À Jakarta, sous les projecteurs des Championnats du monde de gymnastique artistique 2025, le drapeau algérien s’est hissé pour la première fois au sommet du podium mondial. Kaylia Nemour, 18 ans, vient de remporter la médaille d’or aux barres asymétriques.
En un instant, elle entre dans l’histoire : première gymnaste africaine à devenir championne du monde. Une prouesse qui dépasse le cadre du sport pour devenir symbole d’espoir et de renaissance pour tout un continent.
Une double appartenance, un choix de cœur
Née à Saint-Benoît, en France, de parents algériens, Kaylia Nemour a très tôt révélé un talent exceptionnel. Formée dans le système français, elle a rapidement gravi les échelons, se distinguant par une technique fluide et une élégance rare. Pourtant, en 2023, après des différends avec la fédération française, elle décide de représenter l’Algérie. Ce choix audacieux, motivé par un attachement profond à ses origines, a ouvert une nouvelle page de son parcours.
« Je voulais montrer que les rêves n’ont pas de frontières », confiait-elle à ses débuts sous le drapeau algérien. Derrière cette phrase simple, se cache une volonté farouche de redonner sens à la fierté nationale et d’incarner la possibilité d’un destin africain dans un sport dominé depuis toujours par les grandes puissances.
L’éclat d’un exploit
Le 23 octobre 2025 restera une date historique. Sur les barres asymétriques, son agrès de prédilection, Kaylia exécute un enchaînement d’une fluidité impressionnante, alliant légèreté et puissance. Son score de 15,566 points la place devant les Américaines et les Chinoises, habituées des podiums mondiaux. En se couronnant à Jakarta, elle inscrit l’Algérie et l’Afrique dans une histoire jusqu’ici écrite ailleurs.
Ce n’est pas seulement une victoire sportive. C’est une démonstration éclatante du potentiel africain, souvent sous-estimé, dans des disciplines techniques et artistiques. L’exploit de Kaylia Nemour résonne bien au-delà des frontières : il rappelle que l’excellence peut éclore partout, pour peu qu’on lui offre une chance.
Un symbole pour la jeunesse
Pour de nombreux jeunes Algériens, notamment les filles, Kaylia devient un modèle. Elle incarne la persévérance, la rigueur, mais aussi la liberté de choisir son chemin. Dans un monde où le sport féminin africain reste souvent en marge, son triomphe a valeur de manifeste. À travers elle, c’est toute une génération qui se découvre capable d’atteindre les plus hauts sommets sans renier ses origines.
En remportant ce titre, la jeune championne ouvre une brèche dans l’imaginaire collectif : celui d’une Afrique compétitive, digne, créative, capable de briller sur les scènes les plus exigeantes.
L’après-Jakarta : un nouvel horizon
Reste à savoir si cet exploit trouvera un prolongement durable. L’Algérie, qui voit naître là une ambassadrice d’exception, devra investir dans la formation, les infrastructures et l’encadrement. Car Kaylia Nemour n’est pas qu’une étoile filante : elle est le signe d’une possible révolution culturelle dans le sport africain.
À Jakarta, en une minute et trente secondes suspendues, elle a réécrit l’histoire. Désormais, le monde sait qu’une jeune fille venue d’Algérie peut, par la grâce et la détermination, faire vibrer les barres du monde.
Djamal Guettala

