Site icon Le Matin d'Algérie

La France «soutient» le plan marocain au Sahara occidental

Séjourné et Bourita

Stéphane Séjourné, le patron de la diplomatie française et son homologue Nasser Bourita ont refait les grandes lignes du partenariat franco-marocain. A la clé le soutien français au plan marocain au Sahara occidental. 

Les chefs de la diplomatie française et marocaine ont signalé avec force lundi à Rabat leur volonté de tourner la page des crises diplomatiques récentes et d’instaurer un partenariat « d’exception » renouvelé dans un « respect mutuel ». Cela faisait depuis plusieurs mois que les relations entre les deux pays étaient au plus mal.

Comme pour rattraper le temps perdu, Stéphane Séjourné n’a pas manqué de souligner qu’il avait choisi le Maroc pour sa première visite officielle au Maghreb depuis sa prise de fonction, il y a un peu plus d’un mois. L’air de jeter la pierre à Alger, l’autre capitale en crise avec le Maroc.

« Il y a entre la France et le Maroc un lien exceptionnel et le président (Emmanuel Macron) veut que ce lien reste unique et qu’il s’approfondisse encore dans les prochains mois », a déclaré le nouveau ministre français des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse commune.

Son homologue marocain a estimé, lui, que la relation bilatérale n’avait « pas d’égal ». Voire ! Qui l’aurait cru ? Pour écrire un nouveau chapitre, Stéphane Séjourné et Nasser Bourita ont « longuement » discuté de l’épineux dossier du Sahara occidental. Ainsi donc, serait-ce seulement ce dossier qui soit prioritaire entre les deux capitales. quitte à mettre Alger en rogne.

Le ministre français a réitéré le soutien « clair et constant » de Paris au plan d’autonomie marocain, tout en assurant vouloir « avancer » sur ce dossier.

« C’est un enjeu existentiel pour le Maroc. Nous le savons », a insisté M. Séjourné. « Nous l’avons dit et je le redis aujourd’hui peut-être avec plus de force: il est désormais temps d’avancer. J’y veillerai personnellement ».

Le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole, est contrôlé de facto en majeure partie par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. L’ONU considère pourtant qu’il s’agit d’un « territoire non autonome ».

Enhardi par la reconnaissance par l‘administration américaine de Donald Trump fin 2020 de sa souveraineté sur ce territoire en contrepartie d’un rapprochement avec Israël, le Maroc déploie depuis une diplomatie offensive pour rallier d’autres pays à ses positions.

La France compte accompagner le développement du territoire « en appui des efforts marocains ». Cette position signe un revirement de la France sur la question du Sahara occidental. Après l’Espagne, les Etats-Unis et l’Allemagne, la France rejoint le contingent des pays gagnés au plan marocain.

Cette position constitue un autre échec patent de la diplomatie algérienne. La déclaration du patron de la diplomatie française risque d’irriter fortement le régime algérien, soutien historique du Polisario.

On se souvient que Tebboune avait rappelé l’ambassadeur d’Algérie à Madrid suite au soutien affiché par le chef de gouvernement espagnol à la solution marocaine sur le Sahara occidental. Alors sommes-nous à la veille d’une nouvelle crise avec Paris ? Wait and see.

Une crise qui aura duré 3 ans

À Rabat, la décision française, en septembre 2021, de réduire de moitié l’octroi des visas aux Marocains avait été particulièrement décriée. De plus, la politique de rapprochement avec l’Algérie voulue par Emmanuel Macron, alors qu’Alger a rompu en 2021 ses relations diplomatiques avec Rabat, avait irrité le Maroc au plus haut point.

Côté français, on n’avait guère apprécié les révélations du consortium de médias Forbidden Stories, selon lesquelles des numéros de téléphone d’Emmanuel Macron et de ministres avaient été ciblés en 2019 par le Maroc, utilisateur du logiciel espion israélien Pegasus. Rabat a démenti. Mais cela n’avait pas suffi pour éteindre l’incendie.

Yacine K.

 

Quitter la version mobile