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La crise sur le carburant cristallise la colère en France

Carburant

Réquisitions chez Esso-ExxonMobil, menaces pour TotalEnergies, mais près d’un tiers des stations-service en manque de carburant: le gouvernement est accusé d’avoir tardé à réagir face aux conflits sociaux dans le secteur pétrolier, une embûche de plus alors que s’engage la bataille du budget à l’Assemblée nationale. 

Comme la Première ministre Élisabeth Borne l’a annoncé mardi, le gouvernement a lancé une première réquisition visant au déblocage du dépôt de carburant de la raffinerie normande d’Esso-ExxonMobil, où la grève continuait mercredi malgré un accord salarial signé par deux organisations syndicales.

Une décision qui « ne changera rien » dans les Hauts-de-France, région particulièrement touchée, selon son président (LR) Xavier Bertrand qui avait sonné l’alarme le 6 octobre et appelé mercredi à la réquisition des salariés de Total, en regrettant au passage la « crainte » du gouvernement face à la CGT du géant pétrolier.

Une cellule interministérielle de crise a été mise en place mercredi et l’exécutif a fait savoir qu’un autre arrêté de réquisition serait activé si la grève se poursuivait au dépôt de TotalEnergie près de Dunkerque (Nord).

« Une nouvelle fois, rien n’est anticipé, rien n’est géré et les Français ressentent légitimement le sentiment que la France n’est plus gouvernée », a dénoncé mardi à l’Assemblée nationale le député LR Eric Ciotti.

« Comme toujours, ce gouvernement attend qu’il soit trop tard pour réagir avec des mesures toujours un peu dures, un peu brutales, même si elles sont nécessaires », a renchéri le député RN Laurent Jacobelli.

A gauche, le ton est plutôt au soutien des salariés grévistes. La députée EELV Sandrine Rousseau a dit souhaiter que ces actions forment les prémices d’un « mouvement de grève générale » alors que se profile, samedi à Paris, la « marche contre la vie chère et l’inaction climatique » organisée par la Nupes, des associations et certains syndicats, mais pas la CGT, à la manœuvre dans les raffineries.

Le gouvernement a agi « avec tact et mesure », a plaidé mercredi son porte-parole, Olivier Véran, qui a promis une « amélioration très sensible dans les prochains jours » alors que les files d’attente aux abords des stations-service se sont allongées durant le week-end.

« Pas de pénurie » 

Mercredi dernier, M. Véran expliquait qu’il n’y avait « pas de pénurie » mais des « tensions ». « Factuellement, nous ne manquons pas d’essence », insistait-il deux jours plus tard: « On n’est pas dans quelque chose qui relève de la pénurie avec difficulté d’approvisionnement; on est dans des difficultés temporaires de distribution liées à un mouvement social ».

« La situation devrait continuer à s’améliorer », assurait encore samedi matin le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.

Mais lundi, lors d’un déplacement en Mayenne, Emmanuel Macron a semblé presser la cadence, glissant qu’il ne revenait pas au président de la République de « faire les négociations salariales chez Esso ou Total ».

Une heure plus tard, Matignon annonçait une réunion ministérielle d’urgence autour de Mme Borne, à peine rentrée d’un déplacement officiel en Algérie.

Une prise de conscience tardive? Au sein de la délégation à Alger, un ministre estimait notamment que le mouvement de blocage ne prendrait pas dans l’opinion quand celle-ci apprendrait que les salariés des sites concernés gagnent 5 000 euros par mois, chiffre contesté par les syndicats.

« Une honte », pour le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, qui rappelle que « dans le même temps, Total a distribué 2,5 milliards (d’euros) de dividendes exceptionnels ».

Avec AFP

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