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Kabylie : en finir avec le « statut particulier » dans la répression ! 

Kabylie en partage

Suite à la descente de police hier samedi dans la librairie Gouraya à Bgayet pendant la vente dédicace du livre « La Kabylie en partage », de Dominique Martre, les éditions Koukou a rendu public le communiqué ci-dessous.

L’arbitraire policier a encore frappé ! Samedi 29 juin, vers 15h30mn, une escouade des forces combinées de la BRI et de la BMPJ a pris d’assaut la librairie Gouraya de Bgayet, pour empêcher la présentation d’un livre ! L’auteure, son mari, son éditeur, le libraire et toutes les personnes présentes ont été arrêtées et placés en garde à vue au commissariat central. Nos pièces d’identité et les téléphones portables ont été confisqués ; malgre notre insistance, l’appel à nos familles ou à un avocat nous a été refusé. 

Après interrogatoire, toutes les personnes arrêtées ont été remises en liberté vers 20h. 

« La Kabylie en partage« , le livre qui a déclenché la réaction intempestive de la police, a été pourtant édité légalement par Koukou Editions et disponible en librairie depuis mars 2022.

L’auteure, Dominique Martre, témoigne, avec affection et respect, de son séjour dans les années 1970, à M’chedallah (ex-Maillot) dans la wilaya de Bouira, où elle était professeure de français, et de ses relations conviviales avec ses élèves et leurs parents. 

Cette démonstration de force de la police est d’autant plus surprenante et incompréhensible que deux jours auparavant, le même livre a été présenté, sans problème, dans une librairie d’Alger-Centre. 

Voilà pour les faits. 

Que peut-on en conclure ? 

Au-delà des spéculations sur les dessous de cette curieuse opération, ses commanditaires et leur objectif, un constat s’impose. Implacable. Dans la chape de plomb liberticide qui paralyse le pays depuis la mise au pas du Hirak, la Kabylie est soumise à un impitoyable “statut particulier” dans la répression.

Aux violations récurrentes des droits de l’Homme, aux arrestations musclées de militants pacifiques et aux humiliations infligées à leurs familles, aux condamnations arbitraires d’innocents à de lourdes peines, s’ajoutent l’interdiction des cafés littéraires et des salons du livre, la prohibition de tout débat et de toute activité culturelle autonome, y compris à l’université.

Ces agressions liberticides, illégales et discriminatoires visent à domestiquer les esprits par la terreur, et soumettre ainsi les velléités d’émancipation citoyenne au contrôle policier. 

A la veille de la célébration d’une indépendance confisquée par les patriotes du journal télévisé, ce tour de vis autoritaire qui tente de semer la discorde dans le pays en enfermant la Kabylie dans un état de siège permanent, doit être dénoncé comme un impardonnable crime contre la nation. 

En attendant le sursaut populaire qui permettra à l’Histoire de reprendre son cours vers le respect de notre citoyenneté plurielle et de nos libertés, l’urgence est à la solidarité avec les détenus d’opinion et leurs familles. 

Bgayet, le 30 juin 2024. 

Arezki Aït-Larbi

Directeur de KOUKOU Éditions. 

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