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La main de la souveraineté

Elle a pris plusieurs bulletins, cette main. Elle a tiré le rideau pour l’intimité de son choix. Celle qui permet qu’on ne la pointe pas du doigt ni ne l’invective ou que d’autres mains ne la menacent.

Elle met l’un des bulletins dans l’enveloppe et prend soin de ne pas laisser les autres dans l’isoloir. Le droit à l’intimité de la conscience le lui demande une seconde fois.

Elle signe et met l’enveloppe dans l’urne qui se referme par le bruit de son clapet. Puis elle entend une voix qui lui annonce « a voté ! ».

Ce qu’elle venait de faire est l’expression de sa souveraineté. Elle venait d’exprimer son souhait que la vie change pour elle car elle en est seule juge. Elle sait que certaines mains votent avec leur pied ou avec amour. Elle sait que c’est la raison seule qui l’a guidée.

D’autres mains ne se sont pas déplacées et certaines ne l’ont jamais fait. Elles sont les passagères clandestines de la démocratie. Elles préservent leur conscience et sont les premières à porter haut leur colère contre les mains dirigeantes.

Bien entendu qu’elles ont le droit de s’abstenir mais elles profitent de la souveraineté que lui assurent les autres mains dans la démocratie des mains.

Ces mains seront préservées de l’amputation, de la mutilation et de leur pouvoir à gagner leur subsistance par leur dur travail et la faculté de la porter à la bouche, à faire tous les gestes qu’elles souhaitent et même les maquiller pour la beauté dans la communauté des mains.

Cette main qui vient de déposer une enveloppe a entendu que dans certaines contrées, d’autres mettaient une enveloppe par la violence de la contrainte, d’autres parce qu’un fil de marionnettiste les manipulent. Certaines sont éduquées pour une danse collective, dans l’emprise d’une musique qui les envoûte et qu’elles finissent par suivre le rythme.

Mais pire encore, sa copine l’oreille lui a chuchoté que certaines étaient interdites de poser une enveloppe ou que celle-ci a déjà été mise dans la boîte de la souveraineté.

Mais parfois les mains se rebellent, elles sont faites aussi pour prendre les armes de leur combat.

Boumediene Sid Lakhdar

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