12 décembre 2024
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Koukou éditions exclue du Sila 2024

Après une série d’interdictions arbitraires, Koukou Editions est, une nouvelle fois, exclu du Sila, sans motif légal. Notre plainte pour ‘’abus de fonction, attentat à la liberté, et empiètement sur les prérogatives du pouvoir judiciaire’’ contre le président de la Commission de censure du ministère de la Culture qui a ordonné cette forfaiture, et le commissaire du Sila qui l’a exécutée, vient d’être rejetée par le juge d’instruction du tribunal d’Hussein Dey.

Son ‘’refus d’ouvrir une information judiciaire’’ a été notifié à l’un de nos avocats par SMS ! En décidant de faire appel de cette décision devant la chambre d’accusation de la Cour d’Alger, Koukou Editions est déterminé à aller jusqu’au bout de la procédure, même si l’issue en est incertaine.

Malgré le secret qui entoure ces opérations, le groupuscule extrémiste qui a pris en otage le ministère de la Culture commence à tomber le masque et révéler les leviers idéologiques qui l’animent. Chef officiel de cette secte, M. Tidjani Tama, directeur du Livre et président de la Commission de censure, est un personnage bien singulier.

Militant communiste par accident à la fin des années 80, islamiste par opportunisme dans les années 1990, sa fascination pour les idéologies totalitaires est devenue une feuille de route qui va transformer une institution culturelle respectable, en Kommandantur chargée de contrôler les lectures des Algériens à l’aune de ses fantasmes.

Le palmarès du préposé à l’inquisition est déjà très lourd. Au Sila, la propagande wahhabite outrageusement subventionnées par les pays du Golfe occupe une grande partie des stands. ‘’Mein Kampf’’ d’Hitler et les ‘’Mémoires’’ de Mussolini traduits vers l’arabe par un éditeur égyptien y sont exposés depuis 2016, et leurs auteurs présentés comme des ‘’modèles de réussite sociale’’. Au moment où Eric Zemmour, leader d’extrême droite condamné par la justice française pour ‘’provocation à la haine raciale’,’ était à Tel Aviv pour encourager l’armée israélienne dans son génocide contre le peuple palestinien, son dernier livre était à l’honneur lors du Sila 2023.

Cette bienveillance de la Commission de censure pour des auteurs controversés, contraste avec le harcèlement qui cible Koukou Editions. Objectif : bâillonner les auteurs progressistes, notamment algériens – universitaires, écrivains, moudjahidine, avocats, médecins, journalistes … – qui n’ont pas renoncé à leur devoir de critique sociale et de réflexion autonome.

Depuis quelques mois, la répression contre les publications de Koukou Editions tend à se généraliser pour prendre une allure inquiétante. A Bougie, la police est intervenue, le 29 juin dernier dans la librairie Gouraya, pour interrompre brutalement la présentation d’un livre. Quelques jours plus tôt, c’est le directeur … du Commerce (!) qui avait saisi plusieurs exemplaires d’un autre livre jugé ‘’non conforme aux enseignements de notre religion’,’ car il propagerait ‘’des idées empoisonnées’’ ! A sa décharge, le taliban de poche a assumé l’ignominie en délivrant un procès-verbal qui atteste la forfaiture.

L’article 54 de la Constitution est pourtant clair : ‘’L’activité des publications (…) ne peut être interdite qu’en vertu d’une décision de justice’’. Face à ces violations récurrentes de la loi fondamentale, les autorités concernées, notamment les ministres de la Culture, de l’Intérieur et de la Justice, dont la responsabilité politique est engagée en première ligne, ne peuvent se complaire dans une indifférence complice. S’il s’agit d’actes isolés de nervis incontrôlés, il est grand temps d’y mettre un terme par un rappel à l’ordre républicain et au respect de la Constitution. S’il s’agit d’une nouvelle inflexion autoritaire et obscurantiste qui fait fi de la légalité pour piétiner les droits et les libertés des citoyens, il faut désormais l’assumer sans faux-fuyants.  

Dans ce clair-obscur propice à tous les dérapages, Koukou Editions ne se laissera pas intimider par les miliciens de la pensée, et continuera d’opposer la force du droit à l’arbitraire des sectes en cagoule. 

Alger, le 6 novembre 2024

Arezki Aït-Larbi

Directeur de Koukou Editions.  

5 Commentaires

  1.  » M. Tidjani Tama, directeur du Livre et président de la Commission de censure … ». Président de la Commission de censure: on dirait la réincarnation des pratiques si chères au tristement célèbre Joseph Goebbels, ministre de l’éducation du peuple et de la propagande du Reich. Les spécialistes du ciseau à leur meilleur. Haro sur les éditions Koukou et sur tous les empêcheurs de tourner en rond. C’est uniquement en cela que consiste le très riche programme culturel du directeur du Livre et SURTOUT président de la Commission de CENSURE. Fahrenheit 451 version Algérie Victorieuse.

  2. Dans la nouvelle, tout le monde, d’eric zemmour ou amar bouzouar, ont droit sauf tout ce qui est kabyle.
    A-t-on besoin d’un schéma pour comprendre que le pouvoir illégitime en place nous aime que trop bien ?
    Leur ennemi interieur est le kabyle – donc ils doiven chasser du kabyle sans aucune restriction aucune.
    La justice et le pays leurs appartiennent alors vous perdez votre temps Mr. Ait Larbi.
    Déja votre nom les dérange même si votre père s’est sacrifié pour que des illégitimes, rejetés en masse par le peuple, nous narguent et nous bousculent aujourd’hui.

  3. C’est incroyable, tout de même, cet acharnement hystérique, schizophrénique, en dehors de toute loi et tout cadre juridique.
    Mais ceci n’est pas étonnant. Dans ce pays qu’on appelle Algérie, la loi ne sert, le plus souvent, que en tant que vitrine à exhiber devant les instance internationales, pour éviter au régime qu’on vienne fouiller dans sa merde. En théorie, l’Algérie est doté d’une constitution, d’un gouvernement issu de la volonté populaire, d’un berzidan (ou berdizzan, c’est selon) mal-élu, mais élu quand même, etc. Tout ce foutoir ne sert qu’à faire illusion. Dans les faits, c’est le passe-droit, la force, l’arbitraire, le mépris, bref! la hogra, comme on dit (ce mélange de haine, de mépris, d’irrespect, de volonté d’humilier, …) qui règne, à tous les échelons. Le peuple doit obéir et se taire. Le modèle politique de la junte d’Alger et la Russie, ou mieux, la Corée du Nord. Même pas l’Iran, qu’on trouve trop démocratique, ni l’Arabie Saoudite.

    Le peuple est sommé d’être heureux de ses maîtres. Il doit avoir une confiance aveugle en ses « dirigeants » pour l’éducation, la culture, et tout le reste. Alors oser prétendre, en tant qu’éditeur, avoir un autre avis sur la question ou, en tant que citoyen lambda, rappeler que tout doit être faire selon la loi, dans une république, même bananière, est tout simplement inacceptable. Le juge qui ne voulais pas ouvrir une information judiciaire ? Bof! Qui est-il, le juge, pour demander des comptes à un ministre ignare ?

    On peut continuer comme ça à parler, à écrire, à nous énerver, … Et puis après! Comme je l’ai déjà dit : tant que ce sont toujours les mêmes qui se plaignent, les mêmes qui se soucient des formes, les mêmes qui refusent l’arbitraire, ce régime peut dormir tranquillement… Rien ne changera, sans une révolution, comme celle de novembre 1954. Car, le régime d’Alger est la continuation du régime colonial. Il suffit de relire l’Histoire et de voir comment le Pouvoir a été confisqué en 1962, pour le comprendre.

    Le régime algérien est fondé sur :

    1- l’arabo-islamisme (donc, un courant d’idée fasciste), dont la mission est de gommer toute trace amazighe (donc kabyle) de la mémoire;
    2- le militarisme (donc, une dictature), qui ne voir en le peuple qu’un ennemi qu’il faut mater, tenir en laisse.
    3- la corruption (donc, une maffia)

    En résumé, on a à faire à une dictature militaro-fasciste arabo-islamique maffieuse.

    Ar tufat.

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