30 octobre 2024
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Kamel Daoud ou l’authentique intellectuel

Kamel Daoud représente actuellement l’image parfaite de l’intellectuel authentique, non seulement en Algérie, mais aussi dans le monde. Et ce n’est pas un hasard s’il est sollicité de partout lui qui a ressuscité l’image de l’intellectuel à l’ancienne, universel, qui s’exprime sans l’ombre d’une autocensure ou de langue de bois.

Il n’évite jamais les sujets qui fâchent et sait qu’un vrai intellectuel doit souvent user de « l’électrochoc » pour essayer de réveiller et de maintenir les consciences éveillées.

Il n’est d’ailleurs pas anodin que ses détracteurs se recrutent surtout parmi les obscurantistes les plus endurcis et les conservateurs les moins ouverts sur le monde et la diversité.

En Algérie, ceux qui le critiquent, ou plutôt le lynchent, doivent au contraire prendre exemple sur lui, eux qui ont tourné le dos à l’âme de leur profession et trahi le serment de Tahar Djaout (et de ses pairs) tombé sous les balles assassines des intégristes islamistes car il a porté eux haut et fort l’étendard de la profession de journalisme et a refusé de céder sur le terrain des attributs de l’intellectuel digne de ce nom, qui ne recule devant rien pour défendre la justice, les droits de l’homme et toutes les causes justes, sans se soucier des risques encourus et des dangers que cet engagement fait courir sur sa propre personne.

Ils investissent sur la peur, Kamel Daoud est le courage.

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Lui, il défend les idées les plus lumineuses, là où eux éructent des idées rétrogrades en prenant instructions et directives directement d’un Orient qui sème ignorance et bigotisme stérilisant partout où il est implanté.

En Algérie, il est l’un des rares à avoir exprimé haut et fort son algérianité, devant toutes les injonctions faisant dire à des peuples qui ne le sont pas qu’ils sont arabes, alors que ceux qui sont censés l’être se disent saoudiens, égyptiens, qataris, syriens ou autres. Lui au moins, il ne s’est jamais renié.

J’ai eu moi-même un échange avec lui après avoir reçu de sa part un message de réprobation après mon commentaire sur l’une de ses publications. J’avais alors écrit qu’il est difficile pour quelqu’un de « mordre la main qui le nourrit ».

Il m’avait rétorqué qu’il vivait de la sueur de son front depuis son jeune âge, ce dont je ne doute pas, mon commentaire voulant seulement mettre la lumière sur la difficulté pour un écrivain de désavouer ou de critiquer son pays « éditeur », ici la France. C’est le cas de tous les autres : Amine Maalouf, Tahar Ben Jelloun, etc.

Il ne faut pas se tromper d’ennemi, Kamel Daoud est un ami même si on peut avoir des divergences, -ce qui est tout à fait naturel-, avec lui.

Lui au moins, il a la lucidité d’esprit de ne pas essayer d’implanter une autre culture à la place de la sienne comme le font les écrivains algériens arabophones publiés en Orient, qui non seulement n’osent jamais remettre en cause les méfaits et les dérapages de la royauté, mais importent des idées mortifères dont l’influence cloue au 14e siècle et souvent dans l’au-delà des peuples censés vivre au 21e et ont normalement pour légitime objectif de se projeter bien au-delà.

Kamel Daoud met en garde à travers ses écrits contre l’oubli des dangers mortels de l’obscurantisme toujours soutenu par des pouvoirs, des partis et des « personnalités », qui ont tout intérêt à ne pas voir briller la lumière sur leurs sociétés, car elle risquerait de les aveugler et de faire tomber leurs empires politiques et financiers basés sur le mensonge et la tromperie.

Kamel Daoud représente l’avenir prometteur, et eux le passé dépassé. Il est l’image de la liberté et eux du musèlement, il est la lumière et eux l’obscurité. Ils sont la dictature et lui la démocratie.

Il est le bonheur et la beauté que cherchent les « haragas », ils sont la tristesse et la laideur qu’ils fuient !

C’est pourquoi, il est plus que vital de soutenir le talentueux Kamel Daoud contre tous ces vents contraires, actionnés, ne soyons pas naïfs, par tous les tenants de l’autocratie, du musèlement de la presse, de la criminalisation de la libre-pensée, des pondeurs de lois liberticides enchaînant tout ce qui permet l’épanouissement de la personne humaine dans tous les espaces où elle évolue.

Ils ont le pouvoir, direct ou indirect ; il n’a que sa plume et son génie.

Soutenons-le, – lui et ses semblables-, pour que le soleil se lève enfin sur l’Algérie et sur tous les peuples aspirant à une vie meilleure partout dans ce monde meurtri par les agissements stérilisants de tous les égoïsmes aux étroits intérêts. 

Youcef Oubellil, écrivain 

1 COMMENTAIRE

  1. Iben moua qui ne suis guère intellectuel et qui n’ai jamais écrit je me sens écartelé entre les postures des bigots et celles des pourfendeurs de K.D. Je compatis même quand ses bigots m’affirment avec un déstabilisant aplomb que K.D est le plus grand savant dont l’Algérie a enfanté de tous les temps pour qu’il n’ y ait nul besoin de superlatifs pour en parler.

    je respecte totalement l’éloge de Mas Oubelil à K.D , mais j’ai lu des diatribes tout aussi admirables sur K.D.

    Désolé de l’écrire mais tous les intellectuels ne sont pas forcément humanistes et ils y en a même parmi eux qui sont de véritables crapules et non moins de grands intellectuels.

    Outre que je me demande s’il n’y a pas un distinguo entre intellectuel et écrivain.

    Mais il a une chose qui me turlupine c’est ce qu’intellectuel veut vraiment dire. J’ai lu que Faulkner était esclavagiste , Céline facho ,collabo, et Misanthrope ne sont-ils pas des intellos authentiques?

    Bien sûr je n’arrive pas à m’élever au niveau d’où trône désormais K.D pour pouvoir l’admirer et encore moins pour déclarer que j’ai été captivé par ce qu’il écrit. C’est sans doute parce que je suis trop prétentieux pour me laisser croire qu’il ne m’a jamais rien appris.

    Je ne sais pas pourquoi ses positions présentées comme courageuses ne m’ont jamais parues d’une inégalable témérité. Comme si Sansal , Mimouni, Doudjebra, Mekbel, Djaout, Y.K et d’autres n’ont jamais rien écrit ni touché aux sujets que K.D repasse aujourd’hui.

    Donc, au risque d’être irrévérencieux, je le dis sans aucune animosité, j’ai déjà lu K.D par simple curiosité, et je déclare que je n’ai pas été captivé.

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