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La langue française progresse en locuteur et en vitalité dans le monde

Les textes prédisant l’apocalypse pour la francophonie semblent voir l’arbre plutôt que la forêt cachée derrière.

Constatant la perte de vitesse de la France en Afrique, plusieurs croient que cela pourrait jeter une ombre sur la prévision qu’il y aurait 750 millions de francophones sur la planète avant la fin de ce siècle. Dans une récente entrevue dans un média français, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, affirmait le 31 août que « contrairement à une idée reçue, la langue française progresse dans le monde. » Malgré les coups d’État qui se multiplient dans certains pays d’Afrique francophone, elle mentionne que dans de nombreux pays, le français reste la seule langue internationale qui permette de communiquer avec le reste du monde et de faire du commerce. L’utilité de son organisation reste donc des plus grandes.

L’ONU encense l’OIF

L’OIF a une meilleure réputation que beaucoup ne le croient dans les temps qui courent. L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté par consensus le 25 août dernier, la résolution intitulée « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation internationale de la Francophonie ». Dans cette résolution, l’OIF y est décrit en des termes des plus élogieux. L’Assemblée générale y affirme se réjouir que la Secrétaire générale de la Francophonie continue de s’employer à transformer son organisation. L’Assemblée générale souligne aussi que les chefs d’État et de gouvernement réunis au dix-huitième Sommet de la Francophonie se sont aussi félicités de cette transformation qui devrait rendre l’OIF plus souple, efficace et utile. Elle affirme aussi voir avec satisfaction l’attachement de l’OIF aux droits humains, à la gouvernance démocratique et à l’état de droit, à l’accès à une éducation de qualité, à la coopération multilatérale pour la paix, à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes. L’Assemblée générale prend aussi note avec satisfaction de la création de la plateforme francophone des initiatives de lutte contre la désinformation et de très nombreuses autres actions de l’OIF qui vont dans le sens de l’amélioration de la qualité de vie sur la planète.

Immense vitalité du français

Même l’évolution positive du français est mal connue. Il y a quelques semaines de cela, 18 linguistes provenant de la France, du Québec, de la Belgique et de Suisse ont publié un manifeste chez Gallimard avec le nom évocateur de « Les linguistes atterré.e.s : le français va très bien, merci! » y affirmant que cette langue n’est pas en train de s’appauvrir et que les complexes linguistiques que certains ont sont mal venus.

Pour la linguiste Corinne Rossari, professeure à l’Université de Neuchâtel, les discours alarmistes sur l’état de la langue française ne sont pas fondés sur des faits linguistiques. Pour ce collectif, l’accumulation de déclarations catastrophistes sur l’état actuel du français empêche de comprendre son immense vitalité, et même de croire à son avenir. Ils ont donc déconstruit 10 idées reçues sur la langue française concluant qu’elle ne serait pas menacée, ou envahie par l’anglais. Selon eux, la lecture nationaliste d’un mot est un contresens puisqu’il néglige l’histoire de la langue.

Il serait illusoire de croire que la graphie du français serait fixée et parfaite. Cette langue ne serait pas non plus en péril face à l’extension du féminin et autres récentes modifications qui contreviendraient à un bon usage fantasmé. Selon eux, le combat des linguistes français en serait un pour la démocratie qui permettrait à chacun de se réapproprier sa langue.

Cela ouvre toute grande la porte à une francophonie diversifiée présente sur les cinq continents et à l’OIF avec ses 88 États membres qui voient soudainement que leur population pourrait parler un meilleur français qu’ils le soupçonnaient. Les francophones du monde entier pourraient donc prendre plus de plaisir à parler et écrire dans leur langue.

Le français est une opportunité de croissance

Les francophones qui sont actuellement 321 millions dans le monde sont sur le chemin d’une fulgurante augmentation de leur nombre qui devrait plus que doubler en quelques décennies. Il y a indéniablement des opportunités économiques qui sont rattachées à cette explosion de population francophone de plus en plus éduquée. La République démocratique du Congo qui vient de tenir les Jeux de la Francophonie, prévus en 2021, puis en 2022 dans d’autres pays qui se sont désistés, en est sortie grandie et s’est découvert une fibre sportive qu’elle entend exploiter au maximum.

De l’autre côté de l’Atlantique, Martine Biron ministre de la Francophonie revenait le 31 août d’une mission au Luxembourg en Suisse qu’elle voit comme ayant permis de renforcer de nombreux liens économiques et politiques dans des territoires francophones.

« Outre le renforcement de nos relations économiques, politiques et culturelles, cette mission nous aura permis de partager nos visions et d’en apprendre davantage sur nos façons réciproques d’aborder les responsabilités politiques et sociales communes », affirme-t-elle. Elle y aurait non seulement parlé de l’expertise du Québec en matière d’égalité et de protection des droits des personnes LGBTQ+, mais aussi de ses entreprises au fort potentiel de développement.

Selon Louise Mushikiwabo, même si la langue française régresse en Europe et en Amérique du Nord, son nombre de locuteurs reste tout de même en croissance à l’échelle mondiale, surtout en Afrique. Négliger de vouloir se joindre à cette population partageant la même langue pourrait être une erreur coûteuse.

Michel Gourd

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