24 novembre 2024
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La Libye : géopolitique de la diffraction

DECRYPTAGE

La Libye : géopolitique de la diffraction

Dans l’ensemble maghrébin, la Libye occupe une place particulière au point que sa géographie tout du moins la partie orientale qu’est la Cyrénaïque semble être plus proche de l’Egypte que des autres pays nord-africains.

Même si historiquement, il est daté que la Cyrénaïque a été incorporée sous les Lagides et les Mamelouks au voisinage oriental, il n’en demeure pas moins que d’un point de vue ethnico-historique, elle est au même titre que la Tripolitaine et le Fezzan, partie intégrante de la Tamazgha.

Bien entendu au cours de l’histoire, il y a eu des velléités d’indépendance ou d’autonomie vis-à-vis de Tripoli. Les livres d’histoire rapportent l’épisode grec des antiques Battiates ayant comme capitale Cyrène (Shehat) ou l’Emirat fondé par Idriss al Sanoussi.

A ne s’en tenir qu’à ces deux épisodes historiques, ces deux entités politiques relèvent de circonstances géopolitiques particulières qui n’ont rien à voir avec la situation actuelle.

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Pour rappel, la présence grecque en Libye n’a absolument rien à voir avec l’Egypte antique qui n’a jamais eu de visée expansionniste sur l’ouest du Nil et pas plus que la fondation sous l’instigation de la confrérie senoussiya, de l’émirat de Cyrénaïque  qui est la consécration de la lutte dirigée par Mohamed al Mukhtar contre la présence italienne en Libye.

Une fois dit cela, la situation présente en Libye est due principalement à la décision des pays occidentaux de se venger contre le colonel Al Kadhafi devenu despote de son peuple. Etrangement, les choses ont mal tourné dans ce pays dévasté par la guerre civile. La guerre qui oppose la maréchal Haftar armé par l’Egypte et la Russie et par tant d’autres parties, et de l’autre le gouvernement de Fayyaz al Serraj soutenu par la Turquie et ses alliés, gouvernement pourtant reconnu par les Nations unies, plonge le pays dans d’incessants jeux politiques qui cachent l’enjeu géopolitique.

A coudées franches, l’intervention militaire de la Turquie a permis au gouvernement de Tripoli de stopper la marche des forces du maréchal Haftar sur la capitale libyenne.

Revigorées par quelques victoires militaires, les forces gouvernementales avec le soutien des Turcs tentent de récupérer les territoires perdus pour contrôler les puits de pétrole. De ce fait, comme le noeud de la guerre est l’argent, les champs pétrolifères et les voies d’approvisionnement sont à l’instant devenus les points névralgiques des batailles en cours.

L’accélération du conflit amène son lot d’interventions dont le dernier en date est celui de la volonté de l’Egypte d’intervenir militairement pour soutenir le maréchal Haftar.

L’affrontement des puissances régionales est un calcul géopolitique qui cache mal la stratégie des grandes puissances. Si la Russie tente depuis la Syrie d’imposer l’autoritarisme du général Haftar, les USA  moins impliqués directement dans le conflit ménent une politique de l’intérêt immédiat et du moindre coût. Du coup, l’entrecroisement des doctrines géopolitiques  des grandes et moyennes puissances élimine des pays comme l’Algérie, la Tunisie et la France du jeu diplomatico-militaire.

Certes, la France comme tous les pays européens sont concernés par le flux migratoire en provenance de Libye mais force est de constater que la « menace d’immigration massive » si elle aura lieu, est due aux égarements  et autres atermoiements de la position officielle des autorités francaises vis à vis de la Libye. Ainsi, en changeant de doctrine militaire, le rapprochement diplomatique entre l’Algérie et la France s’explique en partie par la coopération saharienne de la lutte contre les groupes terroristes au Sahel.

A ce jour, l’élimination concomitante des pays nord-africains et européens du terrain des opérations s’inscrit dans la logique de l’entremêlement des forces militaires comme en Syrie qui ne donne ni vainqueur ni vaincu.

Du reste, le scénario le plus vraisemblable et à cause de l’enracinement du tribalisme  et de la faible adhésion au nationalisme libyen, demeure l’émiettement tribal ou une partition régionale qui, forcément en tant que facteurs aggravant la diffraction, ne permettront pas dans l’immédiat aux Libyens de former un Etat unifié.
 

Auteur
Fateh Hamitouche

 




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