Lundi 9 juillet 2018
La question de l’homosexualité en Algérie, un droit intangible
A l’occasion de la marche des fiertés (Gay Pride), manifestation internationale de la communauté gay, l’ambassade de Grande Bretagne à Alger a hissé le drapeau arc-en-ciel en cet honneur. Et voilà que les faux dévots, les mamamouchis de la vertu et autres prescripteurs des règles de bienséance publique s’insurgent et crient au sacrilège.
Pour la morale publique et la législation algérienne, il ne pourrait y avoir d’homosexualité que celle qui dérive de pratiques détournées immondes que le droit doit sanctionner lourdement par une qualification délictuelle.
En 43 ans de résidence en France, je n’avais jamais fait l’objet d’une sollicitation directe de la part d’un homosexuel. Lorsque j’ai ouvert un compte Facebook, il ne s’est pas passé une seule minute sans être inondé de messages d’Algériens très clairs à ce sujet sur la messagerie privée Messenger. Si l’homosexualité est une perversion, le pourcentage de pervers en Algérie est alors à un sommet qui culmine les pires représentations de Sodome et Gomorrhe.
Pour un démocrate et un humaniste, il y a longtemps que cela ne lui pose aucun souci existentiel. Considérer l’homosexualité comme un délit était, il n’y a pas si longtemps encore, une réalité juridique dans les plus grands pays démocratiques. Mais il est maintenant une hérésie, dans notre monde actuel, de condamner pénalement une orientation sexuelle, naturelle ou choisie. C’est même une monstruosité.
Car au-delà de la nécessaire modernité des esprits, il y a une grave atteinte aux libertés fondamentales de l’être humain dans sa propension à vivre librement sa sexualité. Je ne suis pas homosexuel, je n’ai pas à m’en justifier mais il est important de rappeler qu’on n’est pas obligé d’être concerné par un droit pour le revendiquer au bénéfice de tous dès lors qu’il est fondamental.
Nul ne peut s’ériger en censeur envers une liberté sexuelle dès lors qu’elle est encadrée par des restrictions tout à fait acceptables dans un pays de droit soit l’interdiction de la pédophilie, de l’inceste ou du harcèlement. En somme, on demande aux homosexuels, hommes ou femmes, de respecter les mêmes règles de droit que celles imposées aux hétérosexuels, ni plus ni moins.
Que l’homosexualité soit interdite par la religion, c’est l’affaire des croyants, pas de la république et de ses lois. Et si cette homosexualité est punie lourdement par la peine de mort dans ces religions, c’est une partie considérable de la population qui serait disséminée.
Il faut que les Algériens résolvent d’une manière urgente le principal problème de leur société, la sexualité et son rapport au public. C’est le fond du mal, la racine de toutes les dérives et barbaries.
Nous avions vécu dans une Algérie qui n’était pas aussi malade qu’elle l’est aujourd’hui mais, déjà à cette époque des années soixante et soixante-dix, régnait cette tentative des prêcheurs et faux dévots à vouloir encadrer le tourment le plus lourd de leur propre pathologie. Nous étions très jeunes mais nous n’étions pas des débiles et nous nous apercevions bien des tentatives de contacts malsains dans les autobus, les cinémas et jusqu’aux fêtes privées dans les familles.
Et c’était le plus souvent de la part des mêmes, ceux qui prêchaient la grande moralité de l’Islam et en étaient habillés ostentatoirement pour le montrer, depuis les babouches jusqu’aux turbans ridicules sur la tête.
C’est une grande colère qui m’étreint lorsque je constate cette hypocrisie nationale qui mène, petit à petit, vers les abîmes d’une société en déroute. Je suis en colère contre une fausse moralité dans un pays qui croule statistiquement dans les meurtres sexuels, dans des histoires d’incestes à n’en plus finir, dans la barbarie répétée des viols, des crimes de sang et des trafics de tous genres.
Elle a belle figure, cette Algérie, de s’ériger en grande moralisatrice, elle qui est ensevelie dans la honte de sa cocaïne et de ses fortunes offshore colossales. Un offshore où tout leur est permis, depuis la prostitution de luxe jusqu’aux perversions les plus sordides car cachées à l’extérieur du pays comme entre les murs de palais inviolables à l’intérieur du pays.
Et pendant ce temps, certains de nos compatriotes souffrent de leur sexualité car ils n’ont rien choisi ni rien demandé, la nature les a contraints d’accepter ce qu’ils sont. Et nous l’acceptons avec eux car notre humanisme nous interdit qu’il en soit autrement.
Qu’ils se libèrent, qu’ils vivent leur sexualité dans l’équilibre de leur vie sereine et entièrement vouée à leur bonheur d’être des êtres humains. Qu’ils s’organisent en associations, qu’ils réclament légitimement des droits, qu’ils soient en paix avec eux-mêmes car ce n’est pas moi qui irais les menacer des foudres du ciel.
En contrepartie de ce plaidoyer pour leur droit, nous exigeons que les règles de droit habituelles d’un pays démocratique soient rigoureusement respectées et qu’ils cessent d’avancer masqués, sur les réseaux sociaux, dans les institutions publiques comme dans les sphères privées.
C’est en cela qu’ils risquent, à juste raison, d’être qualifiés de pervers, immoraux et hors-la-loi, pas en étant eux-mêmes dans la clarté de la transparence et de la vie publique qui ne souhaite que leur épanouissement.
Mais ma sévérité la plus forte et mon mépris le plus affirmé vont en direction de ces nombreux dévots de la morale qui pratiquent l’homosexualité. L’humanité ne peut plus supporter leur perversité et leur extrémisme de la pensée par leurs désirs mal assouvis et maladifs. Ceux-là sont les plus responsables car ils prêchent et sèment la terreur pour camoufler leurs propres fantasmes.
Il ne faut pas non plus oublier ces centaines de milliers d’homosexuels, noyés dans la masse et plus discrets, qui continuent à se prosterner devant un Grand invisible dont ils disent eux-mêmes qu’il a décrété l’homosexualité comme un grave crime envers la religion. Leur contradiction est immorale et ils sont tout autant coupables. Qu’ils prennent leur responsabilité et soient en accord avec eux-mêmes.
Que flotte le drapeau des gays du monde entier, qu’ils soient heureux et vivent pleinement leur orientation sexuelle. Des gens épanouis ne sont jamais les ennemis du droit, de l’humanisme et de la liberté.