Dylan, Neil Young et n’eut de cesse de composer pour son public français une œuvre qui flirte avec cet univers-là.

Remarqué par William Sheller dans les années 1970 avec son groupe de rock Clara, il enregistre à 28 ans un maxi 45 tours de trois titres en 1981, Suicidez-vous le peuple est mort. Il se fait remarquer par la critique. Mais il faut attendre encore un peu pour la rencontre avec le public.

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En 1987, Si je devais manquer de toi le propulse sur le devant de la scène musicale. Cheyenne Autumn en 1989 est un succès. Tout comme Manteau de pluie en 1991 sur lequel figurent plusieurs chansons clés du répertoire de Murat : Col de la Croix-Morand ou Le lien défait. Son duo avec Mylène Farmer Regret le révèle un peu plus au grand public.

Il fait la couverture à cette époque-là des Inrockuptibles, et devient le chanteur à suivre de près, pourtant artiste redouté des journalistes, en raison de son côté grincheux. Parfois les concerts aussi pâtissent de son côté imprévisible. Mais cela peut être complètement l’inverse quand le chanteur emmenait son public vers les sommets de son art.

Honnêteté et audace jusqu’au bout

Sa volonté de se réinventer en permanence, de ne pas toujours travailler de la même façon l’emmène sur des terres nouvelles, sans aucun plan de carrière et surtout sans aucune logique commerciale.

Ses chansons parfois touchées par la grâce racontent l’intime, les passions et les séparations.

En 1996, parait Dolores aux relents trip hop, tendre et mélancolique, moins obscur que d’habitude, en 1999, Mustango, enregistré aux États-Unis puis le Moujik et sa femme en 2002. En 2013, paraît un album acoustique Toboggan, viendra l’électrique Babel en 2014 avec le groupe clermontois The Delano Orchestra.

Il laisse parfois ses admirateurs perplexes, comme avec Travaux sur la N89 en 2017 et envisage de tout arrêter, lassé des salles sans public. Mais fasciné par le hip hop et le r’n’b américain et inspiré par Kendrick Lamar, il reprend le chemin des studios avec l’album Il francese, sorti en 2018.

Encore sur scène à l’automne dernier pour partager avec son public La Vraie Vie de Buck John, sorte d’autoportrait musical, il chantait Où Géronimo rêvait, allusion au temps qu’il lui restait à vivre. Dans une interview aux Inrocks, il annonçait aussi la sortie d’un disque qui serait publié après sa mort.

Toujours fermement opposé à la parution du moindre best-of, Jean-Louis Murat n’accompagnera en effet pas la sortie de l’album rassemblant 20 de ses titres les plus emblématiques.

Patricia Blettery/Rfi

 

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