Mardi 4 mai 2021
La revue « El Djeïch » s’en prend aux grévistes et menace
La revue du ministère de la Défense se mêle des grèves et mouvements sociaux qui agitent le pays. La multiplication des mouvements de grève et de protestation observés ces derniers jours sur la scène nationale vise à provoquer la rue et à généraliser le chaos afin de faire échec aux prochaines élections législatives, a estimé la revue El Djeïch dans un article publié dans son dernier numéro.
Bien entendu, il n’y a de problèmes algériens que ceux qu’agite la main de l’étranger pour cette institution. Comme pour les autres d’ailleurs.
« A l’approche de ce rendez-vous important (…), la scène nationale observe un nombre d’évènements suspects qui versent dans leur ensemble dans la tentative d’entraver ce processus démocratique national », est-il écrit dans cet article intitulé « Des grèves fomentées et suspectes: la sécurité nationale, une ligne rouge », analyse la revue militaire.
Fort de sa science de l’actualité, l’auteur a déniché « plusieurs indicateurs » qui « prouvent que ce qui est en train de se produire s’inscrit dans le cadre des tentatives vaines et désespérées de déstabiliser la sécurité nationale, en embrasant la rue, en suscitant la colère du peuple, en poussant à davantage de congestion pour que la situation finisse par exploser, dans l’espoir d’entraver les prochaines échéances électorales ». Rien que ça ! La faute à qui ?Qui est responsable de la paralysie du pays ? De la panne économique ? Certainement pas Tebboune et ses mentors, ni d’ailleurs ce chef de gouvernement incapable de remettre sur rails le moindre secteur.
L’article estime que les législatives prévues le 12 juin « dérangent les opposants au changement et les partisans de la contre-révolution qui ont l’habitude de façonner un Parlement sur mesure, utilisant l’argent sale en vue de bénéficier de l’immunité parlementaire et de la protection de leurs intérêts au lieu de servir le peuple qui les a élu ».
Il a fait, dans ce contexte, deux constats: « le premier est que les opposants au changement ont puisé toutes leurs capacités et espoirs de revenir sur la scène politique », alors que dans le second, il relève « l’exploitation des problèmes professionnels des travailleurs pour cracher leur venin », dénonçant des « méthodes basses ».
L’auteur de cet article croit savoir que « les grèves qui ont poussé comme des champignons, dernièrement, en sont la meilleure preuve ». Pour lui, si les travailleurs réclament leurs droits, cela veut dire qu’ils sont antinationaux et oeuvrent pour l’étranger. Pas de place pour la moindre protestation ! Tous dans les rangs à louer le régime !
Notre grand auteur poursuit ses cogitations : « L’appel d’organiser des manifestations et de mener des grèves dans plusieurs secteurs à la fois, à l’approche des élections, laisse poser plusieurs questions sur le timing de ces grèves et la revendication des droits professionnels légitimes ! », s’est-il interrogé. Bien sûr notre auteur explique doctement que le président de la République a déjà « affirmé la nécessité de remédier aux lacunes enregistrées dans l’ensemble des secteurs, et la nécessité de les traiter progressivement ».
« Tout ceci se déroule à un moment où notre pays est confronté à des menaces criminelles, orchestrées par des mouvements terroristes et racistes ayant déclaré leur haine envers l’Algérie », a-t-il constaté. Tout de suite les gros mots ! Incroyable ! Racistes ? Terroristes ? Un mélange autrement explosif !
Rappelant que « la grève est un droit légitime garanti par la Constitution », tout de même, voilà une trouvaille ! Mieux encore ce droit est même « renforcé par l’avènement de l’Algérie nouvelle qui permet les rassemblements et la manifestation, conformément à l’article 52 ». Voire ! Un article que refuse de respecter les gouvernants puisqu’ils ne respecte pas le droit à la grève ! Des mouvements sociaux pacifiques, rappelons-le. Mais réprimés et vilipendés. Mais ne nous hâtons pas à demander l’impossible puisque, selon l’auteur, « lorsque la pratique de ce droit s’oppose aux intérêts suprêmes de l’Etat ou entrave les intérêts des citoyens se pose la problématique de la légitimité de la pratique de ce droit par la force de la loi ».
Les travailleurs sont priés d’autorité à rejoindre leurs emplois pour ceux qui en ont. Quant aux chômeurs, ils doivent prendre patience.