Il y a quelque chose de déroutant dans cet ouvrage. Les témoignages transpirent les souffrances, les non-dits que seules des âmes sensibles comme Kamar Idir peuvent capter.

Kamar Idir promène son micro et son appareil photo à Marseille comme certains promène regard scrutateur. Pour ce reporter photo, tout est sujet à question, à curiosité. « D’une rive à l’autre, des vies fragiles » est le fruit d’une décennie de travail sur le terrain. Que cela soit dans les foyers, dans la rue, les squats, ou sous les tentes de réfugiés. Une vingtaine d’exilés, plutôt précaires, – des sans-voix – s’expriment librement dans ce livre. Souvent sans filtre, leurs témoignages, agrémentés de portraits en noir et blanc sont une charge violente contre le sort. 

Toujours au plus près, mais jamais intrusif, Kamar recueille avec une passion militante leur vie par petits bouts. Certains sont depuis décédés, d’autres continuent à vivoter toujours en marge. Chaque vie racontée ici est à elle seule un monde. Le reporter tend le micro pour recueillir des bouts de vie avec patience et retenue.

Kamar Idir anime Harragas, une émission diffusée tous les jeudis de 16h à 18h sur Radio Galère. Nombre de portraits qu’on retrouve dans l’ouvrage sont déjà passés dans cette émission d’un ton particulièrement épique.

K. Y.

« D’une rive à l’autre, des vies fragiles » de Kamar Idir édité par la FRACHI.