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La déconstruction* en Préhistoire 

Statuette d'Ifigha

Surprenantes ! les déclarations du préhistorien algérien publiées dans la très officielle agence de presse algérienne posent un vrai problème à la recherche scientifique en Algérie.

Il faut préciser que ce n’est pas la dépendance institutionnelle du CNRPAH qui est remise en cause mais l’utilisation du vocable décolonisation comme interférence du politique dans le domaine de la science qui cache le vice de forme de la recherche de la vérité en tant qu’instance incontournable du savant.

Le Pr Sahnouni veut réécrire l’histoire de la préhistoire algérienne

Pour peu que cela serve à quelque chose, la critique du savoir préhistorique est rendu obligatoire non pas par la surannation ou (surranation) de l’idéologie coloniale mais par l’inopérationnalité  des paradigmes ou l’obsolescence des connaissances acquises par cette même préhistoire de la colonisation.

Il va s’en dire que l’interdiction de la pratique ethnographique au nom de la colonisation par les autorités algériennes n’a pas empêché cette discipline universitaire d’évoluer positivement et mieux que cela de fournir des outils indispensables pour faire connaître la  »part maudite » de l’homme maghrébin.

Lors du colloque consacré aux « savoirs ethnologiques » publiés sous le titre « Le mal de voir », les intervenants ont, et à juste raison, mesuré l’importance des études coloniales pour connaître mieux les sociétés traditionnelles. Parmi les intervenants citions le cas d’un ami de l’Algérie en l’occurrence Pierre Bourdieu qui a beaucoup insisté sur l’importance incontournable de ces savoirs.

A point nommé, un de nos projets de recherche est l’épistémologie de la paléoanthropologie qui a pour cadre l’examen de deux moments cruciaux de la préhistoire nord-africaine,  celui des travaux archéologiques sur le site de Aïn Hanech par Mohamed Sahnouni et Cie et celui du Djebel Irhoud par l’équipe de Jean Jacques Hublin.

A souhait, il nous semble que c’est plus l’utilisation de nouvelles techniques et l’émergence des sciences nouvelles qui œuvrent le plus à une meilleure connaissance du passé humain.

En nous limitant au seul cas des travaux de Mohamed Sahnouni, il nous semble que le vecteur oldowayen de l’orientation de sa recherche suffit amplement à repositionner le site de Aïn Hanech dans le cadre d’une synopsis africaine constamment réévaluée en fonction des nouvelles trouvailles.

Ainsi, l’homo sapiens du djebel Irhoud correspond dans une distribution africaine plus récente au même exercice scientifique.

Pour ma part, je ne vois pas bien que vient faire la décolonisation des sciences alors que l’objectif principal du préhistorien algérien reste la découverte des ossements humains pour mieux étayer sa thèse distributive.

Fatah Hamitouche, ethnologue

*Nous empruntons ce concept au philosophe français natif d’El Biar (Algérie) qui l’a popularisé par extension de l’usage philosophique proprement heideggerien, aux sciences humaines.

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