Le bonheur ? L’une des questions existentielles qui nous interpellent et qui nous mettent au défi d’y répondre. Sans doute, le fait de respirer, de se lever sain, tôt le matin, et de gagner sa journée est l’un des plus beaux cadeaux qu’on reçoit.
Et sans s’en rendre compte, beaucoup de gens prennent à la légère ce don céleste qui s’avère, pourtant, un grand trésor, ces choses simples qui ne se vendent pas, et que tout le monde possède. Entre les méandres du temps, l’on comprend que, finalement, la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie.
Jetant pêle-mêle, mais dans un désordre ordonné, tas de questions à la face du lecteur, Kamal Guerroua nous pousse intelligemment à réfléchir sur le sens du bonheur, sans qu’il ne donne vraiment des réponses-clés sûres et définitives. Parfois, l’on sent que ce recueil de nouvelles La contagion du bonheur, paru en janvier dernier en France chez L’Harmattan, n’est qu’une sorte de mise en abyme.
En ce sens, chaque nouvelle racontée à la manière d’un roman contient à l’intérieur de toutes petites nouvelles, et d’une histoire à une autre, on entre de plain-pied dans des divers sujets ayant trait au bonheur. En vérité, le titre du recueil n’est que l’arbre qui cache la forêt.
Car, du déracinement à la nostalgie et de l’escale du souvenir au temps de l’enfance, en passant par l’altérité, la migration, la poésie, l’espérance, le rapport à la terre-mère et au monde, on débouche sur un labyrinthe de questionnements. Un labyrinthe dont les dédales laissent toutefois entrevoir des brèches de lumières. L’auteur est plutôt interrogatif qu’affirmatif. Il est dans un doute lumineux, généreux, contagieux.
D’ailleurs, quiconque, en lisant entre les lignes ce livre dense de 116 pages, aura l’impression qu’il ressemble dans sa manière de poser les sujets au célèbre livre de Jacques London Ce que la vie signifie pour moi.
D’une écriture suggestive, poétique, avec des étincelles philosophiques, mais assez « intruse », le jeune auteur qui avait déjà à son actif de nombreuses œuvres, citons entre autres, Le Souffle du printemps (Le Caouilltis 2012), Hymne à l’espérance (L’Harmattan 2017), Le Chant des sirènes (L’Harmattan, 2019), nous fait basculer, non sans talent, dans un voyage « intimiste » qui, faisant se confronter plusieurs vécus entremêlés, nous laisse à chaque fin d’histoire sur notre faim.
Une faim qui est, en revanche, inspiratrice et révélatrice de notre curiosité à découvrir la suite. Les huit nouvelles qui composent l’ensemble sont si intrinsèquement imbriquées qu’elles semblent sans lien l’une par rapport à l’autre.
Et, c’est cette attraction des thèmes proposés : Les petits ruisseaux, Au carrefour des doutes, La chance de la vie, L’escale du rêve, dans lesquels s’insèrent les peintures si belles, parlantes et si expressives de Anne Munoz-Winther qui rend la lecture de La contagion du bonheur apaisée et d’un plaisir à nul autre pareil.
T. Mehah
Kamal Guerroua, La Contagion du bonheur, L’Harmattan, coll. Rue des écoles, Janvier 2023.