11 décembre 2024
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La sonnerie aux morts d’un despote

L’animal traqué venait d’être débusqué, prostré au fond d’un trou d’une canalisation, la barbe ancienne, le corps tremblant et le regard empli de terreur. Il avait compris le sort qui lui était réservé, celui qu’il avait destiné aux siens pendant tant d’années. Mouammar Kadhafi venait de clore son long chemin d’horreur avec l’image d’un détritus enfoui dans un trou lugubre.

Puis un autre, un homme totalement tétanisé par la peur qui essaie une dernière tentative du mensonge de l’honneur des fiers sanguinaires. Il venait de lancer un regard aussi menaçant qu’une supplique silencieuse à celui qui allait lui passer la corde au cou.

Cette corde qu’il avait si souvent utilisée pour exécuter ceux qui avaient osé la moindre contestation à son égard. Saddam Hussein venait de connaître la mort par laquelle il avait condamné ses opposants.

Plus tôt dans le temps, les mêmes images avaient déjà donné le spectacle d’une fusillade mortelle contre celui qui se disait l’héritier de la grande Égypte nacérienne. Une dictature militaire se légitimant d’avoir été un David qui avait mis à terre un Goliath incarné par la puissance militaire britannique.

Il avait cru être le nouveau Pharaon, il finira par être enterré sur leur terre, c’est déjà une mort plus digne que les deux autres pour un autre dictateur arabe.

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Nous pourrions évoquer également l’image d’une mise à mort contre un mur dans l’arrière court d’un tribunal, à peine quelques minutes après le jugement. Une scène filmée du terrifiant couple à la tête de la Roumanie, les Ceausescu.

Si l’époux, Nicolae était visiblement tétanisé, par l’épouse nous avions eu le spectacle des tyrans qui croient jusqu’au bout qu’ils sont les « Petits pères du peuple ». Il leur est impossible de croire autre chose.

La Petite mère du peuple, puisqu’elle avait partagé le pouvoir tyrannique de son mari, criait piteusement aux juges, de mémoire « Vous n’avez pas honte, j’ai été votre mère, c’est moi qui vous ai tout donné, je vous ai traités comme mes enfants ! ».

Et nous pourrions en citer beaucoup d’autres si nous ne devions pas retourner à l’actualité concernant le sanguinaire Bachar El Assad, le lion de Damas.

Fils de son père, on aurait dit que cet adolescent bien gâté, instruit de la haute éducation étrangère, voulait expérimenter les facultés de la transmission des gènes humains. Il a été le clone parfait du père que nous avions cru indépassable tant ce dernier avait atteint les sommets de la barbarie.

Commençons donc par le père, premier de la lignée de haut pédigrée. Comme de bien entendu il était un officier militaire. Et voilà que commence l’épisode préliminaire du guide pratique de formation des dictateurs, il participe à un premier coup d’état en 1963 au sein du parti Baas.

Première récompense, il obtient un très haut grade dans l’armée. Mais comme les bonnes choses pour les sympathiques dirigeants arabes doivent continuer, il participe à un second coup d’état en 1966, un an après celui de notre colonel Boumédiene, pour renverser les hauts dirigeants du parti.

Seconde récompense il est nommé ministre de la défense, ce qui ne lui suffit pas. L’ambitieux Iznogoud voulait être Calife à la place du Calife. Contrairement à ce dernier il réussit à l’être par un… troisième coup d’État. Et comme on n’est pas mieux servi que par soi-même, il se nomme Président de la Syrie. Le voilà aux manettes du pays et du puissant parti Baas.

Commence pour lui le délire du pouvoir. Comme tous les tyrans, il proclame un régime socialiste, c’est la meilleure image pour tous les populistes du monde arabe, nous avions eu le nôtre, grand socialiste devant l’éternel.

Il abandonne le projet internationaliste de la nation arabe et lui préfère la politique des alliances comme celle avec l’URSS ou par la proclamation de son soutien aux Palestiniens. Au passage, comme pour la revendication de ces deniers, il annexe une partie du territoire du Liban pour un retour à la mère patrie.  

Assassinats politiques, incarcérations violentes et terreur, il est inutile de décrire ce qu’un monstrueux régime tyrannique possède dans sa panoplie.

Touché par la maladie, la seule opposition qu’un despote ne peut vaincre, il meurt en l’an 2000. Il avait auparavant été victime d’un attentat sans succès. Mais il avait pris soin de placer le fiston à la tête du pays. Le régime devient ainsi héréditaire.   

Le règne du fils Bachar débute, il avait à cœur d’honorer la mémoire de son papa. La série d’horreurs et d’alliances internationales douteuses du père se perpétue. Il réprime dans le sang l’opposition à son pouvoir sans partage.

Devenu le paria du monde, le voilà être l’une des grandes stars de tous les rapports des organisations mondiales de défense des droits de l’Homme y compris celle de l’ONU. Il nous faudrait dix pages de ce journal pour relater les faits d’armes de ce bourreau sanguinaire.

Par une lecture rapide de ce matin de l’annonce de sa chute, un extrait des nombreux comptes rendus auprès de l’ONU. Je l’avais déjà publié dans une réaction faite à chaud précédemment.

« …/… Depuis 2001, plus de 350 000 civils ont perdu la vie. Près de 14 millions de personnes ont été contraintes de fuir. Elles ne peuvent toujours pas rentrer chez elles, sans craindre les violences, les arrestations arbitraires et la torture.

La situation humanitaire continue de se détériorer. 14,6 millions de personnes ont désormais besoin d’aide. Les Européens ont toujours répondu présents, en étant, de loin, les premiers pourvoyeurs d’aide en Syrie depuis 2011. L’insécurité alimentaire s’accroît et la perte des approvisionnements en provenance de l’Ukraine contribuera à aggraver cette situation. »

Voilà ce que sont devenus les grands dirigeants arabes qui avaient cru prendre excuse sur les fantasmes des décolonisations dont ils pensaient qu’ils étaient les grands héros. La France avec Kadhafi, la Grande Bretagne avec le Moyen-Orient.

Quelle est la conséquence de tout ce désastre ? On voit bien qu’en Syrie il est équivalent à tous les régimes tyranniques, au Moyen-Orient comme en Afrique, lorsqu’une dictature en chasse une autre. Entre les islamistes, la mosaïque confessionnelle et le morcellement territorial, l’héritage est lourd.

Le monde arabo-musulman en a hérité mais il en est responsable car pour la gloire et le pouvoir d’un tyran il faut un peuple qui chante ses louanges, un système militaro-policier qui le protège et des corrompus qui n’ont aucun intérêt à sa chute.

Que sera le destin de la Syrie avec des rebelles victorieux qui se proclament de l’islamisme ?

Pour le moment, le tyran est tombé, réjouissons-nous.

Boumediene Sid Lakhdar

3 Commentaires

  1. Vivement les suivants . . . Je ne vois pas d’autre sortie avec la chevre actuelle. Vous autres qui etes en france, pourriez pas apprendre a Macron comment dire « Rooh tekhra ! », comme salutation a son homologue d’Alger?

  2. Quand les dictateurs considèrent que leurs pires ennemis sont leurs peuples, ces mêmes peuples vont rejoindre toute force qui pourra les libèrer du joug de leurs nouveaux colons.
    Il est intéressant de voir le peuple syrien ne pas lever le petit doigt pour essayer de secourir le dictateur Assad.
    En fait le peuple s’est rejoui de voir une force exterieur abattre un régime despote barbare car il n’y aura pas pire.
    Alors tous les dictateurs arabes vont connaitre le même sort.
    C’est juste une question de temps avant que les despotes se fassent trainer comme des betes par les populations.
    Saddam, Gaddai, Assad … Au suivant.

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