30 janvier 2025
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La justice française suspend l’expulsion de « l’influenceur » Doualemn

La tentative d’expulsion controversée de « l’influenceur » algérien Doualemn a cristallisé la crise entre les autorités La justice française suspend l’expulsion du « l’influenceur » Doualemn et françaises. Cet événement met en lumière les tensions existantes entre les deux pays et soulève des questions sur les procédures d’expulsion en France.

Cet influenceur patenté doit jubiler après cette de décision de la justice. L’affaire, qui a rapidement pris une tournure politique, a fait réagir aussi bien les autorités françaises que les responsables algériens, mettant en jeu des questions de droits de l’homme, de souveraineté nationale et de relations diplomatiques.

La réaction de l’Algérie

Doualemn, âgé de 59 ans, est un influenceur algérien très suivi sur TikTok. Il se trouve dans le sud de la France début janvier 2025 lorsque la police le place en garde à vue, en raison d’une vidéo qu’il a publiée sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, il appelle à infliger une « sévère correction » à un opposant politique algérien. Cette déclaration est perçue par les autorités françaises comme une incitation à la violence, justifiant ainsi une réaction rapide.

En réponse, le ministère de l’Intérieur français décide de retirer le titre de séjour de Doualemn et d’entamer une procédure d’expulsion. Celui-ci est d’abord transféré dans un centre de rétention administratif avant d’être renvoyé vers l’Algérie, deux jours plus tard. Cependant, une fois arrivé à Alger, les autorités algériennes refusent de l’accepter sur leur sol, arguant qu’il n’a pas eu l’opportunité de se défendre devant la justice française. En conséquence, Doualemn est renvoyé en France, une situation qui provoque une vive réaction de la part du gouvernement français.

Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, exprime sa colère, qualifiant le refus algérien d’« humiliation » pour la France. Les autorités françaises jugent l’attitude d’Alger inacceptable et dénoncent une ingérence dans leurs affaires intérieures. Cette escalade des tensions diplomatiques crée un climat tendu entre les deux pays, déjà marqués par des relations souvent complexes.

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La décision du tribunal administratif

Le 29 janvier 2025, le tribunal administratif de Paris rend une décision qui va à l’encontre de la procédure d’expulsion d’urgence décidée par le ministère de l’Intérieur. Selon la justice française, l’expulsion de Doualemn ne reposait pas sur une situation d’urgence absolue. En effet, le tribunal juge que sa présence en France ne représentait aucun danger imminent pour l’ordre public. De plus, les juges rappellent que Doualemn n’avait pas été placé en détention provisoire à la suite de sa garde à vue, ce qui montre qu’il ne représentait pas une menace immédiate.

Le tribunal estime que la procédure d’expulsion, qui a été engagée par un arrêté du ministère de l’Intérieur, n’a pas respecté les règles légales en vigueur. Une expulsion d’urgence ne peut être décidée que lorsqu’il existe une menace grave et immédiate pour l’ordre public, ce qui n’était pas le cas dans cette situation. Le tribunal souligne que la menace évoquée par les autorités françaises, bien que reconnue comme grave, n’était pas suffisamment justifiée pour justifier une expulsion sans passer par la procédure ordinaire. Cette décision est perçue par les avocats de Doualemn comme un véritable « camouflet » pour le gouvernement français, notamment pour Bruno Retailleau, qui, selon eux, a tenté d’utiliser cette affaire à des fins politiques, en contournant les procédures légales.

Rétention et contestations

Malgré la décision du tribunal administratif, Doualemn reste actuellement en rétention administrative au centre du Mesnil-Amelot, un centre situé à proximité de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, en attendant la suite de la procédure. Les avocats de l’influenceur ont d’ores et déjà annoncé leur intention de contester cette rétention, arguant qu’elle est également illégale. Ils soulignent que la décision de le maintenir dans ce centre est en contradiction avec le jugement du tribunal qui a estimé que l’expulsion ne pouvait être décidée de manière précipitée et sans recours à une procédure complète.

Le cas de Doualemn soulève ainsi de nombreuses interrogations, tant sur la gestion des expulsions en France que sur les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie. Cette affaire met en évidence les tensions persistantes entre les deux pays, exacerbées par des questions liées à la souveraineté, la sécurité nationale, et les droits des citoyens étrangers présents sur le sol français.

Imad Ould Brahim, dit Imad Tintin, est cet autre « influenceur algérien » de 31 ans en prise avec les autorités françaises. Il va donc rester en prison avant son procès prévu le 5 mars prochain. La chambre des appels correctionnels de la cour d’appel de Grenoble a rendu son arrêt ce jeudi 30 janvier en début d’après-midi.

La crise diplomatique majeure

Alger et Paris ne se parlent plus que plus. Leurs seuls échanges se font par les polémiques et autres piques vipérines que les tenants du nationalisme chauvin des deux côtés s’échangent avec bonheur et cynisme. Cette crise n’est pas un incident isolé dans les relations franco-algériennes, qui ont été marquées par des périodes de tensions et de rapprochements au cours des dernières décennies. Les enjeux historiques, liés notamment à la guerre d’Algérie et à la question de la mémoire, pèsent lourdement sur les relations diplomatiques entre les deux nations. Ces tensions se sont intensifiées ces dernières années, notamment avec des divergences sur des questions de politique migratoire, de sécurité et de gestion des flux de réfugiés.

L’affaire Doualemn, bien qu’elle soit de nature judiciaire, a ravivé ces tensions. En Algérie, les autorités dénoncent régulièrement les pratiques migratoires de la France et l’instrumentalisation de la question des droits de l’homme dans le cadre des relations bilatérales. Du côté français, l’affaire a été utilisée pour souligner la nécessité de prendre des mesures strictes contre les personnes jugées menaçant l’ordre public, notamment en raison de leur comportement sur les réseaux sociaux.

En conclusion, l’affaire Doualemn reste un symbole de l’instabilité des relations entre la France et l’Algérie. La décision du tribunal administratif de Paris marque une étape importante dans le dénouement de cette crise, mais il est probable que cette affaire continue d’alimenter les débats sur les politiques migratoires et les rapports entre les deux pays. Il est également possible que des conséquences diplomatiques plus larges en découlent, avec de nouvelles tensions dans un contexte international déjà fragile.

Rabah Aït Abache

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