Mercredi 6 mai 2020
La gestion des EPE en Algérie : un jeu à somme nulle !
Quand le prix baril du pétrole rit, la gestion pleure, l’Etat pavoise, la société se tait, le ciel s’éclaircit, les oiseaux gazouillent, la vie est belle, c’est l’ivresse. Elle est de courte durée. Le réveil est brutal. C’est la gueule de bois. Un bon café, les choses rentreront dans l’ordre.
Le prix du brut s’effondre, les langues se délient, l’Etat s’affole, la société se meurt, le ciel s’assombrit, les oiseaux émigrent, la vie est terne, les funérailles s’organisent. La fin est proche.
Hier comme aujourd’hui, le gouvernement algérien cherche désespérément une voie qui lui assurerait d’améliorer l’efficacité dans la gestion des entreprises sans diminuer pour autant son emprise sur celles-ci.
Deux alternatives s’offrent à lui : soit il octroie véritablement et non formellement le statut d’agents économiques autonomes et les oblige au respect absolu de l’équilibre comptable et financier et disparaître à tout jamais, soit il maintient les entreprises dans la stricte obéissance et, par conséquent il est condamné à les subventionner, d’une manière ou d’une autre, sous une forme ou sur une autre, seul ou avec des partenaires chimériques.
Dans la première alternative, il se refuse le droit d’intervenir dans la gestion de l’entreprise. Cette solution a l’avantage d’une efficience économique c’est-à-dire la possibilité d’agir sur les coûts et la productivité dans un marché concurrentiel.
Cependant, elle présente l’inconvénient de faire déraper le système mis en place par les risques de dysfonctionnement qu’elle implique sur le plan socio-politique. Dans la seconde alternative, il s’implique dans la gestion et par conséquent, il partage les risques et prend en charge le déficit. Cette solution a l’avantage de pérenniser l’entreprise et de sauvegarder les emplois et d’éviter les dérapages.
En revanche, elle présente l’inconvénient de peser lourdement sur le budget de l’Etat et de déséquilibrer davantage la balance des paiements du pays sans pour autant garantir une production plus accrue ou une efficience dans la gestion.et dans la productivité. Mais peu importe le sens des vents quand on n’a pas de port d’attache.
Lorsqu’il s’agit de prendre des décisions, les hommes du et/ou au pouvoir raisonnent à court terme, ils sous estiment les conséquences à plus long terme négligeant d’appliquer les remèdes que dicte la raison laissant en suspens les questions d’importance cruciale. Si le marché sanctionne l’entreprise, l’Etat sanctionne les dirigeants.
Pour se protéger contre des sanctions arbitraires, les gestionnaires vont recourir aux moyens illégaux pour adapter les résultats économiques aux attentes et aux désirs des gouvernants jusqu’à constituer, maintenir et entretenir les réseaux clientélistes dont les membres se protègent mutuellement.
Certains troquent leur influence politique contre des biens et services auxquels d’autres ont accès du fait de leur fonction, d’autres profitent de leur séjour au poste clé pour se garantir une retraite dorée dans l’appréhension constante d’une décision soudaine.