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La «route migratoire algérienne» vers l’Espagne de plus en plus empruntée

En Espagne, les arrivées massives d’immigrants se poursuivent depuis l’Afrique occidentale vers l’archipel des Canaries. Une actualité qui accapare l’attention des médias, au point de reléguer au second plan une autre route migratoire, moins intense, mais de plus en plus utilisée. Celle des Algériens.

Elle est nommée la « route algérienne » et inquiète les autorités, qui ne savent pas comment l’endiguer. Selon l’ONG Acnur, 10 639 personnes sont arrivées via cette route en 2023, environ 8 000 cette année jusqu’à la fin du mois d’août. Près de 800 Algériens sont arrivés la première semaine de septembre sur les côtes espagnoles à bord de petites embarcations. Des jeunes, des enfants, des femmes… cette voie migratoire touche tous les âges. Jamais l’Algérie n’a connu autant de départs par ce moyen que depuis la fin des manifestations du  Hirak.

Le désespoir créé suite à la reprise en main autoritaire du pays et le manque de perspective politico-économiques sérieuses ont convaincu de milliers d’Algériens que le seul « salut » est l’exil… par tous les moyens.

La route algérienne correspond à l’ensemble des départs d’embarcations illégales depuis l’Algérie, surtout depuis quatre villes principales : Alger, Oran, Mostaganem, Chlef. Les points d’arrivée se trouvent sur la côte est de l’Espagne, à Almeria, ou au sud, jusqu’à Murcie, Alicante voire Ibiza, aux Baléares.

Ces embarcations sont appelées des pateras, elles sont en fibre, avec des moteurs de 40 à 60 chevaux. D’une capacité de dix personnes, elles sont souvent chargées jusqu’à 20. Les migrants paient entre 2 000 et 4 000 euros pour chaque traversée et le double quand les embarcations sont plus rapides, plus puissantes et plus sûres. Elles ne sont pas cependant sans risque de naufrage. 

La route algérienne, qui existe pourtant depuis 2006, est moins connue que celle qui rejoint les Canaries ou celle qui passe par le détroit de Gibraltar.

Depuis sa création, elle n’a pas cessé de gagner en importance et en intensité, puisque les départs de migrants depuis le Maroc sont de plus en plus surveillés par les forces de l’ordre, aussi bien côté marocain qu’espagnol.

En 2023, le leader socialiste Pedro Sanchez s’était retenu d’aller sur la question du Sahara occidental, et il semble qu’il y ait désormais moins de surveillance depuis le littoral algérien. Cela explique la hausse de l’affluence, d’autant que le long de ces côtes espagnoles, on a beaucoup de mal à intercepter les embarcations.

De source policière, on estime que la moitié des migrants arrivent à leur fin incognito. L’autre moitié est recueillie en mer ou bien meurt noyée, car ce point de passage est dangereux.  

Des centaines de morts par an 

Avec les tempêtes, les moteurs qui cassent, les naufrages, on estime que 500 migrants perdent la vie tous les ans. Pourtant, les départs sont à chaque fois plus nombreux. La plupart des migrants sont de jeunes algériens, qui ne sentent ni avenir ni espoir dans leur pays et qui tentent le tout pour le tout.

On dénombre de plus en plus de diplômés et de familles. Comme il n’y a pas d’accord de rapatriement entre l’Espagne et l’Algérie, ils restent sur le territoire espagnol puis rejoignent la France, pour une grande majorité.

De plus en plus de personnes originaires de pays sub-sahariens empruntent également cette voie, en particulier des Maliens, qui fuient les zones de conflit dans leur pays. 

Avec Rfi

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