La région de Bouhmama, à l’ouest de la wilaya de Khenchela, a été le théâtre d’une découverte saisissante ce week-end. Lors des travaux de creusement liés à la construction du barrage de Oued El Azrak, des ouvriers ont mis au jour une fosse commune contenant des restes humains. Tout porte à croire qu’il s’agit de martyrs de la guerre de libération nationale, tombés lors des violents affrontements qui ont marqué cette région stratégique durant la colonisation française.
Bouhmama n’est pas un lieu anodin dans la géographie de la mémoire algérienne. Véritable maquis durant les années 1950, cette zone montagneuse des Aurès a été l’un des fiefs de la résistance, théâtre de combats acharnés entre les moudjahidine de la wilaya 1 et l’armée coloniale. C’est dans cette terre imprégnée de sacrifice que la mémoire vient de ressurgir, à même le sol, à travers les restes de celles et ceux qui y ont probablement été ensevelis à la hâte, loin des regards.
Une cérémonie officielle a été organisée dans la foulée par les autorités locales. Les dépouilles ont été transportées en cortège funèbre vers le cimetière musulman de la commune, où elles ont été inhumées dans le respect des rites religieux, sous les regards recueillis d’une foule composée d’élus, de citoyens et d’acteurs de la société civile. Des prières ont été récitées, des mains se sont levées vers le ciel, et les larmes ont coulé en silence.
Dans un communiqué, les services concernés ont annoncé l’ouverture d’une enquête pour tenter d’identifier les restes exhumés et préciser les circonstances historiques de leur inhumation. Un appel a également été lancé aux historiens, chercheurs et associations d’anciens moudjahidine afin de documenter cet événement et de l’inscrire dans le patrimoine mémoriel national.
Cette découverte rappelle que le sol algérien est encore habité par les traces de sa propre histoire. À chaque fragment retrouvé, à chaque martyr exhumé, c’est un pan du passé qui se remet à parler — et un peuple qui se souvient.
Djamal Guettala