Mardi 9 avril 2019
Karim Zéribi: «Je vois un peuple qui incarne et porte la nouvelle Algérie»
Conseiller municipal à Marseille et communautaire à MPM, fondateur du Club Ecologie et République au Centre, Karim Zéribi livre ses impressions sur le peuple algérien et sa révolution.
Le Matin d’Algérie: Que pensez-vous du peuple algérien et de sa révolution vus comme un exemple de civisme et de pacifisme?
Karim Zéribi : Le peuple algérien fait preuve, depuis le début des manifestations, d’une maturité exemplaire pour ne pas dire impressionnante à travers son expression à la forme massive et pacifiste. Il rend fier l’ensemble des Algériens de par le monde et subjugue ceux qui découvrent le peuple algérien sur la scène internationale. Maturité patriotique et lucidité dans un contexte historique sont les éléments à retenir à travers ce soulèvement populaire qui est, à mes yeux, une renaissance algérienne !
Je vois aujourd’hui un peuple uni dans toutes ses composantes. Je vois un peuple fier et digne. Je vois un peuple qui aime son pays et qui a décidé de prendre son destin en mains, avec exigence et détermination…je vois un peuple qui incarne et porte la Nouvelle Algérie, celle que l’on aime, fière et populaire, avec du caractère mais aussi de l’intelligence et un patriotisme positif car ouvert sur le monde. C’est l’ADN de ce peuple insuffisamment considéré par ses dirigeants politique jusqu’à ce soulèvement populaire.
D’origine algérienne bien que né en France, avez-vous pensé qu’un jour, les Algériens briseraient les chaînes de la peur et sortiraient massivement dans la rue pour exiger le départ de tout le régime ?
Il fallait que cela prenne forme un jour. D’ailleurs, les Algériennes et les Algériens sont déjà sortis plus timidement dans la rue par le passé. Aujourd’hui, on sent le peuple prêt et déterminé à porter ses idéaux de démocratie et de partage de richesses car ils savent et connaissent les potentialités de leur pays et ils veulent être acteurs et non plus spectateurs de leur avenir. L’Algérie est un pays jeune qui n’a pas 60 ans…Toutes démocraties naissantes passent par quelques décennies douloureuses pour parvenir à une situation politique apaisée et porteuse d’espérance. Le peuple algérien donne l’impression d’être prêt à écrire cette 2eme République plus transparente et réellement au service du pays et des citoyens.
Etes-vous confiant quant à l’aboutissement de ses revendications ?
Je veux être optimiste même si je sais le contexte fragile. Je crois en cette nouvelle Algérie. Je crois en cette jeunesse algérienne trop souvent décriée et stigmatisée. Je crois à une renaissance algérienne car je sais que ce pays est composé de femmes et d’hommes de qualités et de tempérament. Très franchement, ce pays et ce peuple sont toujours debout alors que des drames ont ravagé la nation algérienne. Quand on a été capables de dépasser la décennie noire en retrouvant l’unité nationale, cela signifie que ce peuple peut relever tous les défis qui arrivent… Je veux y croire!
Quel en est votre sentiment aujourd’hui ?
Il ne faut pas tarder, selon moi, à organiser une élection présidentielle et législative car le pays a besoin de stabilité et d’un projet fédérateur, qui doit s’articuler autour d’un développement économique fort dans tous les domaines, d’un nouveau contrat social valorisant le travail et non l’assistance, d’un développement des infrastructures et d’un pacte éducatif ambitieux pour préparer la Nouvelle Algérie aux défis qui l’attendent, tant au niveau national qu’a l’échelle internationale. Je crois au rôle de l’Armée Nationale Populaire qui s’est très bien comportée dans le contexte.
Sur les questions régaliennes, elle possède une forte légitimité nécessaire à la stabilité du pays. S’agissant des sujets économiques et sociaux, c’est la montée en puissance de personnalités de la société civile qu’il serait bon de voir émerger. Un pacte entre l’Armée et la société civile me paraît un bon équilibre pour ce grand pays qu’est l’Algérie.
Entretien réalisé par Meriam Sadat