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La France asphyxiée par un … « itsi bitsi petit burkini » !

burkini

Coucou le revoilou ! La polémique sur le port du burkini refait surface avec encore plus de tension et d’ardeur qu’en 2016, quand le candidat Sarkozy suggérait de passer à la vitesse supérieure en imposant l’assimilation des étrangers en remplacement d’une intégration inefficace pour venir à bout de ces tenues vestimentaires insolites qui ne cadrent pas avec le monde «civilisé».

« Ah si les mots suffisaient pour tout réaliser » !

Puisque le débat ne semble pas s’estomper et qu’au contraire il s’amplifie, rajoutons-y un peu « de salsa des pomodore ».

Fatigué de torturer les derniers neurones qui frétillent encore dans la caboche, je vous reproduis quelques éléments d’une contribution parue sur ces colonnes, en septembre 2016 (*). Les mêmes éléments d’analyse s’appliquent de façon intemporelle, aujourd’hui comme hier et comme demain !

En ce qui me concerne, je considère que, tout comme la burka, chaque femme qui porte le burkini est un être aliéné, bien plus à plaindre qu’à blâmer, et qu’il est du devoir de la république de sauver ! Le seul canal à ce sauvetage s’appelle, encore et toujours, Éducation !

Or, force est de constater que les politiques adoptent constamment des postures défensives qui évacuent toute volonté didactique, préférant donner à leurs compatriotes (dits de souche) une image offensive de sauveurs de l’identité gauloise et de défenseurs des valeurs sur lesquelles s’est construite la république. Valeurs menacées par des comportements invasifs (au sens pathologique du terme) et des tenues non conformes à cette image orthodoxe que moult combats des femmes ont mis bien du temps à arracher !

Légiférer sur le burkini ou la burka, c’est vouloir opposer aux lois des cieux (du point de vue de celles qui le portent, et surtout des compagnons qui le leurs imposent, des compagnons souvent machistes et incultes) des lois d’impies qu’Allah proscrit !

N’est-il pas temps de faire comprendre aux uns et aux autres qu’Allah n’a rien à voir avec cette ratatouille de comportements et d’habits saugrenus ?

La solution pour ce faire est simple, si tant est que la volonté politique existe et qu’elle ose se départir de l’avis d’experts es-Islam : cessons de violer l’innocence des jeunes beurs en interdisant l’enseignement de la religion avant l’âge de 18 ans !

Mais peut-on oser espérer de telles mesures fortes mais nécessaires pour des solutions à long terme, quand on se permet d’introduire l’enseignement de la langue arabe dès l’école primaire, alors qu’elle évacue gaiement celle du berbère, cette langue de poésie, de recueillement et de paix par excellence ?

À travers de telles mesures, concoctées à tout va, il n’est pas difficile de deviner ce que réserve la suite. Nous l’avions connue en Algérie, juste avant la décennie noire : langue arabe = coran = burkini + burka = pas douce la France !

En dehors de la burka et du burkini, osons aussi parler du refus quasi obsessionnel d’une intégration active de tout beur qui en porte les traces physiques ou patronymiques. Je n’en veux pour preuve que l’anecdote suivante, laquelle se déroule dans le milieu universitaire, dans les années 1990 :

Lors d’une soirée de fin d’année, un collègue algérien est pris à partie par la femme du directeur d’établissement en ces termes : -mais dites-moi, jeune homme, je vous vois boire du vin, cela n’est-il pas interdit par votre religion ? Le collègue hausse les épaules en grommelant un timide « oui, et… je m’en fous » ! Un peu plus tard, le voyant se délecter d’une bonne saucisse, la dame revient à la charge : -mais dites-moi monsieur Kamel, je croyais que consommer du porc était illicite pour les musulmans ! Excédé, le collègue rétorque : -madame, oui je suis musulman, non-croyant et non pratiquant ! Bouche bée, la bonne dame le laissa enfin bien « bouarre » et bien manger en paix.

En son for intérieur, cette soirée-là, Kamel devait s’en donner à cœur joie pour remercier le petit Jésus d’avoir bien bu et bien mangé, sous le regard inquisiteur d’une femme pour laquelle le mot intégration ne devait pas signifier grand-chose, à travers une image insolite d’un musulman buvant du vin et se gloutonnant aux bonnes saucisses de halouf !

Moralité, même quand vous êtes intégré, voire assimilé, on écarquille souvent les yeux sur votre prouesse parce qu’on refuse l’idée qu’un « indigène » puisse adopter le même rythme de vie que les descendants directs de ses « ancêtres les gaulois » !

Bien évidemment, une part non négligeable de citoyens français, certainement la majorité d’ailleurs, et souvent de gauche, intègre parfaitement l’idée d’une France multiculturelle, multiraciale, multiconfessionnelle, capable de distiller une certaine harmonie entre toutes les communautés vivant sous le ciel de l’Hexagone. Et ce serait faire preuve de mauvaise foi que de ne pas admettre cela. Mais les machines politique, sociale, et surtout médiatique s’emballent d’une façon parfois si excessive que cela ne fait qu’amplifier toutes sortes de suspicions. Avec pour résultat des fractures si profondes qu’il est impossible de les colmater en peu de temps. Il faudrait pour cela toute une génération. Encore faut-il que des hommes politiques charismatiques et éclairés prennent les rênes de la destinée de ce pays, si tant est que les légèretés médiatiques cessent d’alimenter la haine et la stigmatisation de communautés entières à partir de faits isolés et ponctuels !

Malheureusement, des hommes ou des femmes d’envergure, capables de tenir des discours d’éveil, à même d’aller à contre-courant des résultats de sondages servis par une presse peu amène, je n’en vois pas ! Quant aux médias audiovisuels, un sensationnalisme, souvent maléfique, semble être l’unique gagne-pain de la majorité des journalistes ! Autant leur demander de mourir de faim ou de se faire hara-kiri que d’exiger d’eux la retenue nécessaire à toute avancée !

En conclusion, substituer aux lois des cieux, des codes impérieux pour mieux gérer la cité, c’est bien, encore faut-il que ces codes servent à colmater certaines fractures au lieu de les élargir, et qu’elles émanent de processus mûrement réfléchis et non pas de réactions zélées et irréfléchies, comme cela semble être le cas dans l’affaire du burkini.

Pendant ce temps, la guerre fait rage ! À quelques centaines de kilomètres de Paris, des balles pleuvent, des hommes meurent et tombent sous des bombes fabriquées par «l’intelligence» anti-burkini !

Pauvre homo-Sapiens !

Kacem Madani

(*) Pour une analyse complète voir : https://www.lematindz.net/news/21681-la-france-asphyxiee-par-un-simple-itsi-bitsi-petit-burkini.html

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