21 novembre 2024
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La condamnation de Yacine Mebarki signe la une proximité avec l’islamisme

TRIBUNE

La condamnation de Yacine Mebarki signe la une proximité avec l’islamisme

Jamais un activiste du hirak n’a été condamné à une aussi lourde peine de prison et à une amende aussi exorbitante.

Pour possession d’un exemplaire du Coran, avec une feuille manquante, trouvé chez lui après une perquisition de la police, Yacine Mebarki, l’une des figures marquantes du hirak dans la ville de Kenchella, a été condamné le 8 octobre dernier par le tribunal de cette ville à une peine de dix ans de prison ferme, alors que le parquet en a requis huit ans, coupable «d’offense à l’islam et d’incitation à l’athéisme ».

Cette très lourde condamnation est une preuve supplémentaire de la volonté du régime, instrumentalisant éhontément la justice, de biser le hirak et de faire passer en force la révision de la constitution par un « référendum », s’apparentant d’ores et déjà davantage à une énième mise en scène, qu’à une véritable consultation des citoyens devant traduire librement leur choix.

S’en prendre ainsi à Yacine Mebarki et, plus généralement, à Khenchela, un des hauts lieux de la guerre d’indépendance et rampe de lancement du hirak avec la ville de Kherrata, est tout un symbole !

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Au-delà de l’indignation et la réprobation que cette condamnation inédite est de nature à susciter, elle témoigne à l’évidence de la grande proximité du régime, sa justice et ses autres institutions avec l’islamisme ; ils partagent quasiment la même matrice culturelle et idéologique.

Mais il n’y a rien d’étonnant à cela, tous les régimes autoritaires en terre d’islam ont besoin d’un islam politique passéiste et intolérant pour brider les libertés, à commencer par les plus précieuses, c’est-à-dire les libertés de penser, de conscience, de contester, de choix des dirigeants…

Seul un régime démocratique serait à même de s’émanciper de l’islam politique, figé par une lecture scolastique depuis quatorze siècles, et qui s’oppose à toute liberté de conscience aux Musulmans quand bien même dans le cas qui nous occupe et préoccupe la constitution garantit la liberté de conscience (art 42) qu’elle érige de surcroît en liberté inviolable.

Alors comment le juge pouvait-il ignorer un principe constitutionnel aussi bien connu par les initiés que les non-initiés. Et ce d’autant plus qu’il est de jurisprudence constante que le doute profite toujours à l’accusé que ce soit d’ailleurs en matière pénale ou civile, étant donné que le juge n’a aucune preuve matérielle pouvant attester en l’espèce que M. Mebarki a déchiré lui-même, volontairement et publiquement, cette page pour être passible d’une telle peine.

Le principe devant présider à tout procès en justice est celui de la présomption d’innocence et de non de culpabilité.

Auteur
Tahar Khalfoune, juriste

 




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