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La résilience de l’économie russe impacte celle du monde

Guerre en Ukraine

Si Henry A. Kissinger, le fameux négociateur sur le proche Orient lors du premier choc pétrolier de 1973, réputé par sa politique de « petits pas » pour passer de « la diplomatie immobile » à celle « de la navette », recommande aujourd’hui à l’Ukraine de « céder une partie de son territoire pour arrêter la guerre en cours», et le chef de la diplomatie française il y a  moins de deux semaine Yves Le Drian, quant à lui prône la négociation avec Vladimir Poutine jusqu’à  ce qu’il se rende compte «du prix à payer».

C’est que le conflit russo-ukrainien n’est pas prêt de trouver son issue voilà plus de 93 jours. Ce que le Pentagone prévoyait comme conséquence des sanctions prises contre la Russie, celle de voir son économie revenir aux années  d’avant-Poutine avec une récession de – 10% en 2022, n’est en fait qu’un vœu pieu qui ne se réalisera pas de sitôt. 

Tout porte à croire que le paquet de sanctions est devenu au fil du temps contre-productif. Comment ? Rappelons que la plus supposée frappante des sanctions est celle qui a touché la banque centrale russe dont les conséquences ont été le « gel » de plus de 300 milliards de dollars de réserves de change de la Russie Fédérale. 

La  Russie avait été bloquée pour commercer  la technologie de pointe, les équipements de l’industrie énergétique et de  technologies aérospatiales.  Même si de nombreux pays européens, ne voulaient pas en arriver là de part leur dépendance du pétrole russe, les Etats Unis ont interdit quant à eux les importations du pétrole brut russe, du gaz, du charbon , des produits pétroliers et de tout autre produit énergétiques en «provenance » de la Russie. 

L’Union européenne (UE) qui n’a pas réussi à trouver un consensus entre ses membres sur cette question que certains d’entre eux ont considéré comme « une ligne rouge » à ne pas dépasser, a réussi tout de même à «s’engager » pour bloquer le charbon russe. 

Il faut souligner par ailleurs que de nombreuses entreprises internationales n’ont pas réussi à survivre en Russie à  cette rafle de sanction entre autres : McDonald’s, Coca –Cola, Apple et surtout le géant BP ont arrêté leurs activités voire même quitté la Russie. Au début du mois de mars de l’année en cours, le rouble russe devait perdre près de 50% de sa valeur par rapport au dollar, la bourse de Moscou a mis la clé sous le paillasson. Cette valse de sanctions avait donné  justement l’impression à l’Occident  d’enrayer les efforts  économiques  de la Russie pour  créer une explosion sociale dans ce pays qui fera réfléchir les responsables de cette invasion.

Il se trouve justement que la contre offensive dont le paiement des produits autorisés d’être exportés en rouble a fait qu’aujourd’hui sa monnaie est revenu bien au- dessus  des niveaux d’avant le 24 février laissant les observateurs s’interroger justement sur cette résilience inattendue. 

Pourtant les stratèges du Pentagone savent bien que la Russie dispose d’au moins quatre moyens de pression dont elle détient la position unique dans le continent européen et à travers la mer noire la sécurité alimentaire de nombreux pays, ce sont par ordre d’importance croissante : le gaz, le pétrole brut, le charbon et le blé. C’est dans ce cadre justement que la Russie est restée à flot en réalisant un excédent commercial jamais atteint par le passé grâce au niveau des prix de l’énergie durant cette période. 

La relation que la Russie a tissée avec la Chine et l’Inde lui ont assuré l’affluence de la devise étrangère pour un risque de l’éventualité d’insolvabilité. En somme, la résilience aux sanctions des Etats Unis et de l’UE en 2014 lors de l’annexion de la Crimée par la Fédération de Russie, ce pays s’était préparé pour créer dit-on « une forteresse économique » qui lui permettra de tenir tête à toutes les sanctions possibles et imaginables par la nomination ne serait-ce  de la gouverneure de la Banque Centrale Russe  (BCR)  Elvira Nabioullina qui a tout prévu et bataillé pour le maintien du rouble  plaque dorsale de l’économie russe. 

Quatre jours après l’invasion de l’Ukraine, cette femme de métier a fait passer le taux d’intérêt de 9,5% à 20% pour « faire face à toutes les secousses déclenchées par les sanctions occidentales. » Selon les chiffres divulgués par le Kremlin, cette politique a pu permettre d’accumuler près de 640 milliards de dollars de réserves d’or et de devise étrangères pour contrer  toutes les sanctions. 

Ceci, sans compter la solidarité interne qui oblige les exportateurs russes à convertir 80% de leurs recettes en devises fortes en roubles et limiter à 10 000 dollars le retrait de leur compte en devises, ce qu’un autre pays européen ou un gouvernorat américain ne pourra instituer même en état de guerre.

 En tout cas, le Conseil mondial de l’énergie vient de tirer la sonnette d’alarme sur une récession éminente dans le monde à cause des produits raffinés qui servent de feedstock dont les « prix deviennent inabordable »            

Rabah Reghis

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