Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Jacques Chirac lors du IVe sommet de la Terre, en 2002.
Décidément, on ne sortira jamais de ces débats de société dans lesquels les politiques ne cessent de plonger la société pour mieux la détourner d’un quotidien de plus en plus féroce et des problèmes de plus en plus nombreux.
Autant le débat sur le port de la burqa, en son temps, pouvait se justifier, ne serait-ce que par le fait de la dissimulation du visage, faisant de celles qui le portent de véritables fantômes méconnaissables – allez donc savoir si c’est un homme ou une femme qui se recouvre ainsi de la tête aux pieds avec tous les dangers que cela implique – autant la polémique sur l’abaya représente une diversion des plus grotesques.
Inutile de reprendre toutes les réactions liées à ce brouillamini vestimentaire. Mais quand le ministre de l’Éducation nationale annonce une interdiction généralisée de cette robe traditionnelle du Moyen-Orient portée par des élèves musulmanes, alors que seules les tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse sont pour l’instant proscrites, il y a de quoi péter tous les câbles qui relient les trois derniers neurones qui circulent encore dans la caboche.
Quant au niveau scolaire qui ne cesse de baisser à une allure vertigineuse pourquoi s’en préoccuper pardi ?
Des comparaisons récentes entre l’élève d’hier et celui d’aujourd’hui révèlent que de nos jours, de nombreux bacheliers n’ont pas le niveau du Certificat d’études primaires de l’époque et que s’ils venaient à passer cet examen qui conclue le cycle primaire, ils y échoueraient lamentablement.
Mais pourquoi se préoccuper du niveau de nos chérubins pardi quand l’objectif est d’en faire de futurs robots obéissants à toutes sortes de boutons téléguidés ? Et, pourquoi saturer leurs caboches de connaissances inutiles quand tout est la portée d’un clique et que El Hadj Google est là pour combler toutes sortes de lacunes ?
Que ce soit en maths ou en français nos élèves ont de plus en plus de mal à s’accrocher. Un état des lieux bien résumé et décrypté par le journal l’Étudiant du 17 avril 2023 (*) :
« Niveau d’orthographe, de syntaxe et de culture générale en chute libre, difficultés à articuler des idées, à comprendre et à synthétiser des textes… Les enseignants sont unanimes : les 15-25 ans font globalement montre de compétences en français de plus en plus faibles. La baisse du niveau en français trouve ses racines dans une pluralité de facteurs, tant sociologiques que conjoncturels, structurels et politiques. »
Face à ce constat amer, a-t-on assisté à des débats sérieux et constructifs sur le sujet épineux de l’éducation ? Et que nenni ! Cela faisant, c’est tout l’édifice politique, de plus en plus faible aussi qui serait mis à nu.
Pour des raisons évidentes, interdire la burqa on ne peut qu’y souscrire, mais s’en référer au conseil d’État pour statuer sur la « hallalité » ou non de l’abaya c’est ni plus ni moins une diversion insensée qui occulte les débats de fond.
Ma pauvre France !
Kacem Madani