Le pôle judiciaire antiterroriste en Tunisie a demandé à l’autorité de tutelle de la justice de lever l’immunité de 13 juges pour pouvoir les interroger en lien avec des présumés crimes « terroristes », a indiqué mercredi leur avocat à l’AFP.
A la suite de cette demande, le Conseil supérieur provisoire de la magistrature (CSM) a convoqué les 13 juges pour qu’ils se présentent dans ses bureaux le 24 janvier, a précisé l’avocat, Ayachi Hammami. L’Etat de droit tremble depuis plusieurs mois en Tunisie. Décidément le président Kais Saied va finir par avoir toute la Tunisie sur le dos en ouvrant plusieurs fronts.
La requête du pôle antiterroriste survient sept mois après que le président Kais Saied, qui a renforcé sa tutelle sur le système judiciaire, a révoqué 57 magistrats, les accusant de corruption et d’entrave à plusieurs enquêtes, particulièrement celle en lien avec les assassinats de deux opposants de gauche en 2013.
Mais en août, la justice a décidé de suspendre la révocation de 49 de ces juges, dont ceux convoqués par le CSM, a ajouté Me Ayachi.
Sur instruction de la ministre de la Justice, Leila Jaffal, le pôle judiciaire antiterroriste a ouvert durant l’été une enquête contre ces 13 juges « pour des crimes terroristes », selon la même source. « C’est une affaire purement politique », a déploré Me Ayachi.
La révocation des 57 magistrats avait été dénoncée par plusieurs ONG, dont Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, comme une « attaque directe contre l’Etat de droit » et avait entraîné une grève de plus d’un mois très suivie de leurs collègues.
L’Association des magistrats tunisiens (AMT) a publié dans la nuit de dimanche à lundi 26 décembre 2022 une motion de son assemblée générale ordinaire, dans laquelle elle dénonce la dégradation de la situation politique, de celle du pouvoir judiciaire et des libertés et droits sous le régime Kaïs Saïed.
Assurant agir dans l’intérêt du pays qu’il jugeait ingouvernable, M. Saied s’était arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, faisant craindre une dérive autocratique dans le berceau du Printemps arabe.
Avec AFP