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La librairie Chikh fermée, Koukou éditions exclu du salon du livre du Djurdjura

La librairie Cheikh fermée

La librairie a été fermée par le wali de Tizi-Ouzou, Boucetta.

Nouvelle escalade dans la répression contre les espaces de libre débat en Kabylie. Après l’interdiction du Festival Racont’Arts et des cafés littéraires, la police vient de fermer la librairie Chikh de Tizi Ouzou, une institution culturelle bien connue des éditeurs et des écrivains algériens.

Selon M. Omar Chikh, son propriétaire, on lui reproche de ne pas avoir « la mention des ventes dédicaces sur son registre de commerce » ! Ce code, qui n’existe pas au CNRC (Centre national du registre de commerce), n’est exigé d’aucune autre librairie à travers le territoire national, où les séances de signature se déroulent sans incident.

La fermeture survient au moment où Koukou Editions est exclu du Salon du livre Djurdjura, prévu du 11 au 16 décembre 2024, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou.

Des dizaines d’auteurs algériens sont, une nouvelle fois, déclarés indésirables dans une manifestation culturelle officielle, en violation des lois de la république. Parmi eux : Tassadit Yacine, Salem Chaker, Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri, qui ont consacré leur vie à la défense et à la promotion de la langue et de la cultures amazighes.

En juin dernier à Bgayet, la police était intervenue à la librairie Gouraya, pour interrompre brutalement la présentation d’un livre-témoignage d’une anthropologue sur la Kabylie.

En octobre, les organisateurs du Salon du livre amazigh d’Ath Ouacif ont refusé avec dignité de se soumettre aux injonctions illégales des cagoulards de la censure, qui ont conditionné l’autorisation de la manifestation par l’exclusion de Koukou Editions.

Dans un climat liberticide qui a prohibé tous les espaces de débats citoyens, la Kabylie est soumise à une série de provocations aussi incompréhensibles qu’illégales, qui ont fini par s’imposer comme un statut particulier dans la répression.

Au moment où le pays traverse une zone de turbulences géopolitiques sur fond de luttes d’influence dans le sérail, ces provocations récurrentes, dont il reste à percer les objectifs, doivent être condamnées comme un crime impardonnable contre la nation.

A la veille de la Journée internationale des droits de l’Homme, et de la commémoration des manifestations populaires du 11 décembre 1960, Koukou Editions tient à saluer la position solidaire et digne des éditeurs, auteurs et conférenciers qui ont décidé de boycotter ce Salon de la censure et de la normalisation des esprits, pour ne pas se rendre complices d’une intolérable forfaiture.

Alger, le 09 décembre 2024.

Arezki Aït-Larbi

Directeur de Koukou Editions.

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