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mercredi 3 septembre 2025
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La tapisserie de Bayeux, c’est aussi l’Angleterre !

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Le Président Emmanuel Macron a promis au premier ministre britannique le prêt de l’inestimable tapisserie de Bayeux. Des voix en opposition se sont exprimées comme celles des amoureux de l’art, des experts et des services du ministère de la culture. C’est une question sérieuse et légitime qui est forcément en débat, le risque de détérioration étant assez important.  

Emmanuel Macron souhaitait marquer les retrouvailles de la relation franco-britannique après le Brexit et bien d’autres fâcheries antérieures. Le rapprochement avec l’affaire ukrainienne a lui aussi contribué à la promesse du prêt.

Les très grandes œuvres s’inscrivent souvent dans leur analyse dans la dimension historique, politique et artistique d’une époque. C’est le cas de la tapisserie de Bayeux qu’il est nécessaire d’analyser dans ces trois aspects avant de conclure sur ma position personnelle à propos du prêt.

La tapisserie de Bayeux, une histoire du royaume de France 

La tapisserie de Bayeux est brodée de la chronique de guerre de la bataille d’Hastings. Elle est une source « documentaire » majeure de ce moment historique. L’épopée d’Hasting est connue par tous les collégiens de France et d’Algérie pour ceux qui sont d’une autre époque. Prononcez une date, 1066, et on vous répondra instinctivement, Guillaume le Conquérant et la bataille d’Hastings. Inversez l’ordre des mots et de la date, ce sera le même résultat instantané.

Pourquoi ? Tout simplement parce que la bataille d’Hastings s’est terminée par la victoire du duc de Normandie Guillaume qu’on appellera suite à cette bataille, le conquérant. Comme le duc de Normandie s’est fait couronné roi d’Angleterre, ce pays entrait dans la vassalité du roi de France conformément aux règles de dépendances du lien du suzerain avec son vassal.

C’est un moment historique du royaume de France qui étendait sa présence et sa puissance outre-Manche. On ne peut donc séparer cette histoire de celle du royaume anglais, les souverains des dynasties françaises ont essaimé sur la couronne d’Angleterre parmi les plus grands de la hiérarchie nobiliaire française. Mariages et alliances de sang se sont succédé pour intégrer les deux puissances dans une quasi-unité de pouvoir royal.

Nous dirions quasi-unité car les choses ne se sont pas exactement passées aussi facilement que le laissent penser la rapide conquête du duc de Normandie et l’alliance apparente des dynasties futures.

La tapisserie de Bayeux, mille ans de conflits 

Le lecteur averti ne trouvera certainement pas dans cette chronique une revue historique érudite mais un résumé suffisamment utile pour en arriver à la justification de ma position personnelle dans cette affaire de prêt de la tapisserie de Bayeux entre les deux États.

La conquête de Guillaume le Conquérant n’est pas le point de départ d’une soumission complète, c’est le moins que l’on puisse en dire. Comme je ne peux résumer mille ans de conflits, je rappelle certains épisodes que la mémoire collective a retenus car abondamment traités dans la littérature, le cinéma et les commémorations.

D’abord un florilège de batailles aux noms épiques que l’usage retient dans l’évocation des noms des lieux des champs de batailles. Parmi les plus connues, Crécy, Poitiers, Azincourt, Orléans, Trafalgar et beaucoup d’autres.

C’est aussi le cas des personnages historiques. Ceux en légende comme Ivanhoé, Robin des bois, Thierry le Fronde ou Jeanne d’Arc (que je place dans les légendes) et certains autres. Puis ceux dans le réel historique comme Henry V d’Angleterre ou Bonaparte et également beaucoup d’autres.

La période plus rapprochée avec les conflits entre deux puissances coloniale, Fachoda, la fâcherie avec de Gaulle, les tensions avec Margaret Thatcher et le Brexit (conjointement avec l’Europe), etc.

La tapisserie de Bayeux, l’art sublimé

Commençons par un point qu’on m’explique depuis des décennies et que mon indécrottable incompétence en ce domaine me fait oublier ? La Tapisserie de Bayeux est en fait une broderie, terme technique qui lui est attribué.

Il y a débat sur la personne qui avait commandé la broderie. L’hypothèse la plus retenue est celle de l’évêque Odon de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant pour orner la cathédrale. Et qu’est-ce que les historiens nous disent ? Qu’elle  a été brodée en Angleterre par des moines et artisans anglo-saxons. Gardons ce point pour le rajouter aux autres qui fondent ma position personnelle.

Elle représente une fresque en broderie de 70 mètres, ce qui est considérable. Le travail des artisans est d’une parfaite exécution. Plus de cinquante scènes y sont reproduites pour reconstituer la bataille d’Hastings. 

Exposée pendant des siècles avec un traitement de conservation dont on peut se rendre compte de l’exploit pour un matériau qui est très loin d’avoir la même solidité à travers le temps que les statues ou les édifices. 

Elle fut sauvée après sa mise en danger de destruction pendant la révolution française (qui a été un désastre pour tout ce qui représente les symboles de la royauté. Heureusement que l’essentiel a été préservé). La broderie de Bayeux a été classée par l’UNESCO en « Mémoire du monde ». 

Ma position personnelle 

Elle sera exposée en quelques points rapides qui la justifient sans ordre d’importance.

Les œuvres d’art sont depuis longtemps prêtées à travers le monde. Elles ont circulé sans qu’il y ait eu de catastrophes majeures. La Joconde aux Etats-Unis, la collection du Louvre à Abou Dhabi et l’exposition Toutânkkhamon permise par l’Egypte ainsi que bien d’autres.

Le Metropolitain Museum of Art (le Met) ainsi que le British Museum, Le Louvre et d’autres musées prestigieux ont notamment organisés de très nombreuses expositions dotées d’œuvres prêtées.

Et ne nous fâchons pas, combien d’œuvres ont été pillées par le fait colonial ? Et la tapisserie de Bayeux (pardon, la broderie) serait exempte de ce grand mouvement de l’universalisation des œuvres prestigieuses ? 

Elles n’ont pas pris et prennent encore, elles aussi, de très grands risques de déplacement ? Pourquoi ne serait-il pas le cas pour la broderie de Bayeux ?

_ Les deux points qui découlent de la présentation antérieure dans l’article : la broderie de Bayeux est non seulement la reproduction d’une bataille sur le sol anglais qui a permis au royaume de France d’étendre son territoire de sa puissance. Puis encore, n’est-ce pas le témoignage de la très grande compétence d’artisans anglo-saxons ?

_ La Joconde avait été prêtée sur la demande et par l’aval du Président Charles de Gaulle. Celui-ci voulait honorer le souvenir de tant de soldats américains morts sur le sol français. La France avait antérieurement offert la statue de la liberté en reconnaissance de l’alliance avec les fondateurs de l’Amérique indépendante. Elle avait bien voyagé !

Pourquoi Emmanuel Macron serait-il critiqué pour le prêt de la broderie de Bayeux aux Anglais pour la même histoire de sacrifice après que ce pays ait permis à de Gaulle d’y être exilé et de pouvoir organiser l’armée de la résistance ?

J’espère avoir convaincu de ma position, bien d’autres points auraient pu s’y rajouter. Pour conclure, je ferai un honteux aveu. Je n’ai jamais été voir la broderie de Bayeux. Aucune excuse pour celui qui vous en a parlé avec exaltation.

Boumediene Sid Lakhdar

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