Sans surprise, le verdict de la Cour constitutionnelle qui est tombé, ce samedi 14 septembre, c’est-à-dire une semaine après la présidentielle, consacre l’élection du candidat Abdelmadjid Tebboune pour donner une illusion de légitimité à son nouveau mandat.
Le score du président candidat a été ajusté pour lui donner un habillage politiquement acceptable, tout en l’augmentant de façon plus que substantielle.
Selon le président de la Cour constitutionnelle, M. Omar Belhadj, Tebboune a été donc réélu avec un taux 84,30%, en obtenant 7 976 291 voix. Un score très corfortable qui pourra lui permettre de fanfaronner sur sa légitimité, malgré les chiffres plus que douteux avancés par l’ANIE et la Cour constitutionnelle.
Abdelmadjid Tebboune est donc passé d’un peu plus de 5 millions de voix à près de 8 millions de voix. Le taux de participation a été, quant à lui, multiplié par deux. Le nombre des votants est passé à 11,2 millions d’électeurs.
L’Anie avait fait part d’un nombre de votants de 5,6 millions avec un taux de participation de 23 % du corps électoral sans comptabiliser les bulletins nuls ou blancs dont le nombre n’avait pas été dévoilé, par M. Charfi.
Par le truchement des révisions effectuées par la Cour constitutionnelle, il aura gagné plus de deux millions de voix par rapport aux chiffres dévoilés par l’instance de Mohamed Charfi qui, selon la Cour constitutionnelle, n’a pas vu 3.831.232 voix. Rien que ça ! Donc l’ANIE est atteinte à ce point de cécité pour rater près de 4 millions de voix qui aurant été sauvées grâce à la clairvoyange des limiers de la Cour constitutionnelle. Voilà qui devrait être épatant !
La juridiction dirigée par Omar Belhadj a corrigé le score obtenu par le candidat du MSP, M. Hassani Cherif qui vient en deuxième position avec 9,56% en obtenant 904,642 voix. Le candidat du FFS, M. Youcef Aouchiche, s’est vu gratifié de plusieurs points. Il vient en troisième position avec 6,14% en obtenant 580 495 voix. Voilà donc les trois candidats ont tous bénéficier d’un coup de pouce pour sauver la façade plus que ternie d’une élection qui, disons-le, a été largement boudée par les Algériens.
Il convient de préciser enfin que la Cour Constitutionnelle a annoncé un taux de participation de 46,10%. Le nombre de bulletins annulés s’élève à 1 761 637. Le nombre de suffrage exprimé est de 9 461 428 voix.
A travers les révisions qu’elle vient d’effectuer, la Cour constitutionnelle veut accréditer la thèse de l’erreur technique au niveau de l’ANIE de Mohamed Charfi qui ne maîtrise les instruments numériques pour le comptage de voix. Et dire que cet homme et son institution étaient aux manettes de toutes les élections depuis l’intronisation de Tebboune à la présidence !
La parade est trouvée pour éteindre l’incendie. Mohamed Charfi et son armée de juristes et de statisticiens seront donc juste coupables de manque de professionnalisme. Exit donc la manipulation du scrutin et l’intervention de la mains invisible et exogène, celle de l’administration comme dénoncé par les équipes de campagne du candidat du FFS et du MSP.
Il faut être toutefois bien naïf pour croire que le régime va s’amender et reconnaître l’existence de dérives et de violations du vote. Tout se passe comme si avec le suspens créé par l’attente du verdict de la Cour constitutionnelle, on voudrait faire oublier le désaveu cinglant infligé par le peuple algérien au régime et à tous ses supporters qui n’arrivent pas à avaler la pilule amère de la désaffection populaire massive des bureaux de vote le 7 septembre dernier.
Mohcine Bellabes, ancien président du RCD déclare
« Aujourd’hui, le paysage politique algérien est marqué par une contradiction flagrante entre les résultats proclamés par la Cour constitutionnelle et ceux de l’Autorité nationale dite « indépendante » des élections (ANIE). Ce décalage est d’autant plus frappant qu’il survient dans un contexte de boycott massif, illustrant la défiance croissante des citoyens envers le processus électoral.
Les quelques chiffres avancés par l’ANIE révèlent un taux de participation extrêmement faible, témoignant du rejet par une large majorité du peuple algérien de ce qu’ils perçoivent comme une mascarade électorale.
Cependant, la Cour constitutionnelle publie des résultats nettement plus élevés, accentuant les soupçons quant à la fiabilité des chiffres et à la transparence du scrutin. Ce contraste ne fait qu’accentuer l’opacité qui entoure le processus électoral, aggravant les tensions politiques et renforçant l’idée d’une manipulation orchestrée des résultats.
Cette contradiction entre deux institutions clés met en lumière les dysfonctionnements profonds du système électoral algérien, où l’indépendance des organes chargés de garantir l’intégrité des élections est sérieusement mise en doute. Pour de nombreux citoyens, cette situation ne fait qu’aggraver la crise de légitimité qui frappe les institutions politiques, érodant encore davantage la confiance du peuple envers ses dirigeants. »
Malek Sadali, ancien secrétaire national et ex-parlementaire du FFS ironise et parle de « tchektchouka à l’Algérienne (…) Le clan présidentiel reprend la main par le biais de la cour constitutionnelle. Le taux de participation est multiplié par deux, celui de tebboune gonflé. »
Samia Naït Iqbal