Samedi 26 octobre 2019
La grève générale est-ce l’ultime solution ?
Beaucoup de voix s’élèvent en faveur d’une grève générale pour renforcer l’expression du mécontentement populaire traduit par le Hirak chaque semaine et cela depuis bientôt neuf mois et d’autres aussi nombreux sont nettement contre et considèrent cela comme étant superflu.
Une prise de position « bâclée » sur le sujet en question me paraît déraisonnable et, ma foi, irresponsable, à dire vrai, ce sujet me tarabuste depuis son apparition dans les débats et autres échanges d’idées depuis les quelques semaines suivant le 22 février, rappelez-vous il en était question comme ultime recours à l’entêtement du pouvoir.
C’est après mûre réflexion que j’ai pu saisir sommairement les bienfaits et les méfaits d’une telle action, la grève est en quelque sorte, si vous préférez, un paradoxe et non des moindre.
Certes, une grève générale démontrerait une fois pour toute la volonté de la majorité des algériens d’exprimer leur désaccord devant la situation vers laquelle le pays s’achemine « pianissimo » et ce, par la tenue d’une consultation électorale majeure en cette fin d’année.
D’un autre côté, un mouvement d’une telle ampleur, s’il se réalise à une échelle nationale, risque d’envenimer encore plus le contexte d’un point de vue économique, les retombées seront toxiques sur le peuple déjà fragilisé par l’incertitude de ne pas avancer d’un iota depuis huit mois. Mise à part les incarcérations « en veux-tu en voilà » qui, franchement, n’amusent plus grand monde désormais.
Donc, cette grève ne profitera à personne dans l’Algérie intra muros, pour certains ils ne verront même pas de différences dans leurs quotidiens opulents, de toute façon ils sont à l’image du pays, ils ne consomment que les denrées importées, c’est fou, même l’eau minérale y passe à coût de deux cent dinars la bouteille avec des « packs » bien rangés dans leur 4×4 dont le prix équivaut à celui d’un appartement haut standing.
Pour d’autres, les choses seront différentes et risquent de noircir les jours d’automne qui s’installent déjà, ceux pour qui, la vie est simple sans extravagances outrancières, ceux qui n’arrive pas à se projeter dans l’avenir, un avenir proche, je parle de semaine et nullement de mois.
Ce peuple qui voit la normalité partout où il pointe sa parabole mais qui ne supporte plus la dualité au sein de laquelle il évolue, deux Algérie en une, la belle et confortable vie qui côtoie, sans trop de frictions, la grise et saumâtre existence.
Une grève générale serait, selon moi, une erreur car elle ne ferait que déclencher les plans machiavéliques d’une caste qui n’attend que ça, que le pays soit ouvertement en crise économique pour se refaire et, à ce moment, nous reviendrons à la case départ avec une autre oligarchie bien plus prudente , hautement plus rusée et politiquement potable.